Transition et absence d’agenda électoral : Les politiques pris entre plusieurs feux !

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Après avoir été, pendant un long moment, vouée aux gémonies par une opinion publique acquise à la cause des nouvelles autorités militaires, la classe politique malienne fait désormais face à son destin…

Le pouvoir de Transition est-il en passe de se radicaliser?. Puisque, en l’espace de quelques mois, le nombre de prisonniers d’opinion s’est accru, tout comme celui de cas de dissolution d’entités politico-associatives jouissant des libertés démocratiques conquises de haute lutte par la révolution de mars 1991.

En effet, avec l’absence de chronogramme électoral, alors que la Transition fait déjà trois ans et demi, les acteurs sociopolitiques commencent à donner de la voix. Il s’agit pour les uns et les autres d’appeler le pouvoir à une nouvelle redistribution des cartes ou à, au moins, donner des signaux clairs de sa marche vers les élections.

C’est ainsi que plusieurs organisations et partis politiques viennent de monter au créneau pour exiger que la Transition évolue vers son terme, à travers les urnes. Et certains responsables politiques appellent le peuple à la mobilisation générale pour sortir le pays de cette situation. Cette prise de position politicienne peut ne pas susciter l’engouement souhaité, du fait justement du discrédit qui pèse sur la classe politique. Car, il faut reconnaître que les militaires qui ont pris le pouvoir, semblent jouir d’une popularité, qui a rangé les leaders politiques en «fossoyeurs de la République», considérés à tort ou à raison comme responsables de l’effondrement de l’Etat.

C’est sur ce terrain que la classe politique aura donc du mal à mobiliser les populations qui ne voient plus leur intérêt immédiat dans la tenue des élections. Ne sont-elles pas plus préoccupées des difficultés socioéconomiques (vie chère, crise énergétique, chômage, etc) du moment que par les urnes pour simplement changer les tenants du pouvoir ? Rien n’est moins sûr.

En outre, en tenant d’opposer le peuple aux autorités de la Transition, les acteurs politiques pourraient courir le risque de subir une politique de répression musclée. Il peut s’agir de procédures judiciaires taillées sur mesure avec une rhétorique portant « trouble à l’ordre public » ou « incitation à la violence » ou autres chefs d’accusations allant dans le même sens. Cela exposera les responsables politiques concernés à un autre feu, celui  de les priver de compétition électorale. N’est-ce pas là un piège du pouvoir militaire, qui tentera ainsi de présenter ces acteurs politiques comme de véritables « assoiffés de pouvoir » ? Et les tenants du pouvoir actuel, eux-mêmes, n’apparaissent-ils pas comme voulant prolonger ou confisquer ce pouvoir ? Des indices le laissent penser. Pourquoi les plus hauts dirigeants de la Transition ne se décident-ils pas à enclencher avec diligence un processus électoral crédible et rassurant devant conduire à la fin de cette transition ? S’ils ambitionnent prolonger leur pouvoir, ne doivent-ils pas tout au moins mettre la forme en appelant aux urnes ? Rien n’est moins sûr.

Par ailleurs, les responsables politiques redoutent certainement le risque de voir leurs entités organisationnelles dissoutes. Ce qui porterait un coup fatal à biens des acquis de la luette démocratique du peuple. Le pouvoir n’a-t-il pas récemment montré sa capacité à dissoudre des mouvements politico-associatifs comme la CMAS de l’imam Mahmoud Dicko, le PSDA d’Ismaël Sacko, l’AEEM et une structure de la société civile impliquée dans la vielle citoyenne et électorale ? Ce sont là des signaux de la détermination du pouvoir à  restreindre certaines libertés. La preuve en est que bien de procédures judiciaires sont en cours pour des questions d’opinion et d’exercice de certaines libertés.

C’est donc à la classe politique de mesurer les risques du moment et savoir à quoi s’en tenir, afin d’éviter d’être brûlée par les feux ainsi allumés.

Boubou SIDIBE/maliweb.net

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