On se souvient que le mercredi 18 février courant, le Gouvernement avait annoncé son intention d’organiser et de tenir lesdites élections pour la date du 26 avril 2015. Mais une semaine plus tard, lors d’une réunion ténue le mardi 24 février 2015, et s’inscrivant dans le cadre d’une concertation entre les partis politiques et le Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, nombreuses ont été les formations politiques qui ont incriminé cette programmation faite par le Gouvernement.
Pour certaines de ces formations politiques, il conviendrait mieux de reporter “à nouveau” ces élections, car avec la situation qui prévaut actuellement dans le nord du pays, il serait illusoire de vouloir tenir des élections dans certaines contrées qui d’ailleurs ne sont pas sous l’autorité de l’État malien.
Par contre, d’autres partis politiques qui ont pris part à cette réunion de concertation, ont catégoriquement rejeté toute idée de report de ces élections. C’est le cas du parti Mouvement Patriotique pour la Justice Sociale (Mpjs) au nom duquel son président Mamadou Maïga a déclaré que “le Gouvernement doit prendre ses responsabilités, car certains partis politiques ne seront jamais prêts et la situation sécuritaire au nord du Mali n’est qu’un prétexte. Si le Gouvernement venait à accepter cela, ce serait un troisième report. Et la question qu’on pourrait se poser est : Allons-nous encore assister à des délégations spéciales qui ont été un échec total dans le passé ?”.
Parmi ceux qui cautionnent la position du Mjps et de son président, certains ont même rappelé qu’on peut organiser ces élections de façon partielle et cela ne sera pas une première au Mali. Selon eux, par le passé le Mali à eu à organiser des élections partielles compte tenu des circonstances qui prévalaient en ces temps-là. Donc, pourquoi pas cette fois-ci. Pour eux pas question de reporter une troisième fois ces élections. Mais du côté de ceux qui soutiennent le report des élections, les prétextes qu’ils avancent ne sont pas moins valables ; ils argumentent qu’il est pratiquement impossible d’organiser des élections dans toutes les localités du pays, compte tenu de ce qui se passe dans le septentrion du pays, spécifiquement dans la région de Kidal.
Prétendre pouvoir organiser des élections, dans le contexte actuel, sur toute l’étendue du territoire nationale, est tout simplement une utopie. Or en organisant des élections partielles, en différant le scrutin à Kidal et sa région, reviendrait à cautionner la partition du pays. Surtout que les mouvements armés qui occupent les lieux en ce moment, ont annoncé leur intention d’organiser leurs propres élections, indépendamment de l’État malien.
En analysant le problème sous un autre angle, il ressort que les élections régionales et communales ont déjà fait l’objet de deux reports. Une première fois, elles ont été reportées au 27 octobre 2014, alors qu’elles auraient dû se tenir le 27 avril 2014. Une deuxième fois elles ont été reportées de six mois à compter du 27 octobre 2014. Au regard des textes régissant ces élections, le mandat des conseillers municipaux ne peut être prolongé au delà de deux fois six mois. Ce qui est déjà fait et la date butoir est le 26 avril 2015, si les élections n’ont pas lieu, nous nous retrouverons dans un vide juridique.
Cependant, une autre alternative est envisageable, afin d’éviter le “vide juridique”. Il s’agira, à défaut de ne pouvoir organiser ces élections, de mettre en place des délégations spéciales. C’est là une opération très couteuse, car le Mali compte 703 Communes et il n’est pas évident que l’État malien ait les moyens de les doter toutes, de délégations spéciales. Par ailleurs cette dernière alternative pourrait s’avérer discriminatoire pour les Communes qui ne seront pas dotée de délégations spéciales.
Décidemment le problème des élections communales et régionales et un vrai casse-tête pour le Gouvernement.
Mamadou GABA