Statut de l’opposition : Le Décret qui fixe les attributions

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Nous avons interrogé, jeudi  dernier, les présidents des groupes parlementaires de l’opposition (VRD), Mody N’Diaye et de l’Adéma-Pasj, Issa Togo, sur le décret relatif au statut de l’opposition, notamment, après la désignation, depuis le 10 juin dernier, de Soumaïla Cissé, comme chef de file de l’opposition. Lisez leurs réponses !

Mody N’Diaye

Ce décret est une application d’une disposition de la loi qui régit le statut de l’opposition politique en République du Mali. Dans cette loi, deux décrets doivent être pris, l’un,  par le président de la République, pour confirmer la désignation de la personnalité choisie comme chef de file de l’opposition et un autre décret  pris pour les questions d’organisation fonctionnelle et matérielle de cabinet  du chef de file de l’opposition. Au jour d’aujourd’hui, un seul décret a été pris. C’est celui qui désigne le chef de file de l’opposition, qui est  Soumaïla Cissé, parce que c’est le parti de Soumaïla Cissé qui dispose du plus grand nombre de députés à l’Assemblée nationale et le parti l’a désigné comme chef de file de l’opposition comme le prévoit la loi.

L’autre décret qui est en cours d’élaboration et nous avons été conviés à une réunion au ministère de l’Administration territoriale.

Que dit ce projet de  décret en  substance ? Il détermine d’abord la composition des membres du cabinet du chef de file de l’opposition, il indique également le personnel de soutien dont il aura besoin dans l’accomplissement  de ses missions. Il parle de différentes indemnités dont le chef de file de l’opposition va bénéficier ainsi que de son personnel et de l’équipe de soutien. Ce projet de décret n’est pas encore adopté en conseil des ministres.

La portée de ce décret, c’est de régler les questions logistiques nécessaires à l’accomplissement de la mission du chef de file de l’opposition.

Le chef de file de l’opposition est le porte parole de l’opposition, donc, on comprend aisément qu’il ait toute une activité qu’il doit mener avec les autres partis politiques de l’opposition, pour non seulement, fédérer les idées de l’opposition, par rapport à des questions précises et puis, pour rédiger, parce qu’il a l’obligation de produire un rapport sur l’état de la démocratie dans le pays. Il remet ce rapport annuel au président de la République.  Le chef de file de l’opposition aura un programme chargé de beaucoup d’activités dans le cadre de l’animation de l’opposition politique, au sein des partis qui s’y réclament.

 

Que répondez-vous à ceux qui parlent de connexion entre le pouvoir et l’opposition ?

 

Etre à l’opposition est un choix. C’est un choix délibéré que notre parti, l’URD, a fait, parce qu’on a tiré les leçons de ce qui s’est passé durant les dix dernières années. On s’est rendu compte que le peuple, avec la crise que nous avons connue, avait exprimé un besoin fort de l’existence d’une véritable opposition. C’est pourquoi nous nous sommes inscrits dans cette logique.  Dès l’instant que nous nous sommes inscrits dans cette logique, aucun argument ne pourra nous faire dévier de l’accomplissement de cette mission. Le jour où, on estimera que cela ne nous intéresse pas, on quitte l’opposition et on va dans la majorité. L’élément le plus important, c’est qu’on sache que l’opposition est un choix qui n’est pas facile.

On renonce à beaucoup de choses. Le fait de mettre en place des conditions matérielles pour la vitalité de la démocratie, cela ne doit nullement être traduit par une quelconque connexion avec la majorité et je peux affirmer que nous resterons dans notre logique d’opposition et nous allons nous affirmer.

Issa Togo, président du groupe parlementaire Adéma-Pasj

Que pensez-vous du décret concernant le statut du chef de file de l’opposition ?

En terme politique, c’est une avancée majeure. C’est le fond qui est discutable, sinon, donner un statut à l’opposition pour lui permettre de s’exprimer est une bonne chose et c’est à l’avantage de la démocratie malienne.

Quels sont les éléments qui vous font dire que c’est une avancée ?

Cela suppose aussi que l’opposant a le même temps de parole que celui de la majorité, au niveau des media publics. L’opposant peut s’exprimer dignement sans être poursuivi et cela reste en conformité avec la loi fondamentale.

 

Peut-il y avoir connexion entre l’opposition et le pouvoir ?

Je ne pense pas. On s’oppose à une gouvernance, parce qu’on pense avoir une meilleure proposition pour le peuple et par conséquent, on va à la conquête du pouvoir. Si vous vous acoquinez avec celui qui est au pouvoir, c’est que vous n’avez aucune vision, aucun programme de société. On s’oppose à celui qui est au pouvoir, par rapport à un programme de société, car on estime que son programme n’est pas pris en compte par celui qui gouverne. On s’oppose par rapport à des idées. Que le chef de file de l’opposition ait des petits avantages liés à sa fonction de proposition, ne peut pas affaiblir l’opposition. Je ne le crois pas.

 

Propos recueillis par Baba Dembélé

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