Ce mardi 11 décembre 2012, le peuple malien, une fois de plus depuis mars dernier, s’est réveillé avec une information consternante, la démission du Premier ministre Cheick Modibo Diarra. Cette information a suscité de grosses interrogations chez les populations moyennes qui ne comprennent rien des arcanes du pouvoir.
Pire, l’annonce de cette démission par le PM lui-même à la radio et à la télé ne précise pas les raisons. Pour notre part, comme pour beaucoup d’autres observateurs de la scène publique, nous nous référons aux informations antérieures distillées ça et là par la presse nationale qui faisait état de la discorde entre Cheick Modibo Diarra et le Capitaine Amadou Haya Sanogo, président du Comité national de suivie des réformes de la défense et des forces armées. Mais cette discorde était-elle aussi profonde jusqu’à pousser le PM à la démission ?
Ce que nous pouvons ajouter à ce constat et qui nous pousse encore à des interrogations est de savoir : «est ce que les termes de référence de mis en place des trois institutions, lus par le ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, Djibril Bassolé ont été respectés» ? Ces termes qui disaient que les trois personnalités, le président de la transition Djoncounda Traoré, le Premier ministre Cheick Modibo Diarra et l’ancien président du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE), le Capitaine Amadou A. Sanogo, se devaient respect mutuel. Qu’aucune partie ne devait entreprendre une action sans en avisé les deux autres.
Cheick Modibo rattrapé par les «erreurs» d’avril dernier
Une chose est claire, depuis la mise en place du premier gouvernement de Cheick Modibo en avril dernier, la discorde avec un certain nombre de partis politiques et d’associations, pas les moindres, s’est aiguisée. Ces partis et associations, déjà opposés au Premier ministre pour avoir été le choix de l’ex- junte qui, par un coup de force, a chassé ATT du pouvoir à quelques semaines des élections présidentielles.
La constitution de ce gouvernement par Modibo Diarra avec les anciens camarades et surtout les anciens barons ou proches de l’Union démocratique du peuple malien (UDPM), l’ex-parti unique, a été perçue par les anti-putschistes, à majorité du mouvement démocratique comme une insulte à la volonté de démocratisation du peuple. Depuis, ils cherchent par tous les moyens à faire partir le PM. Très rodé dans les manœuvres politiques, nous savions qu’un jour ou l’autre, ils allaient arrivés à leur fin.
Le Dr. Cheick Modibo n’avait plus seulement les antis putschistes sur le dos, des associations et regroupement, jadis, pro-PM, faisaient aussi partie de la fronde contre lui. «Apparemment pressé de résoudre la crise du nord, Dr. Diarra s’est rendu dans beaucoup de pays, mais tout en oubliant que le premier acteur de cette reconquête des régions occupées reste l’armée nationale», reproche-t-on au désormais nouveau ex-Premier ministre.
Le Mali de nouveau dans la crise institutionnelle
Cette démission forcée du Premier ministre Cheick Modibo Diarra n’augure rien de précis. Tout redevient flou. L’instabilité institutionnelle dans laquelle le Mali est plongé depuis mars dernier et qui commençait tranquillement à connaître son épilogue malgré quelques soubresauts ça et là vient refaire surface de façon encore beaucoup criarde. Un pas en avant, deux pas en arrière.
Quel crédit pour l’image de notre pays ? Des acteurs de la sphère décisionnelle qui n’arrive pas à s’entendre sur l’essentiel. Quand est-ce que nous allons véritablement nous tournés vers la reconquête du nord ? A qui doit-on faire confiance ? Ces atermoiements vont-ils rassurer les partenaires ?
Drissa SANGARE
Le Premier ministre Cheick Modibo Diarra démissionne après avoir été arrêté
Le Premier ministre malien, Cheik Modibo Diarra, a annoncé mardi 11 décembre sa démission et celle de son gouvernement peu après avoir été arrêté à Bamako sur ordre du capitaine Amadou Haya Sanogo, ancien chef des putschistes qui avaient renversé le président Amadou Toumani Touré, dit ATT, en mars.
