Transition au Mali : Housseini Amion Guindo appelle le peuple malien au sursaut national contre la dictature

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Le président de la Convergence pour le développement du Mali (Codem), Housseini Amion Guindo a publié une tribune intitulée : “Appel au peuple malien pour le sursaut national contre la dictature” dans laquelle il a identifié les différents problèmes qui minent la marche de notre nation, en raison notamment de l’insouciance et de l’incapacité des autorités actuelles à trouver des solutions idoines tout en annonçant l’organisation, avec tous les partenaires, du pôle alternatif à travers une journée nationale de colère, d’indignation et de protestation pour exprimer ensemble le ras-le-bol général des Maliens.

Selon lui, notre pays, le Mali traverse une des crises les plus dures de son histoire, dure pour toutes les franges de la population et sur l’ensemble du territoire, dure par sa diversité et principalement dure par le manque de perspectives de sortie de crise, en raison notamment de l’insouciance et de l’incapacité des autorités actuelles à trouver des solutions idoines.

Sur le plan sécuritaire, il dira que la crise malienne est très profonde et dure depuis plus d’une décennie. Malheureusement, ces derniers temps, elle s’est exacerbée et a été marquée par l’instabilité politique, la création du Front de libération de l’Azawad (Fla), la montée en puissance des groupes armés djihadistes (Jnim et EIGS) dont le champ d’action couvre désormais l’ensemble du territoire national.

De son point de vue, la problématique du DDRI (désarmement, démobilisation, réinsertion et intégration) des ex-combattants en cette période de rupture avec les mouvements signataires de l’accord reste entière. Et d’ajouter que l’impuissance des autorités à y faire face au-delà des discours à travers des approches qui ont montré leur limite fait planer l’incertitude sur le devenir de notre pays.

Déficit de dialogue entre le gouvernement et la classe politique

Sur le plan politique, il indiquera que le Mali traverse une crise profonde qui est en grande partie liée à l’instabilité sécuritaire et à la faiblesse des institutions, consécutives aux coups d’État du 18 août 2020 et du 24 mai 2021. Et de poursuivre que le déficit de dialogue entre le gouvernement et la classe politique, la société civile et les groupes armés…, les persécutions, les enlèvements, les emprisonnements ou la contrainte à l’exil d’opposants, la dissolution ou suspension d’associations, de partis politiques et de conseils communaux, le non-respect des engagements pris devant le peuple malien et la communauté internationale, le tripatouillage à dessein de la charte de la transition, etc. ont contribué à tendre un climat déjà délétère.

Sur le plan économique, il a laissé entendre que la crise est le résultat d’un cumul de facteurs internes et externes, sanctions économiques, dépendance aux importations, manque de politique économique ambitieuse, gouvernance non transparente, instabilité des prix, crise énergétique, suspension des financements des partenaires extérieurs et la sortie de la Cédéao, etc.

Sur le plan social, il a souligné que la pauvreté, les tensions intercommunautaires, les revendications syndicales et une gouvernance instable ont accentué la précarité des populations et fragilisé le tissu social du pays, en raison notamment : des attaques terroristes et violences armées dans toutes les régions du pays ayant conduit quelques fois à des blocus sur l’approvisionnement de certaines localités en denrées de premières nécessités ; des conflits intercommunautaires exacerbés par la course aux ressources naturelles (terres, eau, bétail) ; du déplacement de plusieurs centaines de milliers de personnes, vivant dans des conditions précaires sans accès aux services de base ; du chômage des jeunes, aggravé par un système éducatif en crise et un marché de l’emploi peu dynamique ; de l’exode rural et de la migration vers les grandes villes, où les conditions de vie restent difficiles ; du mécontentement général face à la corruption, la mauvaise gouvernance et l’inefficacité des services publics ; de l’accès limité à l’éducation et à la santé, en raison du manque d’infrastructures et de financements ; des difficultés d’accès aux services sociaux de base notamment l’eau potable et l’électricité, surtout dans les zones rurales ; d’un système de protection sociale faible, laissant les populations vulnérables sans assistance en cas de crise ; des jeunes désœuvrés rejoignent des groupes armés ou sont impliqués dans des activités illicites (trafic de drogue, banditisme) ; d’une augmentation du coût de la vie, avec des familles qui peinent à se nourrir, se soigner et scolariser leurs enfants ; d’une crise alimentaire, avec plus de 2 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire sévère.

Manque de perspectives des autorités de la Transition

A l’en croire, les récentes mesures de taxes sur les communications et les transferts monétaires unilatéralement imposées ont fini de convaincre les plus optimistes du manque de perspectives des autorités de la Transition pour le bien être des maliennes et des maliens. De tout ce qui précède, martèle-t-il, le constat d’échec et de pourrissement de la situation est un fait.

Il s’est dit convaincus que ce n’est pas une fatalité. Donc, il est légitime et impératif pour le peuple malien dans toutes ses composantes de se mobiliser pour mettre fin à ces différentes tragédies en usant de l’ensemble des voies et moyens pacifiques que lui procure la Constitution de la République du Mali. Il s’agit, entre autres, de la nécessité et de l’urgence de la création d’un pôle démocratique alternatif ; du retour de la paix et de la sécurité sur l’ensemble du territoire national ; de proposer au peuple malien une vision et un programme de développement économique, social, environnemental et culturel garantissant le bien-être de tous en toute transparence ; d’organiser avec tous les partenaires du Pôle alternatif une “Journée nationale de colère, d’indignation et de protestation” pour exprimer ensemble le ras le bol général.

A ses dires, c’est dans cette dynamique et dans le respect strict des lois en vigueur en République du Mali, qu’il lance un appel pressant à toutes les couches de la population malienne (classe politique, société civile, syndicats, personnalités indépendantes, commerçants, paysans et ouvriers) de se mettre ensemble pour stopper la dictature et œuvrer à un retour définitif de la bonne gouvernance dans un Mali sécurisé, démocratique et économiquement viable.

Les limites du tout militaire

Pour lui, cela permettra d’offrir à notre peuple des nouvelles perspectives pour restaurer la paix et la sécurité sur l’ensemble du territoire national, de Kayes à Kidal, et de Sikasso à Taoudenni. Car, le tout militaire ayant montré ses limites, il faudra donc développer une approche multidimensionnelle inclusive avec l’ensemble des acteurs nationaux impliqués dans les processus de paix.

Pour ce faire, il dira que des concertations seront engagées entre acteurs pour convenir des actions à mener dans le cadre du sursaut national.

               Boubacar Païtao

 

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