Lors de sa rencontre avec les partis politiques membres de la CMP élargie à ceux non représentés à l’Assemblée Nationale, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga avait sommé, on se souvient, toutes les formations de clarifier leur position par rapport à la présidentielle de 2018. Au niveau de l’ADEMA, Abdel Kader Konaté affectueusement appelé « Empé » fut l’un des rares cadres de ce parti à soutenir à visage découvert le candidat IBK lors des dernières présidentielles. Mais lors de la formation du dernier attelage gouvernemental, ce sont les deux personnages honnis dans leurs circonscriptions d’origine (Bougouni pour Tiémoko Sangaré et Yanfolila pour Yaya Sangaré) qui ont été acceptées dans l’Exécutif malien.
Tiémoko Sangaré président de l’ADEMA n’a jamais fait l’unanimité au sein du parti rouge et blanc qu’il avait quitté un moment au profit du MIRIA du professeur défunt Malamine ou Mamadou Lamine Traoré. Ce transfuge du MIRIA donc s’est opposé à toutes les options du parti sur une collaboration avec le RPM. Tiémoko n’a rien fait pendant la campagne à Bamako, puis Bougouni et s’est contenté d’être seulement présent au moment opportun quand Docteur Tréta président du RPM ou IIBK candidat à sa propre succession étaient là. On se rappelle qu’il a été plusieurs fois hué dans sa propre circonscription à telle enseigne qu’il a été mis sous l’éteignoir dans le Banimonotié. C’est cet homme, incapable de mobiliser même sa « propre famille » qui a été retenu dans le gouvernement. Idem pour Yaya Sangaré personnage grande gueule, en disgrâce à Yanfolila au contraire d’un certain Mamery Sidibé chez qui il tire sa légitimité. Yaya ne pèse pas 5% à Yanfolila. Il le sait bien, c’est pourquoi il s’est accroché mordicus aux bottes du président par l’intermédiaire de Karim pour accéder au gouvernement. Ces genres de personnalités, illégitimes depuis leurs lieux de naissance, mais qui excellent dans l’escroquerie politique, prêts à lécher dans le sens du poils n’importe quel personnage sur le piédestal, n’auraient pas dû avoir leur place dans le très respecté gouvernement de Soumeylou Boubèye Maïga.
Autrement dit, quand le PM appelait les partis concernés à dire s’ils étaient oui ou non dans la logique de soutenir une éventuelle candidature du Président IBK ou s’ils avaient leur propre agenda, ce n’est pas Yaya et Tiémoko qui ont répondu par la positive. Mieux, c’est eux qui ont dit que cette déclaration était une bourde du PM, estimant qu’il n’était dans son rôle de préparer la candidature du Président IBK, d’autant que les partis membres de la majorité n’avaient aucun contrat moral avec lui, mais bien avec le Président de la République. Cette sortie du PM avait en outre contraint certains responsables de l’ADEMA, dont eux, à conforter les militants qui faisaient monter la pression pour une candidature interne du parti, à travers une réunion provoquée à son siège le 14 février dernier, mais qui a accouché d’une souris, car rien de potable n’en est sorti. Ce qui a amené un jeune cadre du parti, un certain « Mussolini » à créer le buzz et la confusion dans la tête des uns et des autres à travers une sortie au vitriol, ayant poussé le PM à se précipiter au siège de l’ADEMA pour y voir clair ! Donc, au-delà des apparences, la réalité était tout autre.
D’autres dans la Ruche estimaient que, même principale alliée du RPM et deuxième force politique de la CMP, l’Adema n’a jusque-là pas eu droit aux avantages d’Etat dignes de son rang. Le parti n’est suffisamment représentée ni au gouvernement ni dans les hautes sphères de l’administration publique, bien qu’étant d’un apport énorme à la stabilité du pays, compte tenu de son encrage social. Mépris et dédain, tel semble être le sort réservé au PASJ qui n’a jamais mérité des égards qui devraient être les siens au sein de la majorité ! Le Président IBK n’a rien fait pour corriger, pensait-on, cette erreur de parcours. Pire, le ministre « Empé » s’est vu snobé de son poste de « Porte-parole du gouvernement », sans être au préalable informé de cette décision !
L’Adema cessera d’exister ?
Le dépérissement de l’ADEMA est symptomatique des ambitions démesurées de ses cadres. Si avant la campagne présidentielle de 2018, Soumeylou s’est rendu au siège de l’ADEMA pour se rassurer du soutien des uns et des autres, cela procède de cette situation. Le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, qui a été membre fondateur et vice-président de l’ADEMA-PASJ, se dit convaincu qu’au sein d’une Majorité présidentielle, il ne peut y avoir de projets concurrents, mais seulement des projets complémentaires. D’où son appel à l’Alliance pour la démocratie au Mali à inscrire son action dans une démarche unitaire de collégialité, de solidarité et de prise de conscience commune face aux enjeux majeurs qui interpellent tous les démocrates. Sans opiner sur le débat interne au sein de la Ruche, le Premier Ministre dira que, participant au même projet, l’objectif de l’écrasante majorité de la CMP est de gagner les prochaines élections présidentielles et législatives. Aussi, Soumeylou a invité ses camarades politiques de l’ADEMA à se mobiliser en vue d’une «candidature fédératrice» de la majorité présidentielle, avec comme objectif principal de gagner les élections présidentielle et législatives.
Mais officieusement, il s’agissait pour le PM de supplier les responsables du parti à ne lâcher le Président IBK ! Et pour cause : un éventuelle lâchage du Président IBK par l’ADEMA entrainerait un désaveu dans la mouvance présidentielle. On est donc prêt à tous les compromis pour que l’ADEMA reste au sein de la majorité. Aux responsables du parti de savoir tenir la manette vers un partenariat « gagnant-gagnant » ! Ces concertations ont été rendues possibles grâce aux abnégations et aux efforts de l’ancien ministre du Commerce, comme quoi il ne faut pas jeter l’enfant avec l’eau de bain.
Salif Diallo