Suspension des opérations annuelles de révision des listes électorales : La CENI dénonce la violation de la loi par le ministre Moussa Sinko Coulibaly

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Dans le cadre de sa mission de supervision et de contrôle du processus électoral, la CENI vient d’alerter le Premier ministre, Cheick Modibo Diarra sur la décision unilatérale et illégale du ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, le Colonel, Moussa Sinko Coulibaly, de suspendre les opérations annuelles de révision des listes électorales prévues du 1er octobre au 31 décembre de chaque année par la Loi électorale modifiée du 4 septembre 2006. En attendant une conférence de presse qu’il compte animer le mardi prochain, le président de la CENI, Mamadou Diamoutani a rencontré les patrons de presse, hier au siège de son institution, pour leur expliquer tout ce que la CENI avait fait par rapport au processus électoral jusqu’aux évènements de mars dernier et les contours techniques de cette décision non justifiée du ministre Moussa Sinko Coulibaly.

Le président de la CENI Mamadou Diamountani entre le premier vice-président, Issa Kampo et le premier questeur, Ousmane Thera

Depuis sa mise en place en septembre 2011, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) avait programmé dans ses activités des rencontres périodiques avec la presse sur le processus d’avancement de l’organisation des élections. Après une première rencontre le13 janvier dernier, le processus a été brutalement arrêté après les évènements douloureux de mars dernier. Néanmoins, la CENI qui est l’émanation des partis politiques et de la société civile et dont la mission prend fin officiellement le 30 novembre prochain (soit trois mois après les résultats  des dernières élections qui devraient être le deuxième tour de la députation avortée) continue de veiller sur le processus électoral. Cela est d’autant plus indispensable si l’on sait que l’organisation des élections générales est l’une des deux missions principales confiées au gouvernement de transition.

Pour cette rencontre avec la presse, le président Mamadou Diamoutani était entouré du premier vice-président, Issaga Kampo et du premier questeur, Ousmane Théra. Cette rencontre a permis d’évoquer en long et en large la révision des listes électorales. Garant moral du processus, selon M. Diamoutani, il ne peut pas y avoir d’élection crédible sans la CENI qui est l’œil des partis politiques et de la société civile dans l’organisation des élections.

Pour les élections générales avortées de 2012, le président de la CENI dira qu’en mars, on était à la phase de personnalisation des cartes d’électeurs et de dépôt des candidatures. A ce niveau, il a précisé que les informations selon lesquelles des urnes bourrées de bulletins de candidats ont été retrouvées à Koulouba lors des évènements de mars étaient fausses car sans la validation des candidatures, il ne pouvait y avoir de bulletin si l’on sait que c’est le principe du bulletin unique qui était retenu pour ces élections. Le président de la CENI d’ajouter que techniquement, il était possible d’organiser le premier tour de la présidentielle le 29 avril dernier, cependant, il précise que l’aspect politique et sécuritaire dépendaient des autorités politiques qui étaient aussi décidées à assumer leur rôle.

La CENI avait déjà mis en place ses 795 démembrements, formé ses 4 644 membres et recruté ses 23 400 délégués pour autant de bureaux de votes.

Après les évènements de  mars, la CENI, sur décision du nouveau premier ministre, a suspendu les activités de ses démembrements dont l’entretien coutait plus de 100 millions de FCFA par mois. Ces structures seront réactivitées dès que le processus électoral sera mis sur rail. Cependant la CENI mère continuera ses missions. C’est dans ce cadre qu’elle a reçu  la visite du ministre Moussa Sinko Coulibaly qui avait promis de travailler concomitamment sur les deux missions assignées au gouvernement (libération du nord et organisation des élections). Mais à la grande surprise de la CENI, lors d’une rencontre le 5 septembre dernier le ministre a fait part de son intention de suspendre les opérations de révisions des listes électorales pour diverses raisons : l’occupation de certaines régions, le choix du fichier n’étant pas définitif et le souci de faire un audit du fichier électoral. Pour cela, le ministre a adressé des correspondances par RAC aux gouverneurs et préfets de suspendre toutes opérations de révision, sans pourtant prendre soin de répondre à une correspondance adressée à lui dans ce sens par la CENI.

Pour la CENI, ces raisons ne sont pas suffisantes pour justifier cet acte d’autant plus que les opérations de révision sont locales (communes, consulats  et ambassades)  et le département à la possibilité d’organiser des révisions partielles dès que possible dans les zones occupées. Aussi, dit-il, l’audit du fichier ne peut pas arrêter la révision comme ce fut le cas au Sénégal. “De façon évidente il y a une violation de la loi. Or si on veut reporter les révisions, il faut une base légale. Mais cette décision du ministre crée le doute si le gouvernement n’a pas l’intention de s’installer dans la durée ” a souligné avec force M. Diamoutani. En plus du point de presse programmé, la CENI compte rencontrer aussi les partenaires techniques et financiers du processus électoral sur la question.

