Conscients du fait que les autorités actuelles du pays pourraient jouer sur les leviers du pouvoir pour influencer le choix électoral des futurs dirigeants, plusieurs leaders politiques sont dans de délicats calculs de positionnement.
-maliweb.net- Si la Transition politique de 2012-2013 a été une rampe d’ascension au pouvoir du candidat IBK, brillamment élu à l’élection présidentielle de juillet-aout 2013, avec le soutien des militaires sous la férule d’un certain Général Amadou Haya Sanogo, la période transitoire en cours pourrait-elle reproduire un schéma identique ou similaire ? En faveur de quel potentiel prétendant au luxueux palais de Koulouba ?
En effet, l’on observe la tactique du déplacement du caméléon chez plusieurs leaders politiques, à l’exception de quelques-uns, comme Housséini Amion Guindo de la CODEM, Dr Choguel Kokalla Maïga du MPR (et souvent au nom du M5-RFP) et Modibo Sidibé des FARE AnkaWuli. Ces derniers ne ménageant pas les autorités de la Transition dans leurs prises de paroles.
En revanche, l’ex-chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé de l’URD observe un silence assez assourdissant depuis ses premières interventions médiatisées (d’octobre dernier) consécutives à sa libération, après qu’il eut été détenu en otage durant plus de six mois. Pourquoi depuis lors, Soumaïla Cissé est-il devenu si silencieux ? Le leader du parti de la poignée de mains n’a-t-il rien à dire par rapport au déroulement de la Transition ? La polémique autour de la mise en place du Conseil national de Transition, la dégradation de la situation sécuritaire du pays n’inspirent-elles pas même un simple tweet du leader incontesté de l’ex-opposition au pouvoir IBK ? La problématique des réformes politico-institutionnelles à venir, le dialogue envisagé le gouvernement avec les jihadistes maliens ne devraient-ils gratter la langue de Soumaïla Cissé ? Doit-il se contenter des communiqués avec une dose de retenue de l’URD ? Des questions se posent…
Le mutisme dans lequel le plus grand challenger d’IBK en 2013 et 2018 ne peut être interprété que comme un calcul pour ne pas éventuellement « gêner » les autorités actuelles. Bah N’Daw et ses amis, les colonels pourraient-ils lui en tirer une certaine animosité préjudiciable ? Ce qui pourrait porter préjudice à « Soumi Champion » lors de la prochaine élection présidentielle ? C’est cela certainement la lecture au sein de l’Etat-major politique de l’URD, qui a brusquement revu sa communication, pour ménager les susceptibilités… Soumaïla Cissé est donc dans la logique de ménager les éventuels faiseurs de roi. N’avait-il pas, au lendemain de sa libération, rendu un vibrant hommage aux « nouvelles autorités », comme au pouvoir déchu, pour tous leurs efforts ayant conduit à son élargissement ?
De même, des leaders comme Soumeylou Boubèye Maïga de l’ASMA-CFP, à qui l’on prête une accointance avec des éléments de la junte militaire ayant renversé IBK, est dans le soutien du nouveau pouvoir. Il semble adhérer à la conduite des affaires ou, du moins, se prive de critiquer la gouvernance pourtant approximative du pays. Soumeylou bénéficiera-t-il d’un renvoi d’ascenseur pour ce soutien discret aux autorités actuelles ? Rien n’est garanti, dans la mesure où le peuple malien, assoiffé d’un renouveau dans la gouvernance, tient à une certaine transparence lors des prochaines échéances électorales. Ce pari osé sera-t-il gagné ? Le doute est tout aussi permis, tant le jeu électoral sous nos tropiques pourrait jouer des entourloupes.
La position des leaders comme Moussa Mara de YELEMA et d’autres est similaire. Tous semblent ménager, un tant soit peu, les actes de gestion du pouvoir, pour ne pas se mettre à dos les décideurs du jour. Une telle attitude peut contre-produire devant un peuple malien, fier et jaloux de sa souveraineté, qui pourrait sympathiser avec les acteurs véritablement défenseurs de ses intérêts. Même s’ils dérangent Bah N’Daw et les… colonels putschistes.
Boubou SIDIBE/Maliweb.net