La tête de Mara mise à prix : Le blues du Rpm

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Présentation de vœux du personnel de la Primature au Premier ministre : Un moment de communion et de vives émotions !Désormais, c’est certain, le très populaire jeune premier ministre d’Ibrahim Boubacar Keïta dans l’opinion d’une grande partie des Maliens, coupe le sommeil au Rassemblement Pour le Mali, le parti présidentiel qui pense qu’il ne cesse d’envahir son espace vital, menaçant même à terme d’asphyxier ses intérêts vitaux. Le parti d’Ibrahim Boubacar Keïta a tellement le blues qu’il n’envisage pas d’autre solution que le départ de « cet intrus de Mara » qui ne cesse de donner des nuits blanches à ses « vieux pères » en voulant forcer la porte de la Maison des tisserands. C’est une histoire de cowboys qui s’annonce où le « kid » Mara, le pistolero à la gâchette rapide, le héros de l’odyssée du Nord dont la tête est mise à prix, a une longueur d’avance sur ses poursuivants, malgré les apparences.

 

Entre Mara et le Rpm c’est comme dans un feuilleton à rebondissement. Sa nomination comme premier ministre n’avait pas été du tout du goût du parti majoritaire qui trouvait qu’il était mieux à sa place au ministère de l’Urbanisation et de la Ville, comme dans le gouvernement TatamLy. Les esprits étaient tellement échauffés chez les tisserands qu’il a fallu l’arbitrage d’IBK  un temps approché pour trancher. En dessous de la fronde il y avait les ambitions cachées de clans dont le plus visible était celui du duo Téréta-Karim : Téréta, l’inamovible secrétaire général et Karim Keïta, le fils de son père,  député élu en commune II et président  de la commission Défense et sécurité à l’Assemblée Nationale. Mais le président de la république connait son monde et sait comment le tenir. Sans état d’âme qu’il avait choisi Moussa Mara, en sachant que cela ne serait pas sans contestation sinon opposition forte des leaders de son parti, le Rpm. Il savait aussi que Téréta dont l’autorité est au-dessus de la présidente de la formation, Rokia, encore moins un autre responsable, quel qu’il soit, n’aurait le toupet de lui faire directement grief du choix de Mara. Parce qu’ils savent, mieux que quiconque, ce que le RPM doit à son aura personnel et à sa dimension d’homme d’Etat, qui ont eu un effet d’entrainement aux élections législatives qui ont fait des tisserands le parti majoritaire. A ceux qui évoquaient le principe sacro-saint du fait majoritaire qui doit se refléter à la tête de l’Exécutif, avec un cadre du Rpm à la Primature, IBK clouait le bec en leur demandant par qui était arrivé ce triomphe. Imaginez un peu la confusion chez ses interlocuteurs !

Bon gré, mal gré, les responsables du Rpm ont dû ravaler leur rancœur et leur humiliation, se promettant de prendre bientôt leur revanche sur « ce diable de Mara, le responsable irresponsable de tous leurs malheurs ». A la question d’IBK de savoir quelle carte de rechange le Rpm avait en cas, personne n’osait avancer un nom, de crainte de subir les foudres du Kankélétigui, qui n’aime pas être trimballé pour des enfantillages. D’autant plus que le chef de l’Etat avait longtemps attendu, venant des cadres du parti un projet de société exhaustif et considérable pour sa gouvernance. A tel point que cela commençait à faire jaser depuis un certain temps. Entre temps, IBK avait pris de plus en plus Mara en sympathie qui lui démontrait chaque jour qui passait une fidélité sans faille, en plus d’une performance et une efficacité redoutables dans les affaires. Le projet de Déclaration de Politique Générale de Moussa Mara, séduisant et complet à tous égards a fait le reste. A son poste, face à ses aînés capés au sein du gouvernement dont plusieurs pouvaient prétendre être appelés « tonton » par lui, il a démontré à l’exercice une étonnante maturité et l’autorité indispensable. Toute chose qui a fait qu’IBK, les ministres et l’opinion publique l’ont pris au sérieux. L’opposition déclarée n’a pas été la dernière à se rendre compte de ses potentialités et des dangers qu’il représente pour elle. En cas de succès de la DPG de Mara, le premier ministre allait se placer en pôle position devant tous les présidentiables et cela allait devenir malaisé, sinon impossible de le déboulonner de sa trajectoire triomphale. Avec la motion de censure déposée contre lui et son gouvernement, elle a cru l’heure venue de faire sa fête à « ce trublion de Mara » avec l’affaire de son voyage tumultueux à Kidal, après celle de l’avion présidentiel et de l’achat d’armement de gré à gré pour une soixantaine de milliards. Mal lui en a pris, car cette initiative a été sanctionnée par un vote massif des députés contre.