Le porte-parole de l’ex-junte malienne Bakary Mariko a démenti tout «coup d’Etat »après la démission forcée du premier ministre, assurant qu’un nouveau chef du gouvernement sera nommé par le président Dioncounda Traoré. «Ce n’est pas un nouveau coup d’Etat», a affirmé sur France 24 M. Mariko, qui a reproché à M. Diarra, arrêté dans la nuit par des militaires, de ne pas avoir agi en «homme de devoir» face à la crise au Mali mais en fonction d’« un agenda personnel». «Le premier ministre sera remplacé dans les heures qui viennent par le président de la République», a-t-il affirmé.
Incertitude
Cette démission plonge encore un peu plus dans la crise et l’incertitude le Mali, dont la moitié nord du territoire est entièrement occupée depuis juin par des islamistes armés liés à Al-Qaida : une intervention militaire étrangère, demandée par M. Diarra et contestée par M. Sanogo, est à l’étude pour les en chasser.
«Moi Cheik Modibo Diarra, je démissionne avec mon gouvernement», a-t-il déclaré lors d’une brève allocution à l’Office de radio-télévision du Mali sans donner d’explication à sa décision. L’air grave et les traits tirés, M. Diarra, vêtu d’un costume et d’une cravate sombres, a simplement remercié ses collaborateurs et souhaité que «la nouvelle équipe» qui lui succédera réussisse sa mission.
Cheik Modibo Diarra avait prévu de partir lundi soir pour Paris afin d’y passer un contrôle médical, selon son entourage. Il s’apprêtait à se rendre à l’aéroport quand il a appris que ses bagages avaient été débarqués de l’avion qui devait l’emmeneren France et il est resté à son domicile où il a été arrêté.
Quelques heures avant qu’il n’apparaisse à la télévision, un membre de son entourage avait annoncé à l’AFP que M. Diarra avait été arrêté à son domicile de Bamako «par une vingtaine de militaires venus de Kati», ville garnison proche de Bamako et base des ex-militaires putschistes. «Ils lui ont dit que c’est le capitaine Sanogo qui leur a demandé de l’arrêter», selon lui.
M. Diarra s’est prononcé à plusieurs reprises en faveur de l’intervention rapide d’une force militaire internationale dans le nord du Mali, intervention à laquelle est farouchement opposé le capitaine Sanogo. Ce capitaine jusqu’alors inconnu avait renversé le 22 mars le régime du président ATT, précipitant la chute du Mali aux mains des islamistes armés.
Ex-putschistes toujours influents
M. Sanogo avait été contraint de rendre le pouvoir à des civils deux semaines plus tard, mais lui et ses hommes sont restés très influents à Bamako où ils ont été accusés d’avoir commis de nombreuses exactions contre des partisans de l’ancien président renversé. Le capitaine Sanogo avait réussi à enrayer fin avril une tentative de contre-coup d’Etat des militaires restés fidèles au président ATT à l’issue de violents combats meurtriers à Bamako.
Ce militaire a été nommé par le président malien par intérim, Dioncouda Traoré, à la tête d’une structure chargée de réformer l’armée malienne, sous-équipée et démoralisée.
La démission de M. Diarra survient après le report de «concertations nationales» convoquées par son gouvernement de transition qui devaient se tenir pendant trois jours à partir de mardi. La concertation avait pour but de tenter d’établir une «feuille de route» pour les mois à venir entre tous les acteurs- politiques, militaires, sociaux, organisations de la société civile- qui restent divisés face à la crise et la manière de tenter de la résoudre.
Moussa KONDO
je souhait et bonne comprehension pour tous les maliens.
Les masques commencent à tomber : ❗ : ❗ 👿 👿 👿
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