Tandem ADEMA-URD : Jusqu’où ira la lune de miel ?

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Le Parti Africain pour la Solidarité et la Justice (Adema PASJ) et son rejeton l’Union pour la République et la Démocratie (URD) savourent actuellement une lune de miel dans un exhibitionnisme et narcissisme politiques à renfort de grands tapages médiatiques pouvant à la limite faire des jaloux au sein de la classe politique. Mais la question que bon nombre d’observateurs du marigot politique malien se posent et à laquelle aucun de ces deux dinosaures ne daignera répondre, est de savoir jusqu’où ira ces flonflons à l’allure d’un triomphe sans précédant qu’ils croient avoir réalisé au sortir de l’aventure électorale de cette année.

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Tous partants pour la course à la succession du général président, Amadou Toumani Touré, lequel savoure le dernier bail que le peuple vient de lui accorder à Koulouba, ils sont nombreux les observateurs clairvoyant qui pensent que la lune de miel fera un jour la place à la thune de fiel.

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Les deux poids lourds de la scène politique malienne que sont l’Union pour la République et la Démocratie (URD) et sa formation mère que est le Parti Africain pour la Solidarité et la Justice (Adema PASJ) ont depuis la présidentielle du mois d’avril dernier noué des rapports de coopération politique qui les ont permis de remporter des victoires qu’ils savourent aujourd’hui au relent d’un triomphe remporté sur le dos de leurs rivaux. D’abord au sein de l’Alliance pour la Démocratie et le Progrès (ADP), où avec l’appoint de plus d’une quarantaine d’autres partis politiques de la place, et du Mouvement Citoyen, la coalition présidentielle a réussi à faire mordre la poussière aux autres candidats, lesquels s’en sont sortis avec des jolies fessés électorales inoubliables. Koro Simbo et sa vide coquille de FDR se sont vus victimes d’une lourde sanction de la part de l’électorat du pays, par le fait que ce dernier avait fini par comprendre qu’ils sont entrain de rouler pour leurs propres ventres que les préoccupations des populations. Après le sacre triomphal d’ATT avec le score de plus de 70% des suffrages exprimés, l’ADEMA et l’URD qui se croyaient les deux principaux artisans de cette victoire par le fait qu’ils détiennent les machines électorales les plus puissantes de la place n’ont pas tardé à se liguer pour réduire les autres composantes du groupes à des comparses. C’est ainsi qu’on les a vu vouloir imposer leur diktat au CNID FYT et au Mouvement Citoyen, lors des joutes législatives de Juillet dernier, où sur sept sièges à pourvoir, les deux partis par gourmandise s’étaient dans un premier temps tous partager entre eux en ne réservant aux deux appoints deux petits sièges. Il avait fallu assez d’acrobaties de la part de Me Tall en son temps, lequel n’a pas hésité à solliciter l’arbitrage de Koulouba pour se voir finalement attribué un autre siège.

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Mais ce n’était que partie remise pour l’ADEMA de Dioncounda Traoré et l’URD de Younoussi Touré, car avant même que la cour constitutionnelle ne procède à la proclamation des résultats définitifs des élections législatives, les deux partis vont rentrer dans des officines de coups bas contre les autres alliés du conglomérat, où ils vont concocter à leur mesure un bureau fantôme de la future Assemblée Nationale, dans lequel le premier cité est proposé au perchoir et le second son adjoint. L’ADP lors d’une de ses réunions de crise avait rejeté le bureau en question en le trouvant contraire aux principes de solidarité du regroupement, qui voudraient que la concertation soit à l’origine de tout acte. Mountaga Tall qui nourrissait aussi des ambitions pour le perchoir s’était vu exclu de leur fameuse combinaison. Pourtant malgré ce rejet, les comploteurs se prévalent du fait majoritaire (soit 51 députés pour l’Adema et 34 pour l’URD) ne vont pas renoncer à leur cabale, qui a consisté à se partager les postes stratégiques pour réserver les strapontins aux autres composantes de l’ADP. Me Tall qui croyait dur comme fer à un mirage, va l’apprendre à ses dépens le jour de l’élection du président de l’AN, où il fut sérieusement savonné, avant que les autres le l’apprennent lors de lors de la mise en place du reste du bureau, où les opérations avaient l’allure d’un jeu fait d’avance.

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Depuis, les deux partis ne cessent de savourer leur triomphe arbitraire conquis au détriment des principes de solidarité de regroupement. Mais la question que bon nombre d’observateurs se posent, c’est de savoir jusqu’où ira cette lune de miel ?

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En effet, cette retrouvaille qui se fait autour du chef de l’Etat est appelée un jour à se disloquer quand vers la fin du mandat de ce dernier la guerre de positionnement pour sa succession va commencer. Etant tous partants pour la course à la magistrature suprême de 2012, ces deux partis verront leur lune de miel tourner en thune de fiel. Les ambitions étant contradictoires, il va s’en dire que la séparation sera brutale et que les amis d’aujourd’hui seront les ennemis de demain. Déjà, Dioncounda l’avait souligné lors d’une de ses sorties en martelant que le reconquête du pouvoir par son parti en 2012 passait par le soutien au président Amadou Toumani Touré. Tandis qu’au niveau de l’URD le ministre Oumar Ibrahim Touré n’est même pas content du fait que son parti ait renoncé au perchoir au profit de l’Adema. Mais il n’est pas le seul à partager ce point de vue, car beaucoup comme lui pensent que l’acte incarne l’absence d’ambition pour le parti, qui pouvait en faire un appui solide pour la course à la magistrature suprême.

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Abdoulaye Diakité        

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