La majorité, faisant taire ses dissensions, avait pour l’heure parfaitement joué le jeu de la cohésion. Fort d’un tel plébiscite le premier ministre Mara a voulu formaliser ce formidable élan dans une coordination des partis de la majorité dans laquelle il s’est impliqué jusqu’au moindre détail. Ce qui n’a pas plu aux caciques du Rpm qui y ont vu une manœuvre pour encore les faire gros jean comme devant. Leur réplique les a conduits dans une tournée des popotes chez les partis alliés, dont l’Adéma en premier, pour circonscrire la menace. Marae voulant se dévouer pour la cause majoritaire a-t-il réellement un agenda caché ? Cela ne fait plus aucun doute pour les Téréta qui par rapport au cas Mara, comme les chats échaudés  craignant l’eau froide. Il fallait donc crever l’abcès en passant par le président Ibrahim Boubacar Keïta.  A Sébénicoro, des émissaires du Bureau politique national du Rpm et des députés du parti ont fait part de leurs appréhensions quant à l’intrépide Mara, dont l’audience, malgré tout, n’est pas en berne dans l’opinion, parce qu’il est considéré à tort ou à raison, c’est selon, comme un héros après l’épisode douloureux de son voyage à Kidal. Ils ont fini par demander la tête de Mara à IBK , pour écarter les menaces qu’il fait peser sur la cohésion du parti et pour plus de clarté dans la gouvernance du père fondateur du Rpm. Seront-ils écoutés ?

On ne voit pas comment au vu des défis actuels IBK se résoudrait, encore une fois, à remettre l’ouvrage sur le métier de la Primature. Cela ne ferait pas sérieux, dans le contexte actuel, de désavouer un premier ministre aussi charismatique, qui a pris à bras le corps la résolution de l’équation du Nord,, alors que viennent de s’achever de belle manière, aux yeux du monde entier, les préliminaires des pourparlers de la dernière chance d’Alger, entre les groupes armés du Septentrion et la délégation gouvernementale malienne.

Oumar Coulibaly

 

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6 COMMENTAIRES

  1. Je vous en prie de laisser à César ce qui lui appartient, ne soyons pas autant égoïstes THERETA mérite ce poste mieux que quiconque à moins que lui même jette l’éponge. La sérénité du régime d’IBK passe nécessairement par une Primature-RPM.

  2. le tres populaire moussa mara a eu 1% aux elections donc cest quoi etre populaire moussa mara finance des journaux pour faire sa promotion et avec nos sous pauvre mali.
    pietre politicien pietre homme d’etat moussa mara menteur n’a -lus d’avenir politique .

  3. Le populaire jeune 1er Ministre Moussa Mara avec 2 pour cent aux élections présidentielles?. IBK a fait érreur sur la personne et il est contraint de le changer pour sauver sa tête. Ce ne sérait donc pas pour les beaux yoeux du RPM qu’il fera ce changement. Deux tocards au sommet de l’Etat,c’est la catastrophe.

