Jamais la mort n’a été autant banalisée au Mali : 33 enfants morts à la Pouponnière I de Bamako entre août 2010 et février 2011 ; 36 décès (chiffres officiels) et 112 blessés survenus le 21 février 2011 lors du prêche de Chérif Ousmane Madani Haïdara, au Stade Omnisports Modibo Kéita… Si les autorités se sont empressées d’interpeller la présumée responsable de la première hécatombe, elles ne montrent pas les mêmes signes d’empressement quant à la seconde.
Le bilan de la décennie est tout simplement macabre soit plus d’une centaine de morts par suite d’accidents, de négligence coupable et surtout, à cause de l’impunité désormais érigée en règle.
Passons sous silence ces cas d’accidents de la route (Paix aux victimes !). Il s’agit surtout de ces tragédies du fait de la négligence des hommes. Parmi celles-ci, figurent le drame de la pouponnière I de Bamako et celui du Stade Omnisports pour 69 décès au total soit 181 victimes en six mois, d’Août 2010 à Février 2011).
Bien entendu, le destin a son mot à dire dans ce décombre funeste. Mais à l’échelle humaine, il importe de situer les responsabilités. C’est bien ce que les pouvoirs publics ont donné l’impression de faire à travers l’interpellation de la Directrice de la Pouponnière, Mme Diallo Aminata Kéita, toujours en détention pour les besoins de l’enquête et nonobstant la volonté manifeste de certains cadres du département (le ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille) d’étouffer l’affaire.
L’on est tenté de lever le chapeau à ces braves autorités pour leur sens de la responsabilité et du devoir. Mais l’on se reprend immédiatement en mémoire des martyrs du Stade Omnisports.
Ici, au lendemain de la tragédie, soit le 22 Février 2011, une commission d’enquête a été mise sur pied. Elle est encore dirigée par le Directeur régional de la Police du District de Bamako, le Contrôleur Général Lassana Sanogo et le Commissaire du 3ème Arrondissement, le Contrôleur Général Sow.
22 Février – 22 Juin ! Cinq mois après le drame, ladite commission n’a pas encore présenté son rapport. Aucune interpellation, non plus !
Selon le président de la République, «l’enquête suit son cours». Bien évidemment, elle suit son cours, comme celles relatives aux cas de lutte contre la corruption et la délinquance financière au Mali ! Entendant qu’elle aboutisse du vivant des contemporains, les maliens semblent avoir plusieurs fois entendu cette litanie présidentielle… Il faudra peut-être faire appel au Fonds Mondial pour qu’un coupable soit enfin identifié et interpellé par la justice…
En clair, les enquêteurs ont été pour le moins très prompts à réagir dans l’affaire de la pouponnière ! Mais serait-ce parce que le suspect est une femme, à savoir, une cible facile ?
On notera, en tout état de cause, que les victimes de part et d’autres, au Stade Omnisports et à la pouponnière restent majoritairement des enfants. Celles du Stade Omnisports, de leurs tombes nous observent !
B. Diarrassouba