Tentative de destitution du gouvernement Mara : Pourquoi l’opposition a raté le coche

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Mali : motion de censure à l'encontre du gouvernement
Le Président malien Ibrahim Boubacar Keita lors d’une rencontre avec les leaders de l’opposition le 4 juin 2014 à Bamako.

C’est sans grande surprise que la motion de censure contre le gouvernement dirigé par Moussa Mara n’a pas eu l’aval des députés dans leur majorité. En plus de n’avoir pas pu apporter les preuves de leurs griefs contre le gouvernement pour lui tenir tête devant l’opinion nationale, l’opposition a fait une erreur de casting.

Comme le dit un adage populaire, « plus pressé que la musique, l’on danse mal ». C’est qui semble être le cas de l’opposition malienne avec cette motion de censure à l’Assemblée nationale où elle ne dispose que de 22 députés sur 147.

Pour un observateur averti de la scène politique, l’opposition s’est trop empressée en déposant cette motion de censure. Car elle aurait dû attendre le moment opportun pour le faire.

Aussi surtout que depuis sa nomination comme Premier ministre, Moussa Mara n’a jamais caché sa disponibilité et celle de son gouvernement pour se prêter aux questions orales et interpellations des députés. Et c’est cette occasion que l’opposition devrait saisir pour prouver aux Maliens que « le gouvernement actuel n’a pas la recette nécessaire pour sortir les Maliens de la situation qu’ils traversent ».

Erreur de casting

Dans son réquisitoire, l’opposition avait retenu contre le gouvernement les points suivants : la crise économique, sociale, sécuritaire, la mal gouvernance. Mais aussi, les errements dans la conduite des politiques publiques depuis l’arrivée d’IBK au pouvoir, la gestion calamiteuse des finances publiques avec des dépenses extrabudgétaires, les problèmes à l’école, les fuites aux examens du DEF et du Bac. Sans compter les mensonges au sommet de l’Etat concernant l’achat de l’avion présidentiel, la décision d’ouverture des hostilités à Kidal, le peu de lisibilité dans les négociations sur Kidal, la quasi absence du dialogue politique, la dégradation du pouvoir d’achat, l’insécurité grandissante dans les villes et campagnes, la corruption généralisée, l’opacité dans la passation de certains grands marchés de l’Etat…

Pourtant, Moussa Mara lors de sa déclaration de politique générale avait brossé tous ces points lorsqu’il répondait aux questions des députés, parmi lesquels ceux de l’opposition.

Aussi, certains de ces points ont déjà fait l’objet de débats à l’Assemblée. Notamment, « l’insécurité grandissante dans les villes et campagnes » qui a fait l’objet de débat à travers les questions d’actualité. Des débats lors desquels, le ministre de la l’Intérieur et de la Sécurité, Général Sada Samaké est revenu, en long et en large, sur la politique du gouvernement sur ces questions. Mais aussi, les mesures que le gouvernement entend mettre en œuvre pour résorber ce problème d’insécurité et la pénurie de cartes d’identité et de passeports.

Un autre point qui avait largement fait l’objet de débats est l’achat de l’avion présidentiel. Moussa Mara lors de sa DPG avait déclaré qu’il n’y a aucune documentation attestant la propriété du Mali sur l’ancien aéronef. Mais aussi, la vétusté de cet appareil qui pour lui, est une « épave » volante.

Ce qui justifie l’achat du nouvel aéronef à 20 milliards CFA à travers un prêt contracté avec la BDM-Sa.

Sur la question de son déplacement à Kidal, Moussa Mara, dès son retour a été reçu par les députés à huis clos. Une séance lors de laquelle, il s’est prêté aux questions des députés pendant plusieurs heures. Une entrevue lors de laquelle, les députés de l’opposition ne se sont pas prononcés. Et c’est quelques jours après que Mahamadou Hawa Gassama a révélé dans la presse ce qui a été dit lors de cette entrevue.

Aussi, sur sa propre demande, après les fuites au DEF, la ministre de l’Education Nationale, Jacqueline Nana Togola a été reçue à l’Assemblée Nationale pour expliquer aux députés ce qui s’est réellement passé, les mesures qu’elle a prises pour qu’il n’y ait pas de fuites au bac. Mais aussi, les sanctions qu’elle entend infliger aux personnes considérées comme étant les épicentres de ces fuites.

Et pour boucler la boucle, le président de la République Ibrahim Boubacar Keita a ouvert les portes du Palais de Koulouba à l’opposition. Dans un souci d’amorcer le dialogue politique avec les leaders de l’opposition. Occasion pour le président et ces derniers de débattre à bâtons rompus sur les questions brulantes de l’heure. Afin que les points de vue des uns et des autres soient prises. Car après tout, c’est le Mali qui sortirait gagnant.

Et c’est moins de deux semaines après cette rencontre que la motion de censure a été déposée contre le gouvernement.

Selon un observateur averti de la scène politique, l’opposition est très vite allée en besogne. Car, elle aurait dû interpeller le gouvernement, point par point, sur le contenu de sa motion, interpeller un à un les ministres concernés afin qu’ils répondent devant la représentation nationale.

Au finish, si le gouvernement ne parvient pas apporter de réponses idoines, la motion de censure interviendrait ainsi pour couronner le tout.

Si l’opposition avait agi ainsi, elle serait sortie grandie de cette motion et aurait bénéficié du soutien de la population. Mais en s’empressant de le faire, elle n’a non seulement pas eu l’aval des députés. Mais aussi, elle s’est fait ridiculiser et na’ pas été suivie par la population.

Contrairement à ce que l’opposition voulait, Mara sort plutôt requinqué politiquement. Il a renoué avec la légitimité après les remous suscités par les effets de sa visite à Kidal. Aussi, certains avaient prédit que les députés de la majorité profiteront de cette occasion pour le déposer car n’étant pas issu du RPM. Mais au contraire, il a sauvé son fauteuil et par ricochet, IBK qui semble dépassé par les agissements de certains cadres de son parti.

Georges Diarra

 

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