  4. La praxis sous nos tropique veut que le PR soit la locomotive et décide de tout. Son parti est à sa remorque et à sa merci. Notre démocratie est fragile et le renforcement des partis passe par des cadres des directions assez bien formés et conscients de leurs rôles. Mais malheureusement, ils sont presque tous alimentaires et incapables de penser “pays et partis”. Avec de tels cadres on ne construit pas une démocratie ds un pays fragilisé par des putschistes et des politiciens véreux.

  5. Face à la nullité crasse du gouvernement d’incapables de Ladji Naloma et de son Moro Mara de Malheur, comment nettoyer les écuries d’Augias dans la gestion publique au Mali?

    Nous avons largement débattu les causes immédiates et lointaines de l’effondrement de l’État au Mali en 2012 et du maintien de la population à un niveau inacceptable de conditions d’existence.

    Nous avons maintes fois démontré que cet état de fait était indépendant du régime politique du pays.

    Que ce soit en dictature ou en démocratie, les pouvoirs publics n’ont jamais pu inverser la courbe de la pauvreté au Mali et de la déliquescence de l’État.

    La très mauvaise gestion des finances publique du régime de Ladji Naloma depuis maintenant 1 an, atteste cet état de faite.

    La raison est que la gestion publique du pays n’a pas vraiment changé ces 45 dernières années et pose toujours le problème de l’effectivité et de l’efficience des dépenses publiques en même temps que le problème des contre performances des recettes publiques.

    Comment voudriez vous qu’un système démocratique apporte le progrès économique et social si l’État continue à être géré de la même manière qu’en régime dictatorial?

    Il faut changer radicalement les pratiques de la gestion publique au Mali sinon le pays s’écroulera à nouveau dans une dans quelques années.

    Pour cela il faut maîtriser les flux décisionnels et les stocks de patrimoine de l’état.

    Les flux décisionnels représentent les canaux organisationnels qui vont du sommet de l’État à ses plus petits agents exécutants dans ses plus petits services centraux ou déconcentrés ou de ceux des collectivités territoriales.

    Le patrimoine de d’État représente non seulement l’ensemble des avoirs de l’État (biens meubles, immeubles, actifs financiers et monétaires) mais aussi l’ensemble des engagements de l’État (dettes et autres engagements envers des tiers).

    Les flux décisionnels impliquent les ressources humaines de l’Etat (fonctionnaires, contractuels et autres agents détachés), alors que le patrimoine met en parallèle ce que possède l’Etat (en pleine propriété, en nue propriété ou en usufruit) et ce qu’il doit aux autres et dont il a l’obligation de rendre à un moment précis.

    Le processus décisionnel influe sur le patrimoine de l’État et conditionne sa performance dans la fourniture des services publics aux citoyens.
    Le problème de la gestion publique au Mali, c’est que ni les flux décisionnels ni le patrimoine de l’Etat ne sont maîtrisés par les pouvoirs publics, et cela dure depuis 45 ans.

    Combien sont les fonctionnaires et les agents de l’État et des collectivités territoriales et qui fait quoi, quand et où et pour quelle fin?

    Voilà le serpent de mer de la gestion publique au Mali.

    Bien sûr, que l’administration malienne a ses règles de fonctionnement et que les finances publiques ont un système de contrôle à priori (contrôle financier) et à posteriori (le contrôle général d’état et maintenant le bureau du vérificateur général), mais les gardes fous qu’ils établissent ne permettent pas de sécuriser ni les flux décisionnels, ni le patrimoine de l’État.

    Dans la gestion financière de l’Etat les relations entre ordonnateurs et comptables publics sont floues et parfois sournoises.

    Le système de recrutement de l’État est une véritable bouillabaisse au poulet.

    Idem, le système d’enseignement qui permet d’accéder à la fonction publique si jamais le diplôme présenté lors des concours d’intégration à la fonction publique est bien sanctionné d’une formation et d’un examen dûment validé aux sorties d’une école reconnue.

    La gestion des carrières et les avancements en salaires et autres avantages posent un problème permanent de cohérence, d’éthique et de performance.

