Le véritable pouvoir du Mali n’appartient ni à Assimi Goïta, le vice-président de la transition ; ni à Bah N’Daw, le président de la transition. A regarder de près, le colonel major à la retraite qu’est le chef de l’Etat joue un rôle de proconsul. L’un comme l’autre, les deux têtes de proue de la transition malienne obéissent à des directives données par la communauté internationale. La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest(CEDEAO) est en fait un élément important du dispositif mis en place par d’autres pour que le Mali tienne sur le plan politique et sécuritaire.
Ainsi, les pays qui jouent un rôle de premier ordre pour la sécurité du Mali ferment les yeux sur certains dérapages de la transition. Ainsi, les militaires ont eu carte blanche pour renverser le pouvoir d’IBK sans être inquiétés par les puissances occidentales dont les citoyens sont en train de mourir pour la stabilité du Mali. Les auteurs du coup d’Etat ont ainsi écarté de la transition les hommes politiques croyant que l’imam Dicko et d’autres religieux n’étaient pas favorables à ces politiques qui ont pourtant bravé le pouvoir dans la rue.
La suite a été une série de bras de fer entre le nouveau pouvoir et les forces syndicales et politiques autour des institutions comme le Conseil national de transition. Le risque d’un échec cuisant de la transition a fait sortir la CEDEAO de sa réserve pour recommander une série de mesures de confiance. C’est ainsi que lors de la dernière visite du médiateur de la CEDEAO, Goodluck Jonathan, il a été proposé aux autorités de dialoguer avec les forces vives du pays.
C’est après cela que le Premier ministre Moctar Ouane a rencontré les partis politiques un après-midi à Bamako pour évoquer certains sujets délicats. Il a ainsi été question de la tenue des élections générales dans le délai imparti par la communauté internationale. Les partis politiques craignent en effet de mauvaises élections, des irrégularités pires que celles qui ont provoqué la chute du régime d’IBK. La France, par la CEDEAO interposée, ne voulant pas d’un marasme sécuritaire de plus a dépêché des émissaires pour montrer la voie à suivre.
Autre préoccupation de la communauté internationale, c’est le manque de visibilité dans l’action gouvernementale. C’est pourquoi le médiateur de la CEDEAO avait insisté sur la présentation d’une feuille de route. Dans les semaines qui ont suivi, le Premier ministre a présenté son Plan d’action gouvernemental. Si vous doutez encore du fait que la CEDEAO dicte, rappelez-vous la dissolution officielle du CNSP. Bah Ndaw qui l’avait promis à Goodluck Jonathan a rendu publique la décision à la veille de son dernier voyage à Paris.
A suivre !
Dougoufana Kéita