Tentatives de sabordage du pouvoir : Poulo joue et perd

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Le ministre Housseini Amion GUINDO
L'ex- ministre de l'Education, Housseini Amion GUINDO

La Convention de la majorité présidentielle (Cmp) n’étant pas une camisole de force, Husseini Amion Guindo alias Poulo a eu à plusieurs reprises l’opportunité de quitter ce regroupement de soutien à IBK. Mais il y est resté, certainement pour mieux dérouler son plan machiavélique de sabordement du régime par la fameuse méthode de l’entrisme, question de sauter du navire au dernier moment, lorsqu’il devra couler. Malheureusement pour lui, sa stratégie n’a pas propspéré car la Cmp reste debout, tandis que lui est en train de couler, balloté par les vagues déferlantes de démissions au sein de sa formation politique, la Codem.

Les thuriféraires de la Majorité présidentielle l’ont toujours dit : ils ne font pas confiance à Husseini Amion Guindo alias Poulo car rien, dans ses propos et ses actes au quotidien, ne révèle le soutien au président IBK dont se réclamait son parti, la Codem, en tant que membre de la Convention de la majorité présidentielle (Cmp).

Le temps finira par donner raison à tous ceux qui doutaient de sa bonne foi envers le président de la République car Poulo vient de révéler à la face du monde qu’il peut sans scrupule lâcher ses prétendus meilleurs amis au milieu du gué, comme il vient de le faire, en démissionnant avec fracas de son poste de ministre de l’Education. Après avoir fait motus et bouche cousue sur le soutien à apporter au président de la République candidat à sa propre succession, au moment où les formations politiques de la Cmp rivalisent d’ardeur dans les déclarations et manifestations de soutien à IBK.

Depuis un an déjà, le bruit courait que la tendance au sein des cadres de la Codem serait de se démarquer d’un éventuel soutien à IBK pour présenter un candidat du Parti, notamment Poulo, à la prochaine présidentielle. Un document pondu par de prétendus cadres du Parti suite à une réflexion était à la base de ces informations, lesquelles consacraient les premières lézardes à la Codem, notamment avec la sortie publique du tonitruant Hadi Niangado alias Jo Walaki, menaçant de quitter la Codem si jamais ce qui se tramait prenait forme.

Pendant ce temps, bien assis sur son fauteuil ministériel, Poulo était en pleine œuvre de sabordage du régime IBK, en posant une véritable bombe sociale, notamment la crise du football qu’il a suscitée, entretenue, enflée et pérennisée. Si l’on sait combien la question du football est sensible, on comprend alors aisément que la gestion du dossier de ce dossier par Poulo, en tant que ministre des Sports, n’a contribué qu’à noircir le tableau du bilan du président IBK. C’est là où il faut comprendre la colère noire de l’actuel ministre des Sports, lorsqu’il a appris que la Fifa décidait de prolonger le mandat du Conor jusqu’au mois d’octobre prochain. C’est-à-dire que le Mali devra encore trainer, jusqu’au-delà de l’élection présidentielle, cette pseudo crise comme un boulet. Ce qui pèse lourd dans le passif du bilan du président IBK. Du grain à moudre ainsi proposé à l’opposition par un ministre des Sports, notamment Poulo, qui n’avait de souci que pour son agenda personnel. C’est d’ailleurs tellement vrai qu’après l’Assemblée générale de la Fédération malienne de football qui a élu Bavieux, tout le monde pensait en finir avec cette crise imposée et entretenue depuis le Cabinet, mais c’est justement ce Cabinet, contre toute attente, qui prétendait que rien n’était fini. La suite est connue : le ministre des Sports a écrit à la Fifa pour parler de situation e blocage, après avoir suspendu les terrains de compétition, incitant ainsi la Fifa à venir installer un Comité de normalisation. Ce qui revenait à la position de blocage soutenu par Poulo.

Nuire aux intérêts du gouvernement qu’on est censé représenter ?

