Le choix de Jeamille Bittar, président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali, de Bakary Togola, président de tous les "paysans" du Mali et de Mamadou Minkoro Traoré, Président de la Chambre des métiers, peut dangereusement faire illusion.
Car pour un militant naïf et peu averti des jeux et enjeux du monde politique, la désignation de l’un des trois pourrait aussitôt amener la majorité des membres de sa corporation à voter pour son parti aux élections présidentielles de 2012. Tout le monde se souvient en commune V de l’échec douloureux et lamentable de Jeamille aux dernières élections législatives. Ceci expliquant cela, ce monsieur qui s’est rapidement enrichi à bien des raisons de croire en sa bonne étoile. Pourquoi ne rêverait-il pas d’être le successeur d’ATT au cas où les partis politiques qu’il a toujours méprisés ne s’entendaient pas au deuxième tour sur un même candidat ? La coalition des partis politiques contre Moussa Mara -qui est enfin revenu sur terre depuis quelques jours seulement—au deuxième tour des mêmes législatives passées reste pourtant la principale leçon à méditer pour tous les opportunistes politiques. De nombreux observateurs de la vie politique ne sont guère surpris de voir le nom de Jeamille à la vice -présidence de cette formation toujours décidé et déterminé à prendre sa revanche pour le cuisant et humiliant revers subi pendant les législatives. En fin calculateur politique, il espère peut -être que sa position au sein de cette formation pourrait l’amener à aller facilement sur une liste commune avec de grandes formations comme l’Adema, l’Urd ou encore le Rpm. Qui peut interdire à Jeamille de rêver ou de croire toujours au père Noël ? "Cet homme qui croit qu’il est le plus intelligent, le plus malin nous trouvera sur son chemin en 2012" martelait, il y a quelques jours, un cadre important de l’Adema, ce grand parti qui ne cache pas sa volonté de puissance de reprendre le pouvoir politique en 2012.
Un autre cadre renchérit : "Je ne sais pas comment le choix d’un Bakary Togola, dont l’élection a même été sujette à controverses, pourrait pousser des milliers de militants vers le PDES. Les paysans sont libres de choisir le parti de leur choix ! A Koumantou dont il est originaire, il n’a jamais réussi à avoir la majorité des paysans avec lui". En effet, lors des dernières élections municipales, la Chambre des métiers de la commune V projetait de soutenir un candidat commun, mais c’est sa base qui a majoritairement refusé cette proposition " donnant ainsi la preuve que ce serait un leurre de croire que le seul nom d’un homme suffit à mobiliser un électorat traditionnellement capricieux et volatile ".
Bacary Camara