    La décentralisation à marche forcée n’a pas facilité les choses.

    Donc que ce soit dans l’acquisition du savoir des futurs agents de l’État, et des collectivités territoriales, leur entrée dans la fonction publique et les relations du travail à l’intérieur de la fonction publique, il faut radicalement revoir les pratiques pour espérer sécuriser les flux décisionnels et le patrimoine de l’État et des collectivités territoriales.

    Pour cela il faut un code d’éthique et de bonne conduite, une structure de contrôle de sa mise en œuvre effective et une structure de répression de son non respect.

    Ce code d’éthique et les structures de contrôle de son application et de répression et de son non respect permettront de sécuriser les flux décisionnels de l’Etat (des décisions prises aux conseils des ministres, aux décisions prises dans les plus petits services de l’Etat et des collectivités territoriales).

    Après avoir sécurisé les flux des décisions, il faut sécuriser le patrimoine de l’État en renforçant les contrôles à priori de l’opportunité des dépenses publiques avant même qu’elles ne soient engagées.

    La notification des crédits du budget d’État et des budgets des collectivités territoriales, et les visas des contrôleurs des finances doivent être faits avec la plus grande rigueur.

    Les décaissements de fonds des projets de développement doivent suivre la même rigueur, ainsi que les dépenses d’investissement et de fonctionnement des entreprises publiques.

    Parallèlement, le processus d’encaissement des recettes de l’Etat que ce soit à la douane, aux impôts, au trésor public ou aux domaines, doit faire l’objet d’une surveillance accrue et tout manquement doit être sévèrement réprimé.

    Même chose pour les collectivités territoriales surtout avec l’encaissement des taxes locales.
    Idem pour les recettes des privatisations et de mises en concessions de biens publics.

    En plus du renforcement du contrôle à priori, il faut multiplier des missions de contrôle financier à posteriori avec des audits systématiques (audits financiers et audits de performance) pour s’assurer non seulement de l’effectivité et de l’efficience des dépenses engagées, mais aussi de la performance des recettes encaissées.

    Outre les contrôles des dépenses et des recettes publiques, il faut amplifier les contrôles financiers de l’Etat au niveau des dettes et autres engagements pris par l’Etat à la Direction nationale des dettes publiques, à la Direction Nationale des marchés publics et à la Direction Nationale du Budget (notamment à la division de la comptabilité matière pour la gestion des baux avec les privés et à la division des aides budgétaires extérieures, pour les engagements donnés ou reçus de l’extérieur).

    Ensuite, le matériel public (véhicules, matériels informatiques, matériels industriels, matériels militaires, œuvres d’art, objets antiques, mobiliers, installations électriques, agencements, matériel de bureautique et de télécommunications…) les fournitures stockables et non stockables (carburants, eau et électricité, téléphone) et les biens immeubles (terrains, forêts classées, domaines fonciers, mines, carrières, barrages, centrales électriques, usines, chantiers, constructions, bâtiments publics et leurs entretiens…) de l’Etat doivent être complètement répertoriés dans un fichier informatique régulièrement mis à jour et régulièrement contrôlé par une structure compétente.

    Ce contrôle de patrimoine public doit aller de pair avec des actions judiciaires intenses à l’encontre des auteurs de tout manquement aux biens publics par négligence grave ou par d’autres infractions.

    Une large collaboration entre les auditeurs et le procureur de la république est nécessaire et un traitement diligent des dossiers judiciaires au niveau des tribunaux est plus que nécessaire.

    Mais au déjà du contrôle et de la répression il faut améliorer les performances publiques par une meilleure planification financière au niveau de l’élaboration des budgets programmes, et des budgets spéciaux d’investissement par une meilleure adéquation des ressources et des emplois publics.

    Il faut bien en amont du processus de budgétisation avoir une claire identification des besoins publics en ressources humaines, matérielles et financières, dans une logique d’orientation à long terme des actions gouvernementales.

    Wa salam!

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