Trêve de bavardage au sommet de l’Etat : Nous avons mieux à faire

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Nos dirigeants  n’arrêtent plus de se congratuler.  Ils s’arrogent même des médailles. Le 29 décembre dernier,  ATT a reçu sa part de médaille.  Le ministre El Moctar aussi.  L’autre jour le Gouverneur Bréhima Féfé Koné. Bientôt, ce sera le tour du même ATT. Après demain, peut-être le tour du Premier ministre ou du président de l’Assemblée nationale. Qui sait ? D’autant que nos Famaw semblent désormais  s’y complaire. Ne jouons pas au « hasigiya ». Souhaitons-leur bonne chance. Pour d’autres médailles. Plus méritées. Et, surtout, disons-leur « toutes nos vives félicitations ! ».


Mais la République brûle. Pas que dans son septentrion qui mérite d’ailleurs une attention toute particulière. Un peu partout au Mali, ça brûle. La crampe à l’estomac, les pauvres se démènent. Comme de beaux diables. Chacun dans son domaine d’activités. Et partout où il se trouve. Au même moment, d’autres, qui sont tout sauf pauvres, s’accaparent des fruits de leur travail. Au vu et au su de tous. Après quoi le président de la République va se mettre à louer le peuple. A louer son sens de la persévérance : « La persévérance est une qualité que nous démontrons chaque jour dans l’édification du Mali moderne ».

Seulement, ce Mali moderne, nous avons beau le chercher, nous ne le trouvons guère. A moins que le Mali moderne ne se limite aux nouvelles infrastructures de Bamako et dans nos capitales régionales. Parce qu’à vrai dire « le Mali moderne » commence à Bamako. Et il s’arrête à nos capitales régionales. A 70 Km de Bamako, on ne peut plus parler de développement. Le même constat est valable pour nos capitales régionales et leurs environs. La plupart du temps d’ailleurs, à moins de 30 Km de nos capitales, toute trace de modernité disparaît. Et ça, c’est au plan apparence. Simplement. Plus on va en profondeur de ce qu’il convient d’appeler modernité, plus la déception est grande.

Non, Monsieur le Président ! Nous restons dans « l’espérance, la confiance et la persévérance » dont vous demandez l’appropriation. Mais nous allons un peu plus loin. Au-delà de vos belles rimes : es-pé-ran-ce, con-fi-an-ce, per-sé-vé-ran-ce. Et au-delà, il n’y a rien. Effectivement rien.

Et, il ne faut pas se leurrer. Il n’y aura rien. Parce que la modernité, ce n’est pas que des infrastructures. Ni même des belles rimes d’ailleurs. Sinon, on a un semblant de modernité. Un semblant de Mali moderne qui n’arrange que les grands. Et les petits ne se sacrifient pas à longueur de journée pour cela. Loin de là. Et là, trêve de bavardage au sommet de l’Etat. Un sommet de l’Etat qui a mieux à faire. Autrement dit, à moderniser la gouvernance de l’Etat. Voilà la tâche essentielle.

Moderniser la gouvernance de l’Etat

Véritablement. Et cela ne saurait se limiter à des semblants de réformes, administratives ou politiques. La modernisation dont il est question consiste à mettre à jour le fonctionnement même de l’Etat. Un Etat  défaillant. Car qu’est-ce que l’Etat s’il est incapable d’assurer même les besoins vitaux de ses citoyens ? Qu’est-ce que l’Etat s c’est l’armée mauritanienne qui a charge de poursuivre les terroristes d’Aqmi jusqu’à 80 kilomètres de Tombouctou ?

Oui, nous avons confiance. Nous sommes confiants. L’espérance ne nous a jamais fait défaut ; elle ne nous quittera jamais non plus. Comme la persévérance d’ailleurs. Même si on impose davantage de misère, même si notre lit est fait de misère, même si notre vie se passe toujours sur fonds de misère. De grande misère. Dans l’insécurité la plus totale. Avec une hantise sans précédent de manquer du minimum vital. Même demain. Et, ça, justement, est une vie indigne de l’Homme. Même des bêtes féroces.

Cette modernisation de la gouvernance de l’Etat s’avère incontournable aujourd’hui. Car, sans cette modernisation, comment réaliser nos ambitions si tant est que nous avons encore des ambitions ? Parce que le Mali devient méconnaissable. Il faut se le dire. Au-delà des ponts et chaussées. Encore que les Maliens attendent le 3ème pont de Bamako, dont de la généreuse Chine. Il nous faut d’ailleurs un quatrième et un cinquième ponts. Voire plus.

En attendant, la gouvernance de l’Etat. Comme aime à le dire le Président ATT : « Il faut qu’on se pose des questions ». Surtout après  cinquante ans de notre semblant d’indépendance. Quelles sont les règles qui régissent la gouvernance ? Dans nos sociétés et nos entreprises d’Etat ? Dans l’appareil gouvernemental ? A l’Assemblée nationale ? A la présidence de la République ?  Dans nos cours et tribunaux ? Dans l’armée ? Comment adapter ces règles de gouvernance aux exigences nouvelles ? Un Mali, depuis 2009, fort de ses 14 517 176 habitants.  Un Mali qui nage dans le village planétaire Monde. A l’heure des réseaux sociaux comme Facebook, Twitter, Urss, etc.

Espérons seulement que nos dirigeants ne seront pas comme Mme la ministre Pécresse. Encore que Pécresse a la tête sur les épaules. En tout cas, mieux que la plupart de nos gouvernants à la Pdes.

Aujourd’hui, plus que jamais, la révision de nos modes de gouvernance s’impose. Inéluctablement.

Cela dit, il faut le dire, nous sommes au Mali. Nos dirigeants sont toujours prompts à contourner les changements qui s’imposent. Même inéluctables. Et par mille subterfuges dont eux seuls ont le secret et l’art.

Déjà, dans son adresse de l’an 2011 à la nation, le Président passe certaines questions cruciales sous silence.  Parmi ces questions figure celle du Code des personnes et de la famille. En bonne place d’ailleurs. Puisque le Mali, c’est au moins 7 202 744 hommes et 7 314 432 femmes. En d’autres termes, 98 hommes pour 100 femmes. Soit, toujours selon la même source, 50,4% de la population malienne constitués de femmes contre 49,6% pour les hommes.

Vouloir s’amuser avec les droits humains d’au moins 50,4% de la population peut coûter une place, un fauteuil ou un siège.

Mais comme c’est l’ère des PDES, tout passe. Avec toute la sonorisation qui accompagne l’hypnose.

Sauf que l’hypnose ne marque pas la mémoire.

Hawa Diallo

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