Youssouf CAMARA

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13 COMMENTAIRES

  1. La CENI ne fait que son travail: le cadre légal des élections. Son rôle est veiller à la légalité, au respect des textes électoraux dans tout le processus électoral. La CENI représente dans ce schéma les Partis politiques et les organisations de la société civile. Donc j’apprécie à sa juste valeur son alerte.
    La CENI n’est pas opposée au MATCL, encore moins la DGE il se complète. Aussi, je crois que c’est seulement les démembrements de la CENI qui ont été suspendus pour des raisons financières par le Premier Ministre, donc je pense qu’il n’y a pas de péril le à la demeure.
    Le Ministre trouvera la bonne formule pour motiver sa décision.

  2. Ce ministre nul n’est jamais venu pour une quelconque élection.

    Il est là pour contribuer à confisquer ce pouvoir pour ses semblables de Kati.

    La nullicratie est en marche et elle enfoncera le Mali dans les profondeur de l’abîme.

    Le jour où les maliens se réveilleront de serait déjà trop tard car ils seront tout simplement dernier sur cette terre en termes de développement et de liberté pour cent ans encore.

    Seule une révolution populaire peut délivrer ce pays de cette bande de racailles appellés militaires par certains car la classe politique médiocre a échoué à faire partir les nuls de Kati qui fuient les combats plus vite que les lycéennes du Lycée Ba Aminata Diallo pour venir bomber leur poitrine devant les civils de Bamako.

    Quelle malédiction!

    • Les esprits court mal intentionnés n’iront pas loin dans leur manœuvre de sabotage de la démocratie

  3. Mais qu’est ce qu’ils cherchent ces gars de la “CENI”? On a dit suspendue et non annulee. Le moment opportun la suspension sera levee non? En plus la CENI telle qu’elle est compose ne reflete plus la realite du terrain. Qui est au pouvoir? Qui est de l’opposition?

  4. Merci falik. La sortie de crise n’arrange pas ces opportunistes qui, depuis mars 2012, ont tout tenté pour s’accrocher au pouvoir. Mais qu’ils sachent que les masques sont tombés. Les maliens ont tout compris après les beaux jours de manupulations et de mensonges.

    • Tous les Maliens dignes de ce nom veulent sortir de cette crise mais pas pour revenir là où on a quitté

  5. Il a raison le ministre de bloquer le projet pour n’a pas bouffé 100millions pour rien le nord n a pas libéré d abord donc prudence 😆

  6. Ces gens ne veulent pas que la transition finisse.tous les moyens sont bons pour s’eterniser;
    le reveil sera dur et très dur. on a été manipulé pour interrompre une democratie qui n’etait certes pas parfaite ,loin s’en faut;
    mais qui avait le merite d’etre accompagné par les partenaires techniques et financiers du Mali.

  7. Cette CENI présidée par M.Diamouteni DOIT ÊTRE DISSOUTE PUISQUE NE COMPREND EN SON SEIN AUCUN REPRESENTANT DE L’OPPOSITION!C’est donc une CENI qui au départ n’est que de la poudre aux yeux des maliens!Mais Dieu ne dort pas.Cette CENI qui avec la bénédiction d’ATT a exclu l’opposition du processus électoral (contrairement à ce que stipule notre code électoral)doit être purement et simplement dissoute.J’espère que nos nouvelles autorités en tiendront compte, si elles veulent tenir de bonnes élections apaisées, avec des résultats qui seront acceptés par tous. 😉 😉

    • On est pas opposant par la bouche, c’est la configuration de l’assemblé qui fait l’opposant. celui qui ne fait pas parti de groupe parlementaire d’opposant ne peut être considérer formellement pour y participer

      • Le SADI est un parti d’opposition qui a refusé le “consensus à la c o n ” du régime ATT.Par conséquent, il méritait (avec son groupe parlementaire)les 5 places prévues par la loi pour l’opposition ( sur un total de 10 places reservées aux partis politiques).Dans la configuration actuelle de la CENI, ce quota n’est pas respecté puisque le SADI a été exclu du processus électoral!Vous voulez l’argent (le pouvoir ATT) et l’argent du beurre (les places reservées à l’opposition).Voilà pourquoi cette CENI doit être dissoute, si nous voulons des élections apaisées après la crise.Fini le régime corrompu d’ATT avec toutes les institutions qui ont été installées dans le non respect de la loi. 😉 😉

  8. Pourquoi DIAMOUTENE a t-il accepté la suspension des activités des démembrements? “Niyé Douga Yé mogo choukan, iba fo douga bo an choukan” c’est bien fait pour lui.

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