C’est en principe le 24 novembre que les Maliens reprendront le chemin des urnes en vue d’élire leurs représentants à l’Assemblée Nationale au compte de la prochaine législature. Même si le report de ce scrutin n’est plus à l’ordre du jour, le doute persiste sur la participation de grandeur nature des Maliens. Quelques raisons.
Institution emblématique, l’Assemblée nationale est la tour de contrôle de toute démocratie représentative comme celle du Mali. Mais au Mali, force est de reconnaître que cette institution peine à trouver ses vraies marques, cinquante ans durant. Destinée à discuter et à voter des lois. Ainsi que l’initiative des lois, en plus du contrôle de l’action gouvernementale.Dans l’imagerie populaire on a tendance à le confondre à une salle de débats ‘’futiles’’ où les acteurs sont doués dan les levées de mains.
« C’est au Mali seulement qu’on voit un député levé ses deux bras pour approuver son vote », ironisait un membre de la société civile lors d’un atelier-forum au Centre Aoua Kéita.
En effet, les députés au Mali souffrent de crédibilité. On estime que ceux qui s’acharnent à occuper cette fonction serraient en quête d’immunité pour se protéger contre la justice. Pour d’autres, il s’agit des gens qui ne font rien pour leur localité respective, une fois élu. Ceux-ci estiment que tout élu est redevable à ses électeurs, à l’instar des maires.
Au regard de ces considérations, les élections législatives, malgré qu’elles soient de proximité, ne drainent pas de monde et ne suscitent point d’engouement chez la majorité des Maliens. Pour preuve après vingt ans de pratique démocratique, le taux de participation à ce scrutin n’a jamais atteint les 40%, même si d’aucuns affirment que les élections législatives annulées d’Avril 1997 avaient dépassé cette barre.
Des observateurs de la scène politique nationale évitent de tomber dans de tel pessimisme et fondent leur optimisme sur le taux record de participation réalisé au premier tour du dernier scrutin présidentiel. Pourtant au deuxième tour on a eu du mal à rééditer cet exploit. Du coup, l’élan de citoyenneté amorcé s’est estompé. On a fini à admettre que la grande mobilisation des Maliens au scrutin du 29 juillet trouvait son explication dans l’engouement suscité par l’acquisition de la nouvelle carte biométrique ‘’Nina’’ et le désir d’en finir vite avec les hommes du régime déchu d’ATT.
Au-delà de ces considérations subjectives, la chute du taux de participation lors du scrutin du 24 novembre prochain, proviendrait du laxisme des autorités en charge de l’organisation des élections dans notre pays. Comme si ses dirigeants dorment sur les deux oreilles, ils n’ont pu apporter aucun aménagement dans le fichier biométrique afin d’y insérer les ‘’nouveaux majeurs’’ et une grande partie des déplacés. Ainsi que les milliers de citoyens enrôlés, mais sans cartes d’électeurs. Ni le premier ministre encore moins le ministre de l’Administration territoriale, ne s’est employé à rectifier le tir. Du coup, c’est la cacophonie totale entre la DGE (Délégation Générale aux Elections), la CENI
(Commission Electorale Nationale Indépendante) et les services du MAT. Chacun au gré de ses fautes tire la couverture sur soi. Sans de nouvelles dispositions pour un électorat réticent comme celui de notre pays, ces législatives s’annoncent sous des mauvais auspices, en tout cas en termes de taux de participation.
« Le trop de quelque chose est aussi le manque de quelque chose », enseigne la sagesse.
Moustapha Diawara
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