Pour manifester son désaccord sur le processus de révision constitutionnelle, et le projet routier prioritaire du président (PPP), le parti PARENA a organisé une conférence de presse à la Maison de la Presse, le samedi 10 juin 2017. Elle était animée par son président, Tièbilé Dramé en présence de nombreux militants et du parti du Bélier blanc et de l’opposition.
Vêtu d’un grand boubou bleu et coiffé d’un bonnet noir, le président du PARENA, comme l’on pouvait s’en douter, s’est désormais mêlé dans la danse. Celle sur la révision constitutionnelle, à partir u référendum du 09 juillet prochain. Ainsi, devant les Hommes de media il a clairement exprimé son désaccord sur la révision de la constitution. Mais aussi se prononcer sur le projet routier prioritaire du président (PPP).
Cette conférence s’est déroulée en présence de nombreux militants du parti du Bélier blanc, et de l’opposition politique malienne, parmi lesquels le chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaîla Cissé non moins président du parti URD, l’ancien premier Soumana Sacko président du parti CNAS Faso Hèrè et bien d’autres.
Le premier point abordé lors de cette conférence porte sur la révision de la constitution de 1992. Pour le président de PARENA, le président de la République, le gouvernement et majorité des députés veulent réviser le fruit d’un consensus républicain élaboré par toutes les forces vives du Mali pendant la conférence nationale souveraine organisée au lendemain de l’insurrection populaire victorieuse de mars 1991.
« Si elle n’est ni le saint Coran ni la sainte Bible, elle ne doit pas et ne peut être révisée sans dialogue politique, sans concertation avec l’opposition et les forces vives du pays » a-t-il précisé.
Selon lui, organiser un scrutin référendaire révèle de la cécité et du manque de sagesse, au regard des conditions dans lesquelles notre Mali se trouve à l’heure actuelle. D’où l’occasion pour lui d’égrener un chapelet de crises dont le pays est plongée. A savoir : l’insécurité rampante avec son lot de victimes, surtout militaires (il a parlé de 500 personnes tuées du 1er janvier au 8 juin 2017, plus de 500 écoles fermées au nord au centre et moins 70 sous-préfets contraints à fuir leurs postes).
Pour le président du PARENA, cette révision de la Constitution n’a d’autre but que de renforcer le pouvoir du président de la République : « c’est une révision pour rien à l’exception de la volonté de créer d’un monarque, un ‘’Mansa’’, un ‘’Faama’’ comme jadis au Mandé ou au pays de Ségou ».
Enfin, il dira que ce qui est en cours, n’est pas une révision, mais « un bricolage de la constitution de 1992 ». Et que la dernière épreuve de bricolage est apportée par l’avis émis par la Cour constitutionnelle le 6 juin passé. Et pour ces raisons, le PARENA invite le président de la République à retirer ce projet.
Les projets routiers prioritaires du président
Tièbilé Dramé, a apprécié positivement l’initiation des projets routiers visant à désenclaver plusieurs localités du pays. Car, selon lui, les populations et l’activité économique souffrent. Mais il exprime des griefs par rapport à ce qu’il appelle le montage financier douteux et scabreux avec, comme résultat, une énorme évaporation financière au détriment du contribuable malien.
Selon lui les PPP ont deux caractéristiques principales à savoir : le financement à partir du budget national et l’attribution des marchés à la suite d’une consultation restreinte ; caractéristiques qui, selon lui, ont ouvert la voie à d’énormes surfacturations et à des détournements de deniers publics.
Il soutiendra que plusieurs exemples d’infrastructures confortent les soupçons de surfacturations qui sont à déplorer. Notamment les chantiers du deuxième pont de Kayes long de 532 m et 26m de large, qui a nécessité une enveloppe de 36 milliards de FCFA aux contribuables maliens. Par contre, celui de Sotuba, long de 1616 m sur 24m a couté 30 milliards, soit 6 milliards de moins que le pont de Kayes qui fait moins du tiers de sa longueur. Les voies d’accès au pont de Kayes battent les records de coût, le kilomètre facturé à plus de 1 milliard de nos francs.
Le PARENA trouve que cela est inacceptable pour le contribuable malien qui en souffre et invite le chef de l’Etat à ne pas couvrir de son autorité ces dilapidations grossières des deniers publics et que ces marchés doivent être revus et que les travaux soient payés à leur juste coût.
Par le biais de son président, le PARENA exhorte l’Assemblée Nationale à diligenter une enquête parlementaire pour faire toute la lumière sur les conditions de financement des PPP, et exige la démission immédiate de tous les responsables impliqués dans le montage des dossiers et la passation de ses marchés.
Par Jean Joseph Konaté