Le président du Parena Tiébilé Dramé était face à la presse, le jeudi 14 février, à la Maison de la presse. Comme à l’accoutumée, il a dressé un tableau sombre de la gestion du pays par le régime en place.
D’entrée de jeu, le conférencier a laissé entendre que le Mali, en ce début d’année, est confronté à plusieurs crises dont la combinaison menace ses fondations. Parmi ces crises, selon lui, il y a une crise sécuritaire particulièrement grave qui a fait plus de 1.800 morts en 2018 et qui s’est étendue du nord au centre.
À l’en croire, à côté de cette crise, il y a aussi une crise politique née de la dernière élection présidentielle organisée sous l’emprise de la fraude ; une crise institutionnelle qui fait que la quasi-totalité des institutions n’ont plus de légitimité et une crise financière grave. Le président du Parena n’a pas manqué de noter le mécontentement et les grognes sociales qui se traduisent par la défiance vis-à-vis de l’Etat.
Aux dires de M. Dramé, en 2017, il y a eu 716 morts au Mali et du premier janvier au 31 décembre 2018, 1.814 personnes ont été tuées dont 1026 personnes au centre du pays. Parmi ces victimes, il a noté que 697 civils ont été tués en 2018 au centre contre 114 civils tués en 2017. Selon Tiébilé Dramé, cette explosion de violences coïncide avec l’entrée en fonction du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga. Il a également souligné qu’une guerre civile intercommunautaire est en cours au centre du pays dont une dizaine de villages ont été incendiés en 2018 à cause de cette guerre.
Comme recommandations sur le plan sécuritaire, le président du Parena demande aux tenants du pouvoir de se démarquer en paroles et dans les faits de tous les groupes armés irréguliers et illégaux ; de mettre en place, de toute urgence, une commission indépendante d’enquêtes pour faire la lumière sur les graves violations des droits humains perpétrés au centre ; de rechercher et punir tous les auteurs et complices des crimes abominables commis au centre ; d’enquêter sur l’origine des armes de guerre et leur circulation dans les régions de Ségou et Mopti.
Il recommande aussi de démanteler les check-points illégaux installés au vu et au su des autorités locales et régionales ; de mettre fin au délit de faciès ; de désarmer et dissoudre les milices ; de déployer dans le centre des observateurs indépendants des droits de l’homme ; d’organiser des patrouilles régulières FAMA-Force Minusma ; et de convoquer des assises régionales sur la restauration de la sécurité, de la stabilité et sur la bonne gouvernance au centre.
Parlant de la crise financière, le conférencier a indiqué que l’Etat fait une propagande en disant que le Mali est la 3ème économie de l’Uemoa. Selon lui, en 2018, les principaux services pourvoyeurs de recettes de l’Etat n’ont pas été en mesure d’atteindre les objectifs assignés. M. Dramé dira que c’est à cause de la mauvaise gouvernance et de la mauvaise gestion que la pression fiscale au Mali est allée au-dessus de 12% faisant perdre à notre pays 4 points dans l’espace Uemoa.
Par ailleurs, le président du Parena a fait savoir qu’au niveau du secteur minier, les recettes fiscales sont passées de 48 milliards de Fcfa en 2016 à 8 milliards en 2018. À l’en croire toujours, de 2016 à 2018, les 40 milliards de recettes fiscales provenant du secteur minier se sont évaporés, or la production d’or continue.
Autre révélation faite dans ce secteur par le conférencier, c’est qu’aucun dividende n’a été versé à l’Etat pendant cette période. En termes de dividendes non versés, il a aussi révélé que le PMU-Mali n’a pas versé un franc à l’Etat en 2016 et 2017. Pendant qu’en 2014 et 2015, la société a versé à l’Etat (l’actionnaire à 75%) 2 milliards 635 millions de Fcfa.
En 2018, selon M. Dramé, ce sont seulement 460.000.000 de Fcfa qui sont été versés à l’Etat en termes de dividende par le PMU-Mali. Tiébilé Dramé a souligné que les impayés de la dette intérieure au niveau du trésor public s’élèvent à 200 milliards de Fcfa.
Diango COULIBALY