Transition politique au Mali: L’adresse ratée de Dioncounda à l’occasion du 26 mars 2013

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Le Président de la transition a délivré son unique adresse du 26 mars à la Nation, lundi dernier. L’unique de sa carrière politique. Le Pr Dioncounda Traoré ne sera raisonnablement plus à Koulouba le 26 mars 2014, tout comme il sera forclos d’âge après le 26 mars 2018, pour prétendre à la magistrature suprême du Mali.

Dioncounda Traoré, président par Intérim
Dioncounda Traoré, président par Intérim

Moment historique donc pour un événement d’allure historique. C’est donc un discours de Jubilé que le Président par intérim a délivré en cette veille de 26 mars 2013. Il faut cependant déplorer que la montagne ait accouché d’une souris. L’espoir des Maliens pour un grand speech, délivré par un dirigeant qui revendique sa proximité avec ses concitoyens, partageant avec eux 22 années de désillusions et d’amertume, s’est finalement noyée dans un style poétique noyauté par la langue de bois et la diplomatie.

Le Président Dioncounda Traoré a rappelé la Feuille de route du processus démocratique enclenché le 26 mars 1991. Ce processus a connu des hauts et des bas. Il mérite d’être parfait, grâce à une meilleure application des règles qui régissent les rapports entre le citoyen et l’Etat. La vigilance doit être particulière en matière électorale, pour éviter à notre pays les conflits fratricides nés de la mauvaise organisation des scrutins.

En 2012, notre troisième expérience d’alternance constitutionnelle, qui aurait été un test concluant de maturité démocratique, s’est terminée dans des conditions qui aboutirent à une crise institutionnelle et sécuritaire sans précédent. Le Président nous convie à tirer la meilleure leçon de ces soubresauts, afin de renforcer le processus de démocratisation et de réussir les élections de juillet prochain.

Somme toute, le parcours du Mali est salutaire, malgré la situation actuelle du pays, en termes de rapport entre l’administration et les citoyens (école, emploi), l’approfondissement et l’ancrage de la décentralisation, le dynamisme de la société civile et l’implication responsable des institutions (Parlement, HCC, CESC, Justice) de la République aux côtés de l’Exécutif. Mais, ajouta-t-il, les défis restent immenses. Il en est ainsi aussi de la décentralisation et la demande sociale. Mars 1991 était un cri du cœur qui demeure retentissant en mars 2013.

Pire, ce cri s’est doublé d’un écho douloureux en ce 26 mars 2013. Le Mali vit, sous un régime d’exception, une situation surréaliste. Il revendique, encore en vain, 2/3 de son territoire, mène une guerre ouverte sur deux fronts, sécessionniste et idéologique. En cette veille du 26 mars, les Maliens sont réduits, eux jadis fiers et altiers, à concéder que leur sort soit décidé, par procurations successives, à Ouagadougou, Addis-Abeba, Paris et New-York.

La veille du 26 mars 2013 marque le réveil brutal et amer d’un peuple auquel on vendit, au prix de son sang, 22 ans plus tôt, la promesse irrévocable de liberté, de promotion de la créativité, de consécration de l’égalité des citoyens devant la justice, de garantie de la transparence dans le choix des dirigeants. En somme, le peuple attendait un discours qui fasse date dans l’histoire, à la mesure de la déception qu’ont incarnée les 22 ans de processus démocratique.

Les gouvernements successifs de la transition post 26 mars, et ceux d’Alpha Oumar Konaré  et d’Amadou Toumani Touré, ont conduit le pays dans l’impasse. Les héros du 26 mars 1991 (Adema, Cnid, Ajdp, Jld, Adide), par leur implication et / où leur passivité, ont érigé en normes de gouvernance toutes les pratiques reprochées au régime de GMT: corruption, népotisme, clientélisme, concussion.

La promotion aux postes de l’administration et de l’armée est devenue tributaire du hasard des naissances et des amitiés claniques (la grande obédience de la Cmdt, l’Etat Aeem). Au sein des forces armées, les budgets dédiés à l’armement ont été détournés, au profit de l’enrichissement de quelques officiers supérieurs corrompus, pour un échange de bons procédés dont on devine aisément le contenu. Ainsi, les capacités des forces armées et de sécurité se sont réduites, expliquant la conduite humiliante de notre armée nationale durant les premiers mois de l’année 2012.

Dans ces conditions, le peuple malien était en attente d’un discours de vérité. Il ne s’agissait pas de précipiter le pays dans le chaos par un discours enflammé, mais d’ouvrir le débat vers la manifestation de la vérité. Il ne s’agissait pas de panser la plaie encore putréfiée, mais d’y planter le couteau et de crever l’abcès. Parce qu’on ne peut ériger les fondements d’une nation sur un tel amoncellement de faux et donc de rancœurs.

Bref, ce n’est pas de perfection qu’a besoin notre démocratie. Il est urgent qu’on marque le pas, en cette veille de 26 mars, pour extirper de nos rangs les coupables de la condition humiliante actuelle de notre pays. Ce peuple n’a pas mérité un tel sort et ce n’est pas «une erreur de Dieu», pour ne pas paraphraser une célèbre réplique de la «Dernière marche» de Tim Robbins.  Alors, qui sont les responsables de la condition historique sans précédent du Mali?

L’allusion au processus de décentralisation, comme l’un des défis ouverts du processus de démocratisation, est une révérence aux partisans du dialogue qui se prépare au Nord. Le Mnla et ses amis en ont pris bonne note. Pour sa part, le Mali estime avoir fait un brillant cheminement en matière de transfert des compétences aux collectivités décentralisées, quoi qu’en pense le Mnla. Par contre, le peuple malien attend, et c’est en cela que le discours du Pr Président est lapidaire, que les institutions dont il magnifie le fonctionnement éclairent l’opinion sur la déconfiture de l’école, avec un instituteur Président et la putréfaction de l’armée, sous un Général Président.

Le discours de Jubilé se devait d’inviter l’institution judiciaire à se ressaisir et à faire la lumière sur l’almanach des scandales, aux titres de polars:  Les tracteurs de Delhi, Le Logiciel de la CRM, Magie noire à Bamako (Opération pluies provoquées), Saignez Malitel (la privatisation de la société), l’Huile de la Misère (affaire Huicoma), Un Tramway pour Bamako, Arnaque à la BHM (affaire WAIC-BHM), la Maîtresse du Président, ATT et l’Argent d’Al-Qaeda, Alerte Cyanure à Faléa, etc.

Ces affaires procèdent de la mauvaise gouvernance, de la corruption, du conflit d’intérêts au sommet de l’Etat. Elles ont une conséquence, c’est la compromission de l’existence de la nation, telle que nous la vivons aujourd’hui. Le peuple malien ne les passera pas par pertes et profits et ne fera pas comme s’il ne s’était rien passé. Le Président de la transition se devait de le dire…

Aaron Ahmed

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2 COMMENTAIRES

  1. Comment voulez vous que l’un des responsable de la situation actuelle, dénonce ces faits.

    • Le discours du Président est Lapidaire a votre avis . Vous avez un problème …. je dirai des problèmes…

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