Au bout d’une année qu’il juge éprouvante pour le pays et pour son parti – marquée notamment par des crises multiformes et un coup d’Etat militaire -, le Président du Pasj Tiemoko Sangaré faisait face à la presse, avant-hier samedi, dans le cadre de la traditionnelle présentation des vœux de l’Adema aux Maliens. Le numéro 1 des Abeilles en a profité pour passer en revue les péripéties des 12 mois écoulés, partager la vision et la perception de sa famille politique sur la transition ainsi que son regard sur l’avenir.
Entouré pour la circonstance de plusieurs membres du Comité exécutif, le Pr Tiemoko Sangaré a formé le vœu, au nom de l’ensemble de ses camarades, que les épreuves traversées l’année dernière ne soient qu’une triste parenthèse. Allusion est ainsi faite aux vagues meurtrières de la crise sanitaire, au lourd tribut payé par l’armée malienne et ses partenaires à l’insécurité au Centre ou encore à la crise politique sanctionnée par un coup d’Etat ayant mis à mal, à ses yeux, la démocratie malienne et ébranlé les fondements de la République.
Mais en dépit de toutes les implications invoquées et imputables à l’interruption du mandat, le PASJ, selon son porte-voix attitré, affiche une fidélité à toute épreuve au même credo ayant prévalu à l’accompagnement d’IBK : œuvrer au rassemblement de tous les Maliens autour des défis prioritaires que sont la restauration de l’intégrité territoriale, la stabilité du pays, la culture de l’harmonie sociale, entre autres. Et pour cause, explique le Professeur Sangaré, aucune réussite de la Transition imposée «par la force des choses» n’est envisageable sans sursaut national et sans cohésion de tous les Maliens autour de ses objectifs. Le soutien de l’Adema aux autorités de transition n’est toutefois assimilable à un chèque à blanc sur les échéances consignées dans la Charte y afférente. «Nous estimons que la Transition doit boucler ses missions dans les délais», a martelé le président du Pasj, en excluant toute éventualité d’empiétement sur les dix-huit mois impartis. Pour ce faire, le Parti de l’Abeille et son président suggèrent de ramer à contre-courant d’un certain penchant pour les renouvellements tous azimuts dont les échos proviennent de plusieurs milieux politiques ces derniers temps. «Pour les réformes institutionnelle, il faut éviter l’aventure d’une nouvelle constitution», a indiqué l’ancien ministre d’IBK, qui plaide pour une relecture à minima de la loi fondamentale en vigueur. Ce qu’il désigne comme essentiel devrait consister, selon son entendement, à revisiter les textes dans le sens d’une redéfinition du rôle de la Cour constitutionnelle dans le jeu électoral, de la prise en compte du mode de scrutin mixte ainsi que de la Cour et du Sénat pour se conformer aux directives communautaires et aux dispositions de l’Accord issu du processus d’Alger.
Pour le reste, point n’est besoin de gaspiller du temps sur les équivoques ayant entouré la mise en place des organes de la Transition. Il est plutôt mieux indiqué d’aider à conduire le processus de la Transition à bon port, a soutenu l’interlocuteur de la presse, en prônant par ailleurs son inclusivité et le bon fonctionnement des leviers de la concertation entre acteurs dans définition des périmètres d’actions. Pour l’Adema, en clair, il faut tourner la page des difficultés déjà vécues et faire face désormais à la réussite de la Transition et à l’atteinte de ses objectifs.
La présentation de vœux a été également l’occasion d’évoquer avec les hommes de média l’état actuel du Parti de l’Abeille et ses ambitions politiques. A ce sujet, le président du Pasj a assuré que son parti se prépare activement à reconquérir le pouvoir et sillonne le Mali pour ce faire village par village et quartier par quartier, dans le cadre du renouvellement de ses différentes structures en prélude aux assises de la Ruche. «Nous n’envisageons pas de conquérir seul le pouvoir…mais il n’est pas question que l’Adema soit la remorque de qui que ce soit», a assuré Tiemoko Sangaré en relevant toutefois que les ambitions électorales du Pasj sont tributaires d’un terreau favorable à l’engouement dont le parti est l’objet. Il s’agit de prouver par le respect de ses valeurs, l’unité et la cohésion que le «parti le mieux implanté» est «digne de confiance et apte à diriger à nouveau». Et le président d’exhorter ses camarades à se hisser au-dessus des divisions et calculs de positionnement et à surmonter les malaises laissés par les crises ainsi que par les traces laissés les dernières législatives et le coup d’Etat.
Les récentes arrestations sur fond d’accusations de déstabilisation de la transition, les ébullitions du front social, la présence de cadres du parti au CNT, la récurrence des coups d’Etat sont autant d’autres aspects de l’actualité brillante sur lesquels l’intérêt des journalistes a porté lors de la conférence de presse annuelle du Pasj. Interrogé sur les probations arbitraires de liberté, leur interlocuteur a choisi de botter en touche et préfère s’en référer au recours à la justice et à l’attachement du Pasj au respect de la loi. Quant à la participation de membres du Comité exécutif au Conseil National de Transition, le président admet que la démarche n’est pas conforme au mot d’ordre de la direction du part et se résigne à en prendre acte.
A KEÏTA