Tiébile Dramé, président du Parena : « Une Constitution obtenue au prix du sang, requiert une concertation nationale »

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La révision constitutionnelle, qui fait couler beaucoup d’encres ces derniers moments, n’a pas échappé au président du PARENA et les autres membres de son bureau lors de la conférence de presse que le parti a organisé le jeudi 14 février dernier. Selon Tiébilé Dramé, « Une Constitution obtenue au prix du sang, requiert une concertation nationale.»

La polémique autour de la révision constitutionnelle est loin de finir. Le président de la République Ibrahim Boubacar Keita ne partage pas la même vision que certains leaders de l’opposition démocratique, surtout des acteurs importants de mars 1991 par rapport à cette révision constitutionnelle. Parmi ces leaders qui ne partagent pas la même vision qu’IBK, on peut citer entre autres : Dr Soumana Sako, Dr Oumar Mariko, Tiébilé Dramé, Me Amidou Diabaté, Djiguiba Keïta dit PPR, Soumaïla Cissé, Mme Sy Kadiatou Sow, Aly Nouhoun Diallo… Ces différentes personnalités ont farouchement combattu, au sein de la Plateforme An Tè A Banna, la première tentative du président de réviser la constitution lors de son premier mandat. Malgré cette première tentative avortée, le gouvernement ne démord pas. Une nouvelle révision constitutionnelle est déjà programmée et un comité d’experts a été mis en place à cet effet par le chef du gouvernement, par décret n°2019-0016 PM-RM du 14 janvier 2019. « Le dialogue politique est un préalable à toute réforme constitutionnelle», a réagi, le lendemain de la mise en place du comité d’experts, le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD). Selon cette coalition de l’opposition, en procédant ainsi le Premier ministre est dans la logique de mettre tout le monde devant le fait accompli. Le jeudi 14 février 2019, lors de la conférence du Parena sur la situation sécuritaire au Mali, Tiébilé Dramé s’est prononcé sur la révision constitutionnelle en cours. De son avis, la question de réforme est une question politique et il appartient donc aux acteurs politiques de se rencontrer, de mettre en place des propositions. Selon Amidou Diabaté, on doit laisser débattre les acteurs sur la question, ouvrir le débat à l’ensemble de la société malienne. Le PARENA demande à ce que le gouvernement aille dans le domaine de la concertation. Pour le PARENA, le cadre de concertation initié par le ministre de l’administration territoriale a été fait sur la base de corruption politique. « Réunissons nous, parlons de la crise politique », a dit Tiébilé Dramé. Il a indiqué que toutes les forces politiques ne sont pas représentées dans ce cadre de concertation proposé et mis en place le gouvernement. « Une constitution née dans le sang, requiert le consensus », a ainsi laissé entendre Tiébilé Dramé.

Vers un nouvel échec ?

Après un premier échec pour réviser la constitution, le pouvoir doit tirer les leçons du passé, selon des analystes. Pourquoi IBK n’opte pas pour une concertation comme en 1991 où tous les acteurs étaient là pendant un mois ? L’histoire nous a appris que toutes les tentatives de révision de la constitution ont été un échec par manque de véritable dialogue. « C’est pourquoi le président Konaré et le président Amadou Toumani Touré, qui a mis en place un groupe d’expert appelé CARI dirigé par le constitutionaliste Daba Diawara à l’époque, ont finalement renoncé à leurs tentatives de révision constitutionnelle. Le président IBK doit revoir sa copie pour réussir ce pari. La constitution de 1992 dont il est aussi acteur, a été l’œuvre de tout le peuple entier. Réviser une constitution qui doit définir le Mali nouveau sans l’ensemble du peuple et cela en cette période de crise est mal parti. Au président IBK de saisir le sens de l’histoire de l’évolution de son peuple. »

Fakara Faïnké

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