Un Jérôme Cahuzac, candidat des Abeilles : Le critère «argent» a fait la différence

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Les sous pour l’Adéma-Pasj sont ce que la guerre est pour le Mandé : ce sont ces sous qui le font et qui le défont. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le choix Dramane Dembélé-Dédé- a surpris, et in Adéma et out. En effet, les 21 critères à l’aide desquels il fallait peser les 19 postulants pour sortir un candidat ne l’imposent nullement (d’ailleurs), ils n’imposent personne. Par exemple, les critères jeune et alternance sont plus favorables à Sékou Diakité qu’à lui.  Et ce dernier le bat à plate couture sur bien d’autres critères : la hiérarchie dans les institutions du parti, l’occupation de fonctions au sommet de l’Etat, être fédérateur, etc.

Dramane Dembélé (au milieu)
Dramane Dembélé (au milieu)

Mais, avec tout çà, c’est son nom qui est sorti du chapeau de la Commission bons offices, qui a croisé le fer avec le Comité exécutif avant de proclamer le nom du bébé. La question est : pourquoi lui ?

Un titre foncier sur la ruche

Notre première hypothèse pour répondre à cette question est que désormais, quelqu’un possède l’Adéma ; le parti a désormais  un propriétaire. Quelqu’un qui possède un titre foncier réel sur la ruche. Un quelqu’un qui n’apparaît pas au sommet le jour, mais qui, a l’instar de Barak Obama, préfère rester dans l’ombre et tirer les ficelles. C’est ce monsieur-il est forcément de sexe masculin-qui a jeté son dévolu sur le petit Dédé : en foulant au pied les critères.

Cette main noire a, aujourd’hui, une vraie autorité sur l’Adéma-un Fantômas que nous finirons par découvrir forcément un jour, car il ne pourra pas se cacher indéfiniment. A noter que cela ne sera pas du tout surprenant que l’on soit surpris de découvrir sa tronche.

L’argent : bonjour l’argent !

Alors, pourquoi le vrai désormais  propriétaire de la Ruche a-t-il jeté son dévolu sur un jeune inconnu du grand public ? Est-ce une volonté d’élaguer l’arbre Adéma pour qu’il pousse plus  vigoureusement (donc miser sur l’avenir) ? Est-ce un Machiavel qui veut faire  un Hiroshima à la Ruche (pour qu’elle meure pour de bon) ? Est-ce une tactique pour favoriser un autre candidat ? Bref, why ?

Notre seconde hypothèse consiste à ne pas amener à  chercher haut, ni bas. L’Adéma est née dans et par l’argent depuis les débuts, elle a vécu par l’argent, régné avec l’argent  et va périr (n’est pas tout ce qui est debout, se couchera un jour) et elle mourra par l’argent.

Parmi les 19 candidats, Dédé est celui qui a plus d’argent ? Sinon, il n’a pas de programme (comme les autres). Le seul programme qu’il a vraiment élaboré, c’est l’argent. Les mauvaises langues soutiennent qu’il a bien mouillé des barbes- dans la Commission bon office, le Comité exécutif et ailleurs-pour mieux les couper. Notre hypothèse est donc que c’est son argent qui a fait la courte échelle à Dramane Dembélé, pour lui permettre de monter sur le dos de ses Tontons Iba, Boubèye, Ousmane Sy, etc, et décrocher le gros lot.

Bon choix cependant ? Oui, si l’avenir était considéré comme important et si le quidam n’était pas Jérôme Cahuzac. Le ministre chirurgien et ex-ministre français près de la gueule de la justice qui a fini par le happer. Il  paraîtrait aussi que Dédé lui aussi traînerait des casseroles.

Sur une corde raide

L’image du parti des Abeilles, après le choix de Dédé comme candidat-et en toute ignorance des textes du parti en la matière-laisse songeur. Que vont faire les vieux caciques largués ? Question angoissante. Iba vient de chez les aveugles (Union malienne des aveugles) et il ne sait pas gagner sa vie autrement que dans l’administration ou dans la politique. Alors, la retraite ? Aller jouer dans une autre court (car, n’on ose pas tenir compte de ce qui se dit dans certains coins).

Mais, revenons à l’Adéma, à Dédé et aux élections de juillet à venir. Nous voyons funambule marcher sur une corde tendue entre Bamako-Coura (immeuble Kassim Tapo) et la colline du pouvoir. Tout le monde a le cou tendu vers le ciel pour le regarder : avec des sentiments différents ! Dédé avance le témoin les mains tendues devant lui. Le peuple Adéma (les sceptiques, les convaincus et les achetés) le souffle coupé net.

S’il réussit, il sera tout. Il sera un héros fêté comme héros ne l’a jamais été. S’il échoue, il sera un gros zéro. Beaucoup, qui auraient pu jurer être son frère de lait, iront voir ailleurs si l’herbe est plus verte. Mais, l’on peut dire que dans les deux cas, le propriétaire, le vrai, ne sera pas déçu. Quand on joue à quitte ou double, c’est qu’on est un joueur et que l’on s’en fout. Car, oser perdre aujourd’hui, c’est osé gagner demain.

Bamadou TALL

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