Sur le chemin de Koulouba : Modibo Sidibé, Premier ministre :L’héritier présomptif du Général ?

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De son départ ou son maintien à la tête de l’équipe gouvernementale, dont il assure la conduite depuis septembre 2007, dépendront toutes les analyses sur l’homme au destin quelque peu exceptionnel.
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rnSur le chemin de Koulouba, nous poursuivons avec les personnalités qui ont marqué l’histoire politique et institutionnelle de notre pays et auxquelles l’on prête l’intention de briguer la magistrature suprême. Après Soumaïla Cissé (Le Challenger n° 672),  voici Modibo Sidibé, Premier ministre, chef du gouvernement.

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rnNé le 7 novembre 1952 à Bamako, cet ancien chargé de cours à l’Ecole nationale d’administration (Ena), devenu docteur en sciences pénales et criminologie à l’âge de 31ans, a un parcours qui force le respect. De la Brigade d’investigations criminelles au 1er arrondissement ou à l’aéroport en passant par le ministère de la Défense et celui de la Sécurité intérieure, l’homme s’est retrouvé très vite au cœur de la gestion des affaires publiques. Déjà en 1991, il n’avait que 39 ans lorsqu’il est désigné Directeur de cabinet du président du Comité de transition pour le salut du peuple, par un certain lieutenant colonel Amadou Toumani Touré. En 1992, il devient à 40 ans ministre en charge d’un département stratégique comme la Santé, la Solidarité et les Personnes âgées avant de se voir confier, cinq ans plus tard, les reines de la diplomatie malienne par le président Konaré. Ministre des Affaires étrangères, Modibo Sidibé a eu à gérer l’intense activité diplomatique du président de la République de l’époque.
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rnElu en 2002, ATT lui fait appel de nouveau à ses côtés. Pas comme chef de cabinet cette fois-ci, mais Secrétaire général de la Présidence de la République et l’on pouvait difficilement faire à ATT le procès d’avoir choisi un ‘’cintre carré dans un trou rond’’. En effet, qui mieux que cet homme pétri d’expérience en plus de sa loyauté pouvait, au cours de ce 1er mandat, veiller mieux que Modibo Sidibé, au bon fonctionnement du cabinet présidentiel, préparer les conseils de ministres ? En absence de son patron, il recevait les représentants de la classe politique et de la société civile et faisait un compte-rendu fidèle au président.

Des épaules très larges pour un emploi pas comme les autres!
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rnPour sa ‘’très bonne culture gouvernementale, et une maîtrise évidente des grands dossiers internationaux’’, Modibo Sidibé apparaît aux yeux de nombreux  analystes  comme celui qui a un bel avenir de présidentiable. Sa nomination en septembre 2007 à la primature en remplacement de cet autre technocrate, Ousmane Issoufi Maïga, aura été vite perçue comme la mise sur orbite d’un présidentiable. Depuis lors, il conduit l’activité gouvernementale en s’efforçant d’imprimer sa marque. A travers l’initiative Riz, Modibo Sidibé voulait démontrer qu’il a les épaules très larges pour porter un costume d’un emploi pas comme les autres. 
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rnDe son départ ou son maintien à la tête de l’équipe gouvernementale dépendront toutes les analyses sur l’homme au destin quelque peu exceptionnel.
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rnMême si on n’assiste pas encore à la mise en place des clubs de soutien à Modibo Sidibé (l’hypothèse avait été évoquée un moment avant d’être enterrée), il faut reconnaître que sa galaxie se met peu à peu en place. Jusque-là, l’intéressé a opté pour le profil bas. Car, seul le silence est grand.  ‘’Cet homme, de par sa profession  première, celle de policier, a appris à dominer, voiler ses émotions, ses états d’âme. Toutes choses qui le font passer à la fois  pour un homme bon et  méchant,  doux et féroce, sensible et indifférent, en un mot,  un homme  bizarre, insaisissable’’, nous a récemment confié une figure emblématique du mouvement démocratique en commentant les rumeurs sur une éventuelle candidature du PM. 

Le profil d’un homme de compromis !
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rnNi ATT ni son prédécesseur Alpha Oumar Konaré ne prendraient le risque – suicidaire- de confier la gestion des affaires publiques à quelqu’un qui pourrait leur créer des ennuis. Aujourd’hui, c’est l’actuel Premier ministre qui incarne mieux le profil d’un homme de compromis entre ces deux hommes. Mais dans le contexte politique actuel, il sera difficile pour Modibo Sidibé de concrétiser son rêve de prendre les reines de la gouvernance sans être parrainé par un parti politique. Après l’exception du Général -président ATT, les responsables des partis politiques, notamment ceux du Mouvement Démocratique, même si le ciel leur tombait sur la tête, n’accorderaient pas leur caution à un indépendant, de surcroît un élément des forces armées et de sécurité, non issu des rangs de la classe politique.
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rnDans une de ses analyses, notre confrère et collaborateur, Bacary Camara, avait ‘’prédit’’ que la candidature de Modibo Sidibé ne passerait pas facilement comme une lettre à la poste au sein de l’Adema. Les faits sont en train de lui donner raison depuis cette sortie très médiatique le 12 novembre 2010 du président de l’Adema, l’honorable Dioncounda Traoré, qui a affirmé que Modibo Sidibé n’est pas un militant de son parti. Donc, en aucun cas, il ne pourrait être son candidat en 2012, surtout que les abeilles ont décidé de porter leur choix sur un militant bon teint. Un fait insolite lors de cette conférence de presse : l’irruption d’un groupe de jeunes militants dans la salle avec des pancartes et tee-shirts sur lesquels  on pouvait lire : «la commune III a un candidat bon teint pour 2012. »
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rnSi le premier ministre bénéficiait des bénédictions du président ATT, l’on voit mal les  «cadres » si préoccupés par de juteux plans de carrière refuser d’y adhérer. La peur de perdre des privilèges longtemps acquis pourrait être une explication naturelle à ces retournements de veste. Au cas où ses partisans seront mis en minorité au sein de la ruche (ce qui n’est pas le cas pour le moment avec le report de l’appel à la candidature), l’actuel locataire de la maison du peuple fera recours au Parti pour le développement économique et la solidarité (Pdes), un parti béni par le Général- président. On le sait, le Pdes, dont les responsables sont traités à tort ou à raison comme des démocrates de 25ème heure, ne dispose pas encored’un homme au profil de… présidentiable.
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rnUn peu distant de ses concitoyens !
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rnMalgré une remarquable longévité au sommet, Modibo Sidibé reste un peu distant de ses concitoyens. C’est du moins ce que laisse croire une opinion généralement répandue. Peut-on affirmer que, depuis quelque temps, il s’efforce de soigner cette image en multipliant les signes de sympathie autour de lui, en serrant les mains au cours de ses voyages à l’intérieur du pays, en se rendant dans les lougans pour écouter et échanger avec les paysans ?
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rnTout porte à le croire également. Modibo, à côté de son mentor de président de la République, lors des grandes manifestations, surtout le lancement des grands travaux, c’est une autre image à laquelle on s’habitue également.
rnReste à présent à l’homme de savoir judicieusement exploiter tous ces ‘’atouts’’ en capital de sympathie auprès de ses concitoyens pour asseoir sa légitimité.
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rnChiaka DOUMBIA

 

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