cette refondation. Ce qui leur fera jouer à des… prolongations
– maliweb.net – Dès sa prise du pouvoir, le colonel Assimi Goïta avait affiché son ambition de faire une transition dite « refondatrice », donc plus longue, et, malgré les pressions multiples, il tient vaille que vaille à quitter le palais de Koulouba en 2024. Cela se fera-t-il avant le premier semestre de l’année 2024 ? Rien n’est moins sûr !
En effet, l’autre grand défi des autorités de Transition est de savoir céder à temps le pouvoir à un régime démocratiquement élu. Encore faut-il que ces élections se tiennent à temps et dans des conditions acceptables pour tous.
Pour ce qui concerne la transition malienne, le chef de l’Etat joue toute sa crédibilité par rapport à la problématique de la refondation du pays. Comment ne pas poser au moins les bases de cette refondation, si la transition a enregistré autant de péripéties et de « dégâts collatéraux » ? Comment la crise sécuritaire ne sera-t-elle pas un motif suffisant pour ambitionner des réformes nécessitant plus de temps ? Quid du contexte électoral ayant conduit au renversement du régime précédent ?
Ce sont là des axes importants sur lesquels le chef de l’Etat, analysent les observateurs, pourrait surfer pour justifier une rallonge de la transition. S’y ajoute que la volonté de rupture d’avec l’ancien système de gouvernance impose des lenteurs.
En effet, la transition malienne a été d’abord marquée par la phase de « la rectification », qui a consisté à évincer le duo Bah N’Daw-Moctar Ouane. Celui-ci était considéré comme une continuité du système IBK, bien en connexions presque incestueuses avec les pratiques néocolonialistes françaises.
Ensuite, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, qui a été le chantre de rupture, semble avoir outrepassé les limites que les colonels attendaient de sa part. C’est ainsi que le porte-parole du comité stratégique du M5-RFP, les démolisseurs d’IBK, s’inscrira presque dans le règlement de compte et dans la diatribe quotidienne. Ce qui créera de nombreux pôles de tension entre le Mali et ses partenaires extérieurs, mais aussi un climat de guéguerre permanent au sein des forces sociopolitiques internes.
Ce qui incitera finalement les colonels à réfléchir à la fin de ce que certains ont qualifié de « choguélisme ». Et l’intérim, qui est en cours à la primature, annoncerait un autre tournant de la transition, un dernier changement de cap pour accorder les violons avec les partenaires du pays sur la conduite de la suite de cette période transitoire plus que laborieuse.
Et ce réajustement des « orientations stratégiques » du pouvoir de transition permettra, laissait entendre récemment le ministre Abdoulaye Diop, d’amorcer la dynamique de la préparation des élections, dans une posture de « collaboration positive ». En baissant donc le ton de la conduite de la transition, le chef de l’Etat peut préparer tranquillement les partenaires du Mali à envisager une rallonge. Comment pourra-t-il en être autrement quand, lors de la réunion de Lomé du Groupe de soutien et de suivi de la transition, tous les partenaires du Mali se sont félicités des progrès réalisés par nos autorités. Sauf que ces progrès peinent à être clairement identifiés.
Or, il est de notoriété que les réformes politiques et institutionnelles sont à pas de tortue, surtout que le Premier ministre Choguel Maïga, qui en était une cheville ouvrière, vient d’être mis en « repos forcé ». Quid de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger qui peine à avancer. Idem pour les réformes du secteur de la défense et de la sécurité, de la justice et de la bonne gouvernance, avec des bruits de marchés passés dans l’opacité ou dans des irrégularités.
Tous ces terrains non défrichés et les défis sécuritaires qui traumatisent encore les populations avec de vastes zones du territoire où l’Etat est absent poussent les observateurs à parier sur le non-respect du délai des 24 mois fixé pour achever cette transition. Ceci parce que le chef de l’Etat et ses compagnons ne voudront pas aussi précipiter le processus électoral devant conduire à la fin de leur pouvoir. Le colonel Assimi Goïta ne devrait-il pas se préoccuper des lendemains de son règne ? A quel nouveau leadership les futures élections permettront-elles de remettre le pays ? Ces nouveaux dirigeants pourraient-ils être tentés de remettre en cause les orientations stratégiques actuelles ? Quid de la redevabilité même de la gouvernance de transition ? Ce sont là autant de préoccupations que le colonel Assimi Goïta et ses frères d’armes chercheront à mettre au clair avant de peaufiner leur sortie de la scène publique nationale. Un pari qui n’est pas gagné d’avance et peut conduire à un réaménagement du chronogramme préétabli.
Boubou SIDIBE/maliweb.net
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On s’en fout du chronogramme. Seule la guerre contre le terrorisme nous intéresse
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