3ème évaluation de politiques publiques du BVG : PRODEFPE : 47% des bénéficiaires sondés ont été insérés mais l’accompagnement

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Le Bureau du Vérificateur général (BVG) a évalué le Programme décennal de développement de la formation professionnelle pour l’emploi (PRODEFPE) 2015-2024.

Pour rappel, l’évaluation de politique publique se définit comme une appréciation systématique et objective d’une politique, en cours ou terminée, de sa conception, de sa mise en œuvre et de ses résultats, dans le but de déterminer sa pertinence et le degré d’accomplissement de ses objectifs, son efficience en matière de développement, son efficacité, son impact et sa durabilité.

Le Prodefpe demeure l’un des grands projets dans le domaine des ressources humaines que les autorités maliennes ont décidé de relancer dans des conditions compatibles avec les enjeux du moment et les défis à venir. Il est dédié à l’opérationnalisation de la Politique nationale de formation professionnelle. Pour son évaluation, huit (8) questions ont été formulées en lien avec sept (7) critères à savoir : la pertinence, la cohérence, l’équité/genre, la gouvernance, l’efficacité, l’efficience opérationnelle et les effets.

Pertinence

À travers ce critère, la mission a questionné le dispositif prévu par le Programme afin de donner aux activités des effets durables à travers notamment des mécanismes d’accompagnement des bénéficiaires, pour une meilleure insertion professionnelle. Les bénéficiaires ont majoritairement affirmé ne bénéficier d’aucun accompagnement post-formation de la part des acteurs de mise en œuvre du programme.

La pertinence de l’intervention est donc limitée, en ce sens que la plupart des formations reçues ne débouchent pas sur un emploi, faute d’accompagnement. Ainsi, 71% des bénéficiaires ont déclaré n’avoir pas eu d’accompagnement post-formation.

Cohérence 

La cohérence interne est un critère qui vise à s’assurer que les actions, activités, objectifs d’une même intervention publique sont complémentaires et permettent l’atteinte des résultats escomptés. En termes de cohérence externe, la mission d’évaluation s’est intéressée à l’articulation entre le Prodefpe et d’autres interventions publiques touchant la problématique de l’emploi et de la formation professionnelle.

La mission a constaté que, globalement, il existe une cohérence entre le Prodefpe et les autres politiques sectorielles comme le CREDD, la LOA et le DCPND. Toutefois, la cohérence entre le Prodefpe et le PRODEC 2 pose problème. Plusieurs schémas directeurs régionaux de formation professionnelle et technique de quelques Conseils régionaux ne prennent pas suffisamment en compte certaines priorités du Prodefpe comme l’équité/genre ou la communication autour de l’intervention.

Équité/Genre

Le critère de l’équité/genre vise à s’assurer que la mise en œuvre du Prodefpe a garanti une égalité de chances à l’ensemble des bénéficiaires potentiels de l’intervention. La mission s’est posé la question de savoir si la sélection des bénéficiaires se fait de manière équitable. En réponse, elle est parvenue à la conclusion que 67% des bénéficiaires ont trouvé les critères très justes ou justes. Quant aux femmes, elles sont prises en compte par le programme.

Gouvernance

Le critère de la gouvernance conduit à s’intéresser au fonctionnement des organes, au rôle et aux responsabilités des acteurs chargés de la mise en œuvre du Prodefpe.  La mission a établi que le Prodefpe a souffert d’un déficit de portage politique au niveau stratégique avec le cadre partenarial d’orientation et de suivi de l’emploi et de la formation professionnelle qui ne tient pas toutes ses sessions réglementaires.

Aussi, les activités opérationnelles peinent à s’exécuter à cause de l’insuffisance des ressources financières et matérielles et de la faible qualification des ressources humaines. En revanche, l’existence des Cadres régionaux de gestion partenariale de la formation professionnelle et technique pour l’emploi a été saluée par l’ensemble des acteurs comme une bonne pratique à étendre à toutes les Régions du pays.

Efficacité 

Le cadre d’apprentissage dans les centres de formation professionnelle permet-il d’assurer une formation de qualité ? Le cadre d’apprentissage au sein des centres de formation professionnelle permet d’assurer globalement une formation de qualité. Les dispositifs théoriques et pratiques de formation offrent aux apprenants des compétences en adéquation avec les objectifs du Prodefpe, notamment les filières porteuses. En revanche, un déficit de qualification des formateurs a été signalé dans certains centres publics de formation professionnelle.

Efficience opérationnelle

Elle interroge la mobilisation des ressources financières et leur mise à la disposition des acteurs, afin d’exécuter les activités planifiées. Il s’agissait de savoir si le mode de financement du Prodefpe a favorisé la réalisation des activités prévues.

Le Prodefpe a été lancé avec un gap de financement représentant 62% de ses coûts globaux. Pendant l’exécution, il a été établi que les ressources financières allouées aux acteurs sont insuffisantes et ne permettent pas la mise en œuvre des activités planifiées. Aussi, un retard chronique a été constaté dans la mobilisation et la mise à disposition des fonds.

Effets 

Le critère des effets s’intéresse aux résultats produits par l’intervention. La mission a posé la question suivante : le Prodefpe a-t-il permis une meilleure insertion professionnelle des bénéficiaires ?

Le Prodefpe a effectivement eu des effets positifs sur l’employabilité des bénéficiaires à travers le renforcement de leurs capacités. Les formations professionnelles ont ainsi permis à plusieurs bénéficiaires d’être professionnellement insérés dans des métiers porteurs, contribuant ainsi à la croissance économique. Ainsi, 47% des bénéficiaires ont été insérés parmi lesquels certains ont pu s’installer à leur propre compte.

CCOM/BVG

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