Succession d’ATT au pouvoir : Pourquoi le Président hésite à choisir

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A un an de la présidentielle de 2012, nul ne peut parier sur les chances des candidats. C’est qu’ATT s’est gardé, jusqu’à présent, d’afficher son soutien ouvert à l’un quelconque des  candidats potentiels. La raison est triple. D’abord le chef de l’Etat ne veut se créer d’ennemi nulle part, ce qui est conforme à son tempérament et à sa politique de consensus politique; ensuite, il ne veut pas provoquer, avant l’heure,  une atmosphère de campagne électorale préjudiciable à l’achèvement de ses chantiers; enfin, ATT veut se donner les moyens de choisir le bon candidat, ce qui l’oblige à attendre la dernière minute pour se décider.

Cette troisième raison est la plus déterminante car il serait dangereux pour le chef de l’Etat de miser sur un tocard. Il s’aliénerait alors le candidat gagnant et se verrait obligé, pour imposer son tocard, de recourir à la fraude et à la répression policière, toutes choses qui hypothéqueraient sa réputation de  démocrate et menaceraient son bonheur  au départ de Koulouba.

Il faut bien comprendre par là qu’ATT pourrait soutenir finalement l’un quelconque des grands candidats possibles: IBK, Sioumaila Cissé, Modibo Sidibé, Hamé Diane Semega ou Dioncounda et la liste n’est pas exhaustive! Si l’on tient ce postulat pour justifié, tout candidat a donc, s’il veut s’imposer, travailler dès maintenant pour montrer sa force et s’attirer le choix du président. La chose ne va guère de soi  puisqu’on n’est pas en campagne électorale et qu’il serait dangereux de dilapider son trésor de guerre un an avant les choses serieuses. Cependant, chacun devrait se souvenir que le chef de l’Etat dispose de services de renseignements qui prennent le pouls du pays profond, auscultent l’opinion populaire et permettent à l’hôte de Koulouba de se faire une idée des forces en présence. C’est pourquoi nous pensons que les candidats qui attendent la dernière pour montrer leurs muscles  risquent d’avoir un brutal réveil. Ce constat est valable même pour le PDES  car ce parti, se croyant plus proche d’ATT que les autres, ne fait rien pour indiquer son probable candidat (on parle de multiples noms) et semble avoir une tête trop grosse pour supporter des pieds de nain.

Une autre donnée fondamentale va déterminer le choix d’ATT. C’est le poids des candidats au niveau des chancelleries étrangères. L’Occident à intérêt à ce que le futur président malien ait de la poigne et soit prêt à s’engager dans la guerre livrée, au Nord, contre Al-Qaida. On sait, par exemple, qu’IBK n’hésiterait pas à s’impliquer dans un tel conflit, lui qui, déjà, a dénoncé très tôt l’Accord d’Alger qui, à ses yeux, porte atteinte à la souveraineté nationale. Cependant, contre les intérêts de l’Occident au Nord, il y a ceux de la communauté africaine qui a besoin d’un Mali fort et uni et qui pourrait lutter pour que Soumaila Cissé l’emporte, le président de la commission de l’Uemoa ayant côtoyé tous les chefs d’Etat  africains depuis 10 bonnes années.

Le choix d’ATT dépendra aussi du désir qu’il éprouve de voir ses chantiers se poursuivre, son nom se perpétuer et sa tranquillité mise à l’abri de toute investigation judiciaire. Qui pourra garantir la sécurité d’ATT comme lui-même  a, contre vents et marées, garanti celle de son prédécesseur Alpha Oumar Konaré ?

Qui a assez d’autorité pour empêcher qu’on ne vilipende ATT et qu’on ne lui demande aucun compte de sa gestion ? Qui a assez de fiabilité pour conserver à son service les multiples amis du président sortant ? La réponse à ces questions n’a rien d’évident car un homme qu’on aide à conquérir le pouvoir change souvent de physionomie une fois le pouvoir en main; le nouveau venu ressent encore plus souvent le besoin de "tuer" son bienfaiteur et ces trahisons  ne se sont vérifiées que trop souvent dans l’histoire.

Par Mamby Diabaté

 

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