La nouvelle de ” l’exclusion de Oumar Ibrahima Touré de toutes les activités du parti “, que votre quotidien préféré a annoncée en exclusivité dans sa parution du 25 novembre 2011, a été accueillie, dans les milieux proches du parti de la poignée de main, comme un véritable coup de tonnerre. En effet, le 2ème vice-président de l’URD, Oumar Ibrahima Touré, en dépit de ses démêlées judiciaires dans l’affaire du Fonds mondial, est demeuré, jusqu’à présent, très populaire auprès de la masse des militants du parti. C’est assurément un faux pas que le président de l’URD, Younoussi Touré, vient de commettre et…qu’il ne pourra plus jamais rattraper. Le motif présumé de la disgrâce de l’enfant de Goundam serait qu’il préparerait un départ massif de militants de l’URD dans le camp de l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, candidat, tout comme Soumaïla Cissé, à la présidentielle de 2012. Comme on le voit, Oumar Ibrahima Touré n’a désormais, devant lui, aucun avenir au sein de l’URD. Va-t-il maintenant démissionner ou attendre paisiblement qu’il soit officiellement et définitivement mis à la porte ?
Le 20 mars 2010, à l’occasion de la 5ème conférence des sections URD de la région de Tombouctou, qui s’est tenue à Diré, le mentor du parti, l’actuel candidat URD à la présidentielle de 2012, Soumaïla Cissé disait, dans un message qu’il avait fait parvenir, ceci : “Dans l’URD, nous sommes les mêmes et réglons nos difficultés comme dans une famille. Nous sommes une famille ; et dans cette famille chacun doit avoir sa place et chacun a droit au respect des autres. C’est pourquoi je me réjouis particulièrement du rôle que joue notre parti auprès des autres partis et mouvements de la majorité présidentielle, dans le soutien à l’action du président de la République et du gouvernement ; action à laquelle contribuent avec efficacité les ministres Abdoul Wahab Berthé, Oumar Ibrahima Touré et Pr Salikou Sanogo“.
Ce jour est désormais loin de nous quand le parrain de l’URD jetait des fleurs à l’action de ces trois personnalités citées dans le message qu’il avait fait lire à la conférence par l’ancien ministre Ousmane Oumarou Sidibé, le secrétaire politique du Bureau exécutif national (BEN).
Aujourd’hui, au sein de l’URD on ne parle plus ni de Me Abdoul Wahab Berthé, ni de Salikou Sanogo, tous deux ministres, et encore moins de l’ancien ministre de la Santé Oumar Ibrahima Touré qui eut le malheur, après sa sortie du gouvernement, de continuer à assister (les présidant parfois) aux réunions du BEN de l’URD, dont il est le 2ème vice-président. Adulé par le militant lambda mais vomi par les proches de Soumaïla Cissé, Oumar Ibrahima Touré devrait savoir que le feu couve encore sous la cendre dans les relations difficiles avec le patron de l’URD, Soumaïla Cissé. Le cœur gros et la rancune tenace de part et d’autre? Mais l’un comme l’autre sachant faire “semblant “…, en vrais gentlemen. Mais pour combien de temps ?
C’est donc le moment de la rupture qui est arrivé, après moult soubresauts, entre ces deux personnalités qui étaient, pourtant, si complices à la création de l’URD qu’on avait fait de considérer le plus jeune, c’est-à-dire Oumar Ibrahima Touré, comme le ” frère jumeau ” de Soumaïla Cissé. Est-ce, d’ailleurs, un hasard, si le nom de Oumar Ibrahima Touré, à l’époque ministre délégué (Adema) à la Sécurité alimentaire auprès du ministre (Adema) de l’Agriculture Seydou Traoré, allait être parmi les trois figurant sur le récépissé du nouveau parti, l’URD, créé après le départ de Soumaïla Cissé de la ruche, en juin 2003. Les autres étant le doyen Abdoulaye Koïta et Alou Sow, ancien secrétaire adjoint de l’URD.
Oumar Ibrahima Touré fait partie des cadres qui ont le plus mouillé le maillot pour l’implantation du jeune parti. Seul ministre membre de l’URD, jusqu’à l’arrivée de Me Abdoul Wahab Berthé d’abord (en 2007) puis de Salikou Sanogo, Oumar Ibrahima Touré a été le principal soutien (disons mieux le portefaix) du parti au moment où celui-ci manquait cruellement de cadres et de bailleurs.
Pendant longtemps tous les regards étaient tournés vers lui dès lors qu’il y avait une mission officielle ou officieuse à entreprendre à l’intérieur du pays, voire toute autre dépense non supportable par les caisses toujours vides du parti. Même étant en mission à l’extérieur du pays, il arrivait, souvent, qu’il soit sollicité par des membres de la direction du parti ou par de simples militants pour résoudre tel ou problème.
