La transhumance politique est désormais devenue plus qu’une banalité dans notre pays au point que les partis politiques ont du mal à poser leur capital humain. Depuis l’instauration de la démocratie dans notre pays, plus les partis politiques s’éclatent aussi bien les responsables et militants naviguent sans attachement réel. C’est avec Amadou Toumani Touré que le phénomène a pris de l’ampleur.
Acte I Mme Aissata Bengaly quitte l’UDD pour le M.C
Comme ce fut le cas de Mme Aïssata Bengaly qui avait bénéficié de la bénédiction de l’Union pour la démocratie et le développement (UDD) d’un poste ministériel dans le gouvernement Ag Hamani pour le département chargé de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille. Une fois nommée, Mme la ministre a très tôt développé sa philosophie d’instabilité. Ainsi, elle a trahi sans regret ses prophètes qui l’ont soutenue pour son entrée dans le gouvernement. Pour préparer les militants de l’UDD, Aïssata Bengaly a d’abord tendu sa main à l’Adema, car elle avait une redevance envers celle-ci à qui elle devait sa bourse de stage aux USA pour la transformation des céréales en farine pour la fabrication du pain malien (malibourou).
Par contre les observateurs avertis savaient que Mme Aïssata Bengaly ne cachait pas sa sympathie pour le Mouvement citoyen. On l’a vu soutenir un club de soutien au général président. Et pour mieux tromper la vigilance des amis d’ATT, elle manifestait toujours de l’enthousiasme et de la sympathie pour ses derniers au nom des liens existants entre elle et la présidente de la Fondation pour l’Enfance. Par contre, elle ne cachait pas sa sympathie pour l’Adema depuis sa fuite de l’UDD. En effet, les informations les plus plausibles recueillies auprès des ténors du Mouvement citoyen confirment que Mme avait viré de l’Adema.
De l’UDD en passant par l’Adema, Aïssata Bengaly s’est retrouvée au Mouvement Citoyen.
Acte II Ministres RPM. Nakoma Keita démissionne du gouvernement, Mme Maiga Zeinab Mint vire au Mouvement Citoyen
Nous sommes en 2005 à l’Assemblée nationale du Mali, sanctuaire de la démocratie.
ATT s’oppose au départ du gouvernement des deux représentants du RPM. Le consensus politique, qui a engagé tous les partis politiques au côté du général président faisait de notre démocratie un parti unique, a montré ses limites avec la mise en place du bureau de l’Assemblée nationale (A.N), en 2005. Contrairement aux autres années où les partis se livraient à de véritables empoignades autour de la questure, 2005 a consisté à donner au président ATT une majorité parlementaire écartant le parti du président de l’Assemblée nationale, le Rassemblement Pour le Mali (RPM), malgré la volonté de celui-ci et de ses hommes à accompagner ATT jusqu’au déclenchement des hostilités pour l’élection présidentielle de 2007.
La mise à l’écart du RPM du bureau de l’Assemblée nationale ne changerait rien sans nul doute la donne politique si l’on se réfère à une confidence du président de la République à un diplomate dans notre pays. Le président ATT, de l’avis de notre interlocuteur, aurait la ferme volonté de poursuivre l’œuvre de consolidation de notre processus démocratique encore fragile. Selon lui, ATT s’opposerait à un retrait éventuel des deux ministres RPM du gouvernement d’Ousmane Issoufi Maiga. Et cela pour deux raisons. La première : ATT doit son élection au soutien du regroupement Espoir 2002 dont le RPM était l’ossature. Pour cela, il éviterait de rompre avec IBK. Le maintien des Tisserands dans le gouvernement permettrait à Amadou Toumani Touré de faire un clin d’œil aux amis d’Ibrahim Boubacar Keïta qui ont joué un rôle clé dans le rapprochement des deux hommes en 2002 après la proclamation des résultats du premier tour de l’élection présidentielle, pensait que sa victoire lui avait été volée. La deuxième raison est que le président serait rassuré d’un soutien infaillible des partis de la coalition à sa candidature en 2007. Les autres partis de Espoir 2002 ne disposent pas de fiefs électoraux mettant en confiance le président Touré. Ils devaient leur présence à l’AN grâce au RPM d’IBK.
Acte III N’diaye Bah quitte le CNID pour le M.C
Cinq ans et plus tard, c’est le tour du CNID Faso yriwaton de subir les conséquences du consensus. Le virus avait attaqué depuis si bien longtemps N’Diaye Bah, seulement, ce sont les manifestations qui ont pris du temps. Le ministre N’Diaye Bah devait être limogé du gouvernement depuis 2007 pour faute grave.
Il a falsifié et cédé à trois milliards de francs CFA (3.000.000.000 F CFA) Mariétou Palace, un hôtel 5 étoiles au bord du fleuve Niger, appartenant a Foutanké Babani Sissoko. En toute bonne foi, l’ancien milliardaire malien s’est confié à maître Tall pour vendre son hôtel. Mais au lieu d’une vente simple, Me Tall s’appuie sur diverses complicités dont celles d’un notaire de la place et de son ministre N’Diaye Bah pour monter une escroquerie de grande envergure. Le prix de l’hôtel 3.000.000.000 F CA est déposé dans un premier temps à la BCS puis dans un compte de l’Homato (Office malien du tourisme), un service relevant du ministre N’Diaye Bah et dont le directeur Oumar Touré était un militant CNID.
En principe, la transaction ainsi faite ne pose pas problème. Seulement voilà : Babani déclare, la main sur le cœur, avoir perçu 1.200.000.000 FCFA dont 450.000.000 F CFA pour l’achat de véhicules offerts à des dignitaires du régime et cantatrices. Dans cette escroquerie, l’intrigue est patente. Tout comme la machination. On ne comprend pas comment un ministre de la République use de « Nous » pour ne pas parler de sa majestueuse personne, mais de ses amis en affaires. C’est bien le cas car la dérogation sollicitée et obtenue l’a été, « à titre exceptionnel ».
La fuite de N’Diaye Bah vers le Mouvement citoyen montre que « le militaire est un danger permanent pour la démocratie », comme l’a si bien dit Alpha Oumar Konaré.
A qui le tour prochainement ?
Safounè KOUMBA