Un ministre de la République soucieux du bon développement du sports dans son pays aurait-il agi ainsi, en devenant une partie d’un conflit pour l’éterniser et nuire aux intérêts du gouvernement qu’on est censé représenter ?  Mais c’est parce que Poulo avait sa propre logique, celle de dérouler son propre agenda en vue de la présidentielle, pour tenter d’y consolider la position de son parti qui a gagné du galon en se développant sur les flancs de partis alliés lors des dernières élections locales et plus spécialement en s’accrochant au parti du président de la République, le Rpm. Ce qui faisait dire à des analystes, qu’au vu des résultats engrangés, la Codem était devenue la 5è force politique du pays. Cela peut certainement engraisser les ambitions de Poulo qui voulait, par une présence marquée de son parti à la prochaine présidentielle, réconforter son ancrage national.

Il n’est pas interdit d’avoir des ambitions, mais faudrait-il être loyal envers les alliés et travailler à présenter une image d’un homme politique responsable et en qui, aussi bien à l’opposition qu’à la majorité, on pourrait faire confiance. Ce qui n’est pas actuellement le cas pour Poulo.

Des cadres d’autres formations politiques membres de la Cmp ont dû quitter le gouvernement, lorsqu’il a été question de choisir soit de rester dans l’attelage pour soutenir en contrepartie le candidat de la Cmp lors de la présidentielle soit de ne pas s’engager du candidat unique que proposerait la Cmp et donc de ne plus participer à la gestion des affaires publiques. Poulo aurait dû faire comme eux, notamment partir et préparer sa participation à la présidentielle, au lieu de chercher à encore bénéficier de la situation de rente due à son rang de ministre, tout en jetant un pavé dans la marre du régime, à chaque fois que l’occasion se présentait. En d’autres termes, Polo voulait le beurre, l’argent du beurre, la vache laitière et aussi le sourire de la crémière. C’en était trop.

Agiter un scandale financier à l’approche des élections

Sa démission du ministère de l’Education est aussi à classer à ce chapitre du travail de sabordement de l’action gouvernementale, notamment en cherchant à agiter, à quelques encablures de la présidentielle, un dossier scandaleux de fraudes sur les orientations et bourses scolaires qu’il a trouvé sur place parce que ficelé par une commission mise en place par son prédécesseur, Ag Erlaf. Après avoir fait une déclaration tonitruante sur cette affaire depuis Kayes où il était en tournée, sans même prendre l’attache du chef du gouvernement, Poulo a dérangé et naturellement la machine administrative s’est mise en route pour que ce dossier ne soit plus ébruité en cette période pré-électorale critique. Surtout que cette pratique, selon les informations qui nous reviennent, ne datent pas sous IBK car le Vérificateur général Sidi Soso Diarra, en son temps, avait réalisé un audit sur la question et qui avait révélé un manque à gagner de près de 7 milliards de no francs sur une durée de trois ans.

Mais malgré tout, des articles de presse relatifs à cette affaire continuaient de paraître et certains indiquaient que la source d’information était le Cabinet du ministre Poulo. Tout était fait comme si, à partir du Cabinet de Poulo, on cherchait à faire naître une crise au niveau de l’Education, comme pour rééditer la situation provoquée au niveau du football.

Confiance du président IBK

Le président IBK qui n’avait jamais voulu écouter les thuriféraires qu’il considérait simplement comme des oiseux de mauvais augure, a continué à accorder une confiance quasi aveugle à Poulo, jusqu’au moment où les manœuvres du président de la Codem devenaient trop gênantes et il fallait le faire partir. Poulo est-il parti de lui-même ou a-t-il été contraint à la démission ? Nous donnons notre langue au chat, non sans rappeler qu’il n’y a guère longtemps, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga avait donné un ultimatum à tous les membres de la Cmp qui ne soutiendraient pas la candidature d’IBK de se signaler et de partir. Mais Poulo n’avait pipé mot, préférant rester dans les rangs tout en tentant de saper les fondements du régime. Cette politique de l’entrisme n’a pas prospéré car avec le retour de manivelle son parti se trouve démembré par des vagues de démissions sur l’ensemble du territoire, les cadres et militants et militants n’approuvant pas sa façon de faire. Husseini Amion Guindo alias Poulo peut-il arrêter les vagues déferlantes avec ses bras ? Rien n’est moins sûr !                  

 A.B.N.

 

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