Contrairement à plusieurs autres cadres, il ne s’est point dérobé et a toujours répondu, dans la mesure de ses moyens, aux multiples sollicitations de l’URD ou des militants du parti. Afin d’être toujours accessible, y compris pour le commun des citoyens, il n’a jamais voulu instituer un jour de rendez-vous dans son cabinet. Même avec toutes ses obligations de ministre de la Santé, il recevait les visiteurs tous les jours.
Autant de monde qu’il pouvait, et sans considération de rang social. Raison pour laquelle sa salle d’attente ne désemplissait jamais et la priorité toujours réservée aux responsables de son département et aux…élus de la nation parmi lesquels plusieurs députés de l’URD.
De même que certains parmi ceux qui le poussent aujourd’hui à prendre une retraite anticipée…de l’URD.
De Kayes à Kidal, le 2ème vice-président, qui devait d’ailleurs occuper le poste de 1er vice-président si ce n’était le fait qu’il fallait éviter que les deux premières personnalités du BEN soient tous ressortissants du nord, n’est un inconnu pour aucun militant du parti de la poignée de main. Au sein de cette formation politique, des gens peuvent ne pas l’aimer, mais personne ne peut dire qu’Oumar Ibrahima Touré n’est pas un bon militant, un cadre attentionné qui a tout donné à son parti. Ces derniers temps, il avait, certes, nourri des ambitions…présidentielles. Mais sa sortie du gouvernement suivie de son inculpation dans l’affaire du Fonds mondial, le 4 juin 2011, sont venues contrarier ses ambitions. Sans que cela ne puisse, toutefois, émousser son degré de militantisme. Allant jusqu’à se “faire voir “, malgré sa «liberté provisoire», à la conférence nationale du parti, le 17 septembre 2011, à la veille de l’investiture de Soumaïla Cissé, dont les zélateurs ont toujours pris Oumar Ibrahima Touré comme un concurrent pouvant faire de l’ombre à leur idole.
Quel choix désormais pour Oumar Touré ?
Malgré le sacerdoce dont il a fait preuve dans l’implantation du parti, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, Oumar Ibrahima Touré a été suspendu pour une période de six mois le 27 septembre 2008…pour ” travail fractionnel ” avait dit Younoussi Touré dans la lettre de suspension du n°3 de son parti et, de surcroît, ministre de la Santé à l’époque. Quelle humiliation avait dû alors subir l’homme ! Il aura fallu l’implication et la protestation des militants à la base pour que la direction du parti revienne sur sa décision en ramenant la durée de la mesure de suspension de six à trois mois. Et cela après qu’Oumar Ibrahima Touré eut adressé une “lettre de pardon” au président Younoussi Touré.
L’intéressé a vécu cette mesure de suspension comme une véritable injustice et humiliation que ses adversaires n’ont pas hésité à lui faire subir.
Dans le but, certainement, d’émousser ses ardeurs présidentielles. C’est vrai, Oumar Ibrahima Touré, ce très proche d’ATT à l’époque, se préparait, lui aussi, à être de la course à l’élection présidentielle de 2012. D’où l’inimitié des thuriféraires de Soumaïla Cissé envers ce haut cadre, ce serviteur du parti de la poignée de main. Dont le seul “crime“aura été de songer à se jeter dans la bataille pour l’élection présidentielle de 2012.
Aucun texte de l’URD ne dit qu’un militant inculpé est suspendu de toutes activités du parti. Sur quel texte donc les dirigeants du parti de la poignée de main se sont-ils basés pour demander à Oumar Ibrahima Touré, 2ème vice-président du parti et secrétaire général de la section de Goundam, de surseoir à ses activités au sein du parti ? Une décision qui a été, aux dires de certains, prise dans la précipitation et en dehors des réunions hebdomadaires de la direction du parti.
Qui a donc envoyé les trois présidents d’honneur pour porter la mauvaise nouvelle à l’enfant de Goundam ? Est-ce le président Younoussi Touré et le secrétaire général, Lassana Traoré, tous des fidèles parmi les fidèles de Soumaïla Cissé, les seuls à avoir pris cette mesure de suspension déguisée ?
Beaucoup de questions que les militants de l’URD et, principalement, les proches de Oumar Ibrahima Touré ne cessent depuis de se poser. Surpris qu’ils ont tous été par le caractère inattendu de cette mesure «d’exclusion temporaire».
On se demande maintenant quel enseignement le 2ème vice-président de l’URD tirera de la présente situation. N’a-t-il pas tardé, lui-même, à prendre une disponibilité voire à démissionner carrément et simplement d’un parti qui l’a longtemps considéré comme faisant le jeu de ses adversaires ? Ceux-ci étant tous les candidats potentiels venant d’autres horizons différents de l’URD.
A suivre
Mamadou FOFANA