Le parti de la poignée de mains ne vit plus de jours tranquilles. La discorde y a élu domicile et la sagesse est ce qui manque le plus chez les ténors de la chapelle.
Tout a commencé en juillet dernier quand l’ancien Premier ministre, Boubou Cissé, est entré dans le parti par effraction à la faveur de la conférence de section de Djenné où il s’est fait admettre comme secrétaire chargé des questions économiques. Mais la réalité est au-delà. Toute l’histoire a trait au positionnement politique pour la candidature de l’URD à la prochaine élection présidentielle. En l’absence de feu Soumaïla Cissé, les convoitises ont pris l’allure de pugilat entre prétendants en mal popularité et d’assises solides ailleurs. Le dernier et ancien chef de gouvernement de l’ère IBK est le prototype même de l’opportuniste accouru dans l’URD. Il y est arrivé sans atout aucun, du moins avec l’unique atout de l’argent qu’il a à profusion, butin amassé dans l’exercice du pouvoir et qui sent le sang sucé du peuple.
Quand l’argent sale fait irruption dans la sphère politique, la morale s’y retire, c’est bien connu. Ce que l’URD n’avait jamais connu comme déchirements internes notamment est désormais son quotidien. Des manœuvres en branle du fait de membres stipendiés pour provoquer des turbulences d’où Boubou Cissé sortirait seul indemne ne s’arrêtent plus. Convaincu du coup fourré, le chef du parti, premier vice-président en titre, Pr. Salikou Sanogo, avait pourtant bien saisi l’occasion de la fausse désignation de Boubou Cissé comme citoyen d’honneur de Mopti pour sonner l’alerte. S’adressant en effet aux responsables et militants, il avait dit haut et fort : “C’est l’occasion de vous informer qu’à l’URD, les textes du parti encadrent parfaitement la procédure de désignation du candidat aux élections présidentielles, et qu’à cet instant précis, ce processus n’a pas encore été enclenché. À son temps, le Bureau exécutif national prendra les dispositions à cet effet”.
Mais cette mise au point à l’occasion de la conférence régionale de la Fédération URD de Mopti le samedi 07 août 2021, n’aura été entendue que par des oreilles rebelles. Le travail de sape pour imposer Boubou Cissé comme le candidat du parti continue nuit et jour. Des pétitionnaires se lâchent pour obtenir la tenue rapide d’une conférence nationale extraordinaire aux fins de désigner le candidat du parti. Les pétitions sont acheminées par des courants d’argent. Au même moment, la famille de Soumaïla Cissé, son épouse éplorée surtout se retrouve dans la tourmente, est prise d’assaut. Des combines montent des candidatures de diversion et les débats sont si virulents que rien de bon ne peut être présagé.
Le pauvre Pr. Salikou Sanogo en est réduit à émettre des invitations à la sagesse pour que l’agenda du parti ne soit pas contrarié et que la cohésion et l’unité soient préservées. Peine perdue apparemment, les “Boubouistes” ne veulent rien entendre. Mais sont-ils conscients qu’ils sont en train de préparer le lit de celui-là qui fait partie de ceux qui ont été incapable d’obtenir la libération de Soumaïla Cissé en mars 2020 ? N’eût été l’engagement des autorités de la transition, il serait mort avant sa libération.
Nouhoum DICKO
URD
Igor appelle à la retenue
La formation politique du regretté Soumaïla Cissé, l’URD est plus que jamais ébranlée par des guerres de position depuis l’adhésion de l’ancien premier ministre, Boubou Cissé dans la section de Djenné. Face à cette bataille interne à l’issue incertaine, l’un des vices- présidents, Mamadou Igor Diarra qui incarne les valeurs politiques du père fondateur du parti, se démarque du forcing et invite les cadres et militants à la cohésion pour mieux aborder les élections présidentielles de 2022.
Les frondeurs et autres initiateurs d’une pétition pour exiger la tenue d’une conférence nationale extraordinaire du parti URD viennent de donner raison à votre hebdomadaire préféré ‘’L’ALERTE’’. En effet, dans sa parution du mardi 6 juillet 2021 avait prédit le risque d’une implosion du parti. Il a été titré : ‘’L’URD entre gagner et imploser’’. Et si rien n’est fait, le chaos sera inévitable puisque les démons de la division sont à l’œuvre et auront certainement raison des détenteurs des ambitions démesurées. Déjà, les compagnons de Soumaila Cissé et des membres fondateurs du parti assistent impuissamment à un duel fratricide entre les deux camps pour le contrôle du parti dans le seul but de donner un vrai contenu aux ambitions présidentielles. Il s’agit du camp de Me Demba Traoré et celui de Boubou Cissé.
Si le premier revendique l’héritage de Soumaïla Cissé, le second bénéficie du soutien de certains cadres du parti qui sont aujourd’hui les porteurs de la pétition pour une conférence nationale extraordinaire. Cette fronde est dirigée par Gouagnon Coulibaly et Amadou Cissé dit Djadjiri avec la bénédiction de l’ancien premier ministre d’IBK. Ils justifient la démarche par la présence du Pr Salikou Sanogo à la tête du parti sur assurer l’intérim. Ils estiment que ce dernier ne dispose nullement la capacité nécessaire pour bien gérer le parti et le soupçonnent également d’être un homme de main de Me Demba Traoré et même de la famille de Soumaïla Cissé qui ne serait pas favorable à la carte Boubou Cissé.
Face à ses accusations sans fondement, la réponse du camp adverse ne s’est pas fait attendre. Les partisans de Me Demba Traoré estiment que les porteurs de la pétition ne sont que des marionnettes au service de Boubou Cissé. « Ceux qui se battent pour la conférence nationale extraordinaire ont un agenda caché. Ils veulent nous imposer l’ancien premier ministre Boubou Cissé comme le candidat de l’URD. Une insulte à la mémoire de Soumaila Cissé qui s’est battu contre un régime dont Boubou Cissé était une des figures de proue. L’URD ne peut pas faire de Boubou Cissé son candidat au risque d’avoir toutes les forces sociopolitiques contre le parti. Les partisans de la conférence extraordinaire font un procès d’intention à Salikou Sanogo, qui est la caution morale du parti et neutre dans le combat pour le choix du candidat à la présidentielle dans la mesure où le parti dispose des principes de désignation de son candidat », c’est en ces termes qu’un cadre de l’URD nous a fait cette confidence après la réunion d’urgence du bureau national du parti tenue le 21 août 2021, au Cres de Badalabougou.
Alors que les deux camps se donnent en spectacle dans les journaux et sur les réseaux sociaux, Mamadou Igor Diarra, actuellement vice-président et très certainement le futur candidat de l’URD, opte pour le consensus, la cohésion et l’unité pour faire gagner le parti de la poignée des mains à la présidentielle. Comme pour dire aux protagonistes du jour de revoir les positions pour trouver le juste milieu. Selon lui, aucune victoire n’est envisageable dans la division. « Seul un large consensus peut conduire la grande famille de l’URD à trouver la solution. Cela est un devoir non seulement pour les cadres du parti mais également pour toutes les personnes qui partagent la vision du père fondateur de ce grand rassemblement politique. Nul n’a intérêt à ce que le parti soit divisé. Que tous les militants et cadres aient leurs places en son sein pour préserver les acquis du parti et mettre en œuvre son programme. La solution pourrait être une conférence nationale tout court en lieu et place de celle extraordinaire qui divise déjà et cela pour permettre de corriger les nombreux dysfonctionnements et pourvoir les postes vacants si nécessaires », a conseillé Mamadou Igor Diarra.
Espérons que ce cri de cœur de Mamadou Igor Diarra permettra aux deux camps d’aller à l’apaisement. En tout cas, avant la tenue de la réunion d’urgence le samedi dernier la pétition de la déstabilisation avait obtenu plus d’une centaine de signature des membres du bureau national. Selon les conclusions de la rencontre du 21 août 2021, une conférence ordinaire statutaire se tiendra le 23 octobre prochain.
Pour la désignation du candidat du parti pour l’élection présidentielle, le bureau national décide de procéder par l’appel à la candidature. Déjà, dans les coulisses du parti de la poignée de mains, on annonce une dizaine de prétendants dont Madou Diallo, Me Demba Traoré, Adama Coulibaly, Boubou Cissé, Abdoul Wahab Berthé, Mamadou Igor Diarra. Ce dernier incarne aujourd’hui la vision politique de Soumaila Cissé.
Une conclusion non moins importante est sans nul doute la mise place d’une commission pour réfléchir sur les critères de désignation du candidat. Le rapport de ladite commission sera ensuite soumis pour validation du bureau national en tenant compte de la procédure établie par les textes du parti.
Nouhoum DICKO