Il y a une semaine, jour pour jour, commençait à l’hémicycle du Parlement malien une série d’adresses de hautes personnalités étrangères au peuple malien. Elle s’est achevée vendredi, après-midi, par celle du Président du Parlement Européen, un invité de l’Assemblée Nationale du Mali. M. Joseph Borel – dont le séjour au Mali a été marqué par un long périple à l’intérieur du pays hôte – a profité de la tribune de l’AN pour attirer l’attention des élus et responsables maliens sur le drame que connaît le continent africain.
Données statistiques à l’appui, il a en effet insisté sur un niveau de pauvreté qui défie manifestement les Objectifs du Millénaire, en terme d’éducation, de santé, de sauvegarde de l’environnement, etc. Et M. Borel Fontelles de comparer la tragédie de l’Afrique à «un silencieux tsunami » que pourrait du reste aggraver le caractère irrésistible du réchauffement climatique et de certaines maladies endémiques. La recette, aux yeux du Président du Parlement européen, c’est de faire beaucoup plus et mieux à l’Afrique. A l’instar de l’Union européenne qui consacre 0,56% de son PNB à l’aide au développement, et plus d’attention à l’efficacité de son apport par l’observation des règles de bonne gouvernance. L’Hôte de Ibrahim Boubacar Keïta se réjouit par ailleurs des avancées considérables du continent dans les domaines de la paix et de la sécurité, même s’il ne dispose de recette à la mondialisation qu’une capacité d’adaptation.
Auparavant, le passage d’une autre personnalité tout aussi importante a fait vibrer l’hémicycle malien. Il s’agit de la Gouverneure Générale du Canada. Le passage de Très Honorable Michäel Jean devant les parlementaires et le peuple maliens devait inspirer au présidnt de l’Assemblée nationale, Ibrahim Boubacar Keïta, des propos si excessivement élogieux et laudateurs au point de provoquer une émotion dans toute la salle. IBK n’a daigné faire l’économie d’une tendance à la stigmatisation hors de saison, consistant notamment à faire allusion par trop à la différence raciale de l’ancienne présentatrice de la télévision canadienne. « D’être femme ne suffit toujours pas pour être appelé à un destin hors pairs mais être femme et noire ne suffit plus pour être écartée quand le talent et la compétence se conjuguent avec un rare bonheur », a-t-il déclaré. Quoi de plus normal pour qui connaît le Président de l’Assemblée Nationale, dont le caractère impulsif se traduit souvent par une rare inspiration verbale.
C’était le cas, par exemple, lors du vote de la Loi sur le Vérificateur Général où IBK s’était illustré par cette formule aphoristique très célèbre : « j’ai voté oui par loyauté, j’aurai pu voter non par dignité ». Et voilà que le même IBK s’emportent par les mêmes allures euphoriques au point de déclarer son adhésion par conviction à l’Institution du Vérificateur général au Mali. Plein d’incohérence, il a effet honoré la présent au Parlement de la Très Honorable Michäel Jean par la déclaration ci-après : «Réputé par l’exceptionnelle transparence de sa gouvernance, votre pays nous a inspiré la mise en place d’un Bureau du Vérificateur Général. La Lutte contre la corruption que nous considérons comme un fléau particulièrement insupportable pour nos fragiles économies, exigeait que dans ce domaine, nous essayions un système qui a fait ses preuves au service d’une grande et convaincante démocratie ». Abjuration ou complaisance excessive ?
A.Keïta
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