Lundi dernier, Soumaïla Cissé a été clair sur la participation de l’Union pour la République et la Démocratie (URD) aux élections législatives du 29 mars prochain, malgré de nombreuses réserves émises par lui à propos du Code électoral. Il était face aux journalistes pour sa traditionnelle présentation de vœux
Le chef de file de l’opposition a, pour la énième fois, interpellé le pouvoir sur la disparition mystérieuse, il y a 4 ans, du journaliste Birama Touré. « Les enquêtes ouvertes n’ont toujours rien révélé et la justice est restée au point mort. Cette disparition continue de nous préoccuper », a déploré Soumaïla Cissé, qui a dénoncé l’exil forcé du directeur du journal du ‘’Sphinx’’, Adama Dramé, qui ne cessait de tirer à boulets rouges sur le régime, afin de l’obliger à faire toute la lumière sur cette disparition mystérieuse de son collaborateur.
Le président de l’URD a plaidé pour une dépénalisation du délit de presse, en prônant le respect par les journalistes des règles déontologiques de leur profession et en condamnant les actes d’intimidation et les menaces à l’encontre des journalistes. « Une presse libre est la condition d’une démocratie vivante et respectueuse de ses citoyens, ne l’oublions jamais ! », a prévenu Soumaïla Cissé.
Par ailleurs, il a demandé à la presse d’être un rempart contre les maux qui minent la société malienne. Pour lui, l’affairisme et la corruption, la prévarication et les scandales financiers qui jalonnent la chronique ordinaire du pouvoir en place doivent être dénoncés avec force.
Toujours selon Soumaïla Cissé, c’est dans ce contexte de désolation et de désespoir que le régime a cru bon de convoquer le collège électoral, afin d’organiser les élections législatives en mars et avril 2020, sans au préalable régler les déficiences qui ont été à l’origine des prorogations du mandat des députés. Et de poursuivre qu’une telle attitude est susceptible d’entraîner une crise pré et post-électorale aux conséquences fâcheuses qui, selon lui, peuvent entacher le très fragile processus de sécurisation et de stabilisation de notre pays. Le gouvernement devait, selon lui, procéder au préalable à la relecture du Code électoral, avant de vouloir convoquer le collège électoral. Malgré ces réserves émises, Soumaïla Cissé a annoncé la participation de l’URD aux élections législatives. Ce, afin d’éviter la politique de la chaise vide, qui apparemment engendrera plus de conséquences néfastes pour le parti de la poignée des mains que du bien.
« Soyez des franc tireurs contre l’inaction, contre le non-respect de la parole proférée. Oui, tirez sur nous, opposition, majorité, société civile car vous êtes les garde-fous contre la dérive, la déchéance et la corruption », a déclaré Soumaïla Cissé aux journalistes
Cette présentation des vœux a été aussi une occasion indiquée pour président de l’URD de dénoncer la violence meurtrière qui a marqué l’année qui vient de s’écouler. « Elle a été la plus meurtrière, au moins 1 868 personnes ont été tuées dont 888 civils contre 1739 morts en 2018 dont 871 civils », a –t-il comptabilisé en s’inclinant devant la mémoire de toutes les victimes. A l’en croire, c’est le p uvoir qui ne parvient pas à assurer la sécurité des populations du centre du pays.
Dans ce sillage, il dira que par ses soins, l’Assemblée nationale a été saisie par rapport « à l’insouciance et de la gabegie du régime ». Selon lui, une commission d’enquête parlementaire a déjà été mise en place pour faire la lumière sur les fameux aéronefs cloués au sol. Et d’exprimer son inquiétude de voir le même sort réservé au rapport de la commission d’enquêtes sur les évènements de mai 2014 à Kidal qui n’a toujours pas déposé son rapport.
Sur d’autres plans, le chef de file de l’opposition a indiqué que la mise en place des autorités intérimaires, le vote de la loi d’entente nationale et l’organisation du Dialogue national inclusif qui avaient été considérés comme déclencheur de la paix et de la réconciliation, ont été peine perