Après la découverte d’un manque à gagner de 388 milliards pour le Trésor public :\C’est la volonté politique qui manque. Sinon on a tous les moyens d’assainir les finances publiques” dixit Sidi Sosso Diarra

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Si ce n’est pas encore la catastrophe l’on n’en est certainement pas loin. Car, le cheval galopant de la corruption dans notre pays ne rencontre qu’une volonté politique mièvre qui a plutôt tendance à cultiver l’impunité voire l’irresponsabilité face au désastre qui se profile à l’horizon. En effet, le trou qui se creuse chaque jour dans les caisses de l’Etat, suite à la corruption, aux détournements des deniers publics, ne fait que s’agrandir de jour en jour. Avec seulement 79 entités contrôlées, de 2004 à 2010, le Vérificateur Général, Sidi Sosso Diarra, est arrivé à une découverte macabre : les caisses de l’Etat saignent avec un trou béant de 388, 09 milliards F CFA de manque à gagner. Pire, les coupables de cette gabegie inqualifiable dans un pays pauvre comme le nôtre sont, pour l’écrasante  majorité, libres de leurs mouvements et sans souci comme le poisson dans l’eau. Si c’est la volonté politique qui manque, comme l’a dit le Vérificateur général lors de sa conférence de presse le samedi dernier, cela voudrait tout simplement dire que le pays est encore loin de voir le bout du tunnel. Dans sa lutte contre la corruption. Si lutte il y a.

En se demande pourquoi le Gouvernement a honte de la gestion qu’il fait des ressources publiques jusqu’à décider de la tenue d’une conférence de presse en vue de  démonter le Rapport 2009 du Vérificateur Général devant des hommes et des femmes de médias médusés. En effet, la conférence que les ministres Marahafa Traoré, chargé de la Justice, et Lassine Bouaré, chargé du Budget, ont animée le 10 février dernier a été comme l’histoire de l’arroseur arrosé. S’il existait un institut de sondage digne de ce nom dans notre pays, ces deux ministres, porte-paroles malheureux d’une équipe en difficulté face à son opinion publique,  allaient se retrouver, le jour de leur sortie médiatique, au plus bas du tableau de la performance. Dans notre pays, le peuple voit comment les princes du jour se complaisent dans la dilapidation des ressources de l’Etat, dans la gabegie et dans la corruption. Tout récemment, la presse avait révélé au grand jour le train de vie princier d’un ministre de la République qui avait mis une dizaine de véhicules de l’Etat à la disposition des membres de sa famille. Cela n’a jamais été démenti. Même si le ministre en question a été, sous la pression du Fonds mondial, chassé du gouvernement le 5 décembre 2010, la gabegie demeure. Ce dernier n’a jamais été inquiété et il s’était même offert quelques vacances dans des pays d’Afrique du nord avant de regagner en catimini le bercail, il y a de cela quelques jours. Ainsi va le Mali d’aujourd’hui : quand le peuple trime, les prédateurs trinquent. 

Comme a eu à le dire Sidi Sosso Diarra lui-même, c’est " la volonté politique qui manque. Sinon on a tous les moyens d’assainir les finances publiques ". Surtout que tous les auteurs ou présumés auteurs de tous les cas de détournements de deniers publics sont connus. Il reste seulement à leur mettre le grappin dessus. Au lieu de cela, le Gouvernement de la République se fait plaisir en tenant une conférence de presse, le 10 février dernier, pour vilipender le Rapport 2009 du Bureau du Vérificateur général. Alors que les faits qui incriminent la gestion calamiteuse des finances de l’Etat sont là, têtus : d’après le Vérificateur général, 400 millions F CFA ont été débloqués pour le creusement de puits au nord du pays. Ces puits n’ont jamais vu le jour ! Et c’est le ministère de l’Equipement et des Transports qui est indexé dans cette affaire. Un autre exemple, selon Sidi Sosso Diarra, chaque année, l’Etat et ses partenaires mettent des milliards F CFA dans la confection de manuels scolaires qui ne quittent même pas l’imprimerie. Pour cette raison, au lieu que chaque élève ait son livre, ils sont trois à se partager un seul livre. Les détournements de fonds, la corruption et la mauvaise gestion des finances publiques sont, aux dires du Vérificateur général, persistantes au niveau des départements de la Santé et de l’Education. Et cela en dépit des recommandations faites par le Bureau du Vérificateur général à ces différents ministères dans le sens de la bonne gestion des ressources financières. 

Pour Sidi Sosso Diarra, " aux grands maux il faut les grands remèdes ". Mais il faudrait aussi pour cela qu’il y ait de grands médecins courageux et dévoués pour la défense de l’intérêt public. Ce sont précisément, dans notre démocratie, ces toubibs qui manquent le plus. En tout cas pas au niveau où ceux-ci devraient se trouver. Alors que, selon toujours le Vérificateur général, " tout le monde est conscient de l’ampleur de la fraude au Mali ". Face à l’épée de Damoclès qui plane sur sa tête, Sidi Sosso Diarra rassure : " Même si l’on me promet la chaise électrique, je ferai mon boulot ". Rappelons, qu’au cours de sa conférence de presse, il a révélé avoir été déjà entendu durant neuf heures d’horloge par le Procureur. Trois plaintes le concernant étant déjà au niveau de la justice. L’intéressé dit avoir foi en la justice de son pays qui, il espère, dira le droit.

Selon Sidi Sosso Diarra, les 388, 09 milliards F CFA de manque à gagner sont d’ailleurs très loin de la réalité. Car ce trou n’est que le résultat de 102 vérifications financières opérées dans 79 entités seulement sur la période allant de 2004 à 2010. Pour le Vérificateur général, c’est le fait d’afficher ce manque à gagner qui range le gouvernement. Car, avec un tel montant d’argent public détourné dans un pays où même les travailleurs tirent le diable par la queue, cela fait apparaître le Mali comme l’un des Etats les plus corrompus du monde. Si cela dérange le gouvernement, la solution qui lui reste, c’est de lutter de manière concrète contre le fléau. Afin d’éviter que le pays n’aille à-vau l’eau. Car, comme l’a si bien dit le bouillant député Oumar Mariko, " ces manques à gagner appartiennent au peuple ". Il n’y a donc pas de raison que ce même peuple ne les réclame pas, un jour au l’autre, auprès de ceux qui les ont utilisés à des fins d’enrichissement personnel.

Bruno D SEGBDJI

 

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