Tentative de hold-up sur l’URD : Boubou Cissé, le diablotin de la discorde démasqué

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La plus grande imposture de l’histoire politique a été sans contestation possible l’entrée par effraction de l’ancien Premier ministre d’Ibrahim Boubacar Kéita à l’URD à travers la porte dérobée de la section de Djenné. C’était le samedi, 26 juin dernier. Depuis, la paisible chapelle politique fondée par feu Soumaïla Cissé est ébranlée par des luttes de jactance.

La disparition brutale de Soumaïla Cissé, le 25 décembre 2020, a rebattu les cartes au sein de la formation politique qu’il a créée en 2003 après son départ de l’Adema-Pasj. L’Union pour la République et la Démocratie (URD) a connu depuis une maturation normale, qui a fait d’elle le plus parti politique, le plus solide du landerneau, au grand dam de l’Adema-Pasj et son autre excroissance, le RPM. Aujourd’hui, à un peu plus d’un an de la présidentielle prévue en 2022, le débat fait rage désormais au sein du parti de la poignée de mains pour savoir qui portera ses couleurs lors du futur scrutin présidentiel. Débat maléfique qui est comme un spectre de division dont Soumaïla Cissé n’aurait pas souhaité entendre outre-tombe.

Inconséquence politique

Les circonstances qui ont motivé la création de l’URD étaient sans ambiguïté : au regard de moult coups de Jarnac sur l’échiquier politique national, mettre sur les fonts baptismaux une formation qui fera la politique autrement, c’est-à-dire rompre avec les méthodes éculées entachées de faussetés et d’opportunisme. Or, c’est malheureusement ces tares qui rythment désormais la vie en son sein. L’inconséquence politique est en train de prendre le pas sur le réalisme. Mais les esprits clairvoyants ont vite démasqué le diablotin de la discorde en la figure de Boubou Cissé.

Ce n’est pas par hasard que cet antipolitique devenu le Premier ministre d’un président de la République qui n’a jamais eu du respect pour son propre parti, le RPM, et ses satellites de l’EPM, ait choisi de forcer son adhésion à l’URD. Sur l’échiquier national, il n’aurait sans doute trouvé aucun point de chute chez les alliés de circonstance du camp de son mentor IBK ; aucun parti politique de l’EPM n’aurait accepté de recevoir l’intrus Boubou Cissé qui, au contraire de Tiéman Hubert Coulibaly et Mamadou Igor Diarra qui ont fondé des partis politiques ou qui en assument les hautes responsabilités, ne s’est jamais engagé à conquérir des suffrages. À ce défaut politique, un mal plus grand colle à la peau de Boubou Cissé. De toute évidence, il traine des casseroles pour lesquelles il doit répondre à la justice. Des fonds de gestion du Covid-19 à la sortie expresse de 200 millions de nos francs pour mater les manifestants des 10, 11 et 12 juillet 2020, il existe contre lui plusieurs autres manquements à l’orthodoxie financière. Dans l’affaire dite  « Complot contre le gouvernement de la transition » durant le mois de décembre passé, une information judiciaire avait été ouverte pour «complot contre le gouvernement et association de malfaiteurs », dans laquelle étaient notamment cités l’ancien Premier ministre Boubou Cissé, l’activiste Ras Bath, ainsi que Sékou Traoré, un temps secrétaire général de la présidence, Mahamadou Koné, trésorier payeur général, Vital Robert Diop, directeur général de la société PMU-Mali, Aguibou Tall, directeur général adjoint de l’Agefau (le demi-frère de Boubou Cissé), et Souleymane Kansaye, receveur général du district. Affaire classée certes, mais pas élucidée et qui pourrait bien rebondir.

Clan familial

Mais l’URD semble être désormais sous la coupe réglée d’un clan familial, celle des Cissé, pas de Soumaïla Cissé, mais d’Abdoul Kader dit Sékou Cissé (député de Djenné) et sa fratrie : Boubou Cissé est leur neveu. Ceci explique bien cela. L’URD va-t-elle donc devenir une couverture commode pour l’ancien Premier ministre qui ne cherche qu’à sauver sa tête ? Les jeunes du parti, gardiens du temple, ont déjà donné de la voix en marchant contre l’imposture. Mais c’est surtout le Mali tout entier qui a décrié les prétentions de Boubou Cissé à se refaire une virginité nationale. C’est un message fort pour les responsables de l’URD et pour toute la nation malienne.

Nouhoum DICKO

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