Les élections au Mali sont un véritable paradoxe, vu le mode de scrutin, un scrutin majoritaire à deux tours et un scrutin proportionnel. Beaucoup d’observateurs se sont plaints de ce mode de scrutin qui exige des efforts sur le plan matériel et humain.
Cette situation a été décriée par bon nombre d’hommes politiques maliens et d’observateurs étrangers. Pour le chef de la mission d’observation de l’Union Européenne, Louis Michel, ancien ministre belge des affaires étrangères, le système électoral malien se caractérise par sa complexité.
Selon Louis Michel, c’est ce qui explique les contestations lors des scrutins. « Le système majoritaire à deux tours qui porte sur les élections législatives et présidentielles est si complexe que parfois, avec le jeu des alliances, il arrive que des candidats de partis de l’opposition et de la majorité se retrouvent sur une même liste, le cas de la circonscription électorale de Dioila où c’est une alliance Adema/Urd/Rpm/ Fare qui l’emporte. A Sikasso, c’est la liste Rpm/ Mpr/Fare Anka wuli qui triomphe de la liste Adema Pasj/Codem/ Miria. Mieux, souligne le chef de la mission d’observation de l’UE, il peut arriver que des candidats impopulaires à cause de ces jeux d’alliance se fassent élire, ce qui constitue un facteur de découragement pour les populations. Ce ressortissant de Sikasso qui a requis l’anonymat embouche la même trompette : « si, ce n’est pas le système des jeux d’alliance, Fare ne gagnera jamais à Sikasso », explique t-il avec un geste qui illustre son degré de découragement. Même triste réalité pour les municipales, où un parti peut avoir le plus grand nombre de conseillers et perdre avec le jeu des coalitions. Pour le chef de la mission d’observation de la Cedeao, Pr Amos Sawyer, au delà de la complexité du système électoral malien, avec les deux tours l’organisation des élections coût cher et au Mali et à la communauté internationale. C’est pourquoi, estime-t-il, le mode de scrutin est à revoir pour amoindrir les coups et rendre le système plus souple.
Pour l’honorable Lanceni Balla Keita, cette situation favorise plutôt le parti au pouvoir. A ses dires, l’exemple le plus palpable reste le cas de la circonscription électorale de Kati qui dispose de 7 sièges de députés. Ces 7 députés peuvent appartenir d’office au parti au pouvoir et à ses satellites. Guida Waigalo, ancien chargé de mission au ministère de l’éducation, déplore le retard que le Mali accuse par rapport à l’évolution. Avant de regretter que malgré le fait que le Mali soit un des pionniers de la démocratie en Afrique, il est encore à la traine en la matière. Enfin, souligne t-il, ce système fait que beaucoup de citoyens pensent que l’électeur est un mouton de Panurge.
Badou S. KOBA