A deux ans de la fin du mandat du président IBK, les occasions sont bonnes pour des responsables politiques de tourner le dos à leur formation politique respective ou de changer de statut. En cette période de veille électorale, le paysage politique national, tel un ballet, est en pleine effervescence à cause du phénomène de la «transhumance» .
Pour mieux saisir le sens du terme transhumance, empruntons la définition du dictionnaire français «Littré«, pour lequel, c’est un déplacement périodique des troupeaux de moutons des pays de plaine, qui vont, sous la conduite des bergers, passer les mois les plus chauds de l’année dans les pâturages des montagnes (déplacement sous la conduite de bergers, de troupeaux vers des régions où les conditions sont plus favorables). Utilisée dans le domaine de la politique, l’expression désigne le déplacement sous la conduite de leaders, des groupes d’élus, vers des partis où les conditions de réélections seraient plus favorables. En fait, il s’agit là d’un bon mot pour désigner une réalité bien trop moche. Le terme est désormais bien officiel à notre triste regret. Ces déplacements, parfois individuels, ont contribué à décrédibiliser notre monde politique. Personne n’y comprend plus rien; on ne sait plus qui est avec qui et surtout qui fait quoi. Ainsi, on voit tel grand cacique politique rejeter profession de foi et oripeaux idéologiques, pour aller se jeter dans ‘’les bras’’ d’un parti mieux loti. Point n’est besoin de citer leurs noms car ce serait leur faire trop d’honneur, immérité au demeurant. A lire leurs dires dans les journaux, se réclamant d’une certaine honnêteté, d’une franchise, d’une grande vision politique et d’un patriotisme, nous ne pouvons que conclure que le Mali a affranchi un «saut de géant« en matière de mépris politique. Ces individus mono-saisonniers, nous donnent la preuve flagrante que leur intérêt n’est pas dans la défense des idéaux qu’ils prétendent porter, mais au contraire, qu’ils sont mus par des instincts bassement alimentaires. Les grands discours patriotiques, les principes idéologiques, les convictions intimes et les engagements de plusieurs décennies s’effacent d’un coup devant l’appel du ventre. Ce spectacle désolant d’hommes indignes, se traînant dans la boue de leurs trahisons, dégoûte et révolte la jeunesse idéaliste malienne. Cette jeunesse qu’on traumatise depuis des années, reste sans voix devant la volonté de ces traitres. Aujourd’hui, dans notre pays, il suffit d’avoir une influence politique pour être riche. En somme, une certaine classe d’individus opportunistes, décadents, irresponsables, largement improductifs, impudiquement corrompus et idéologiquement stériles, hypothèque l’avenir de la jeunesse malienne et ce sont ces bourreaux que nos transhumés sont appelés à œuvrer pour leur maintien au pouvoir. Nos transhumés s’activent donc pour qu’on les suive dans leur honteuse villégiature, traitant ainsi les militants et les électeurs comme un vulgaire bétail qu’ils amènent paître partout. Maliennes, Maliens, détachez-vous de ces faux bergers qui vous mènent tout droit vers les loups. Comme le veau au raisonnement limité, les ouailles du politicien peuvent naïvement croire que c’est pour leur bien tout cela, et pourtant ils conduisent le peuple sur le chemin de l’abattoir. Broutez donc, ô bétail politique, la foire de 2018 approche et on vous veut dodus.
Paul N’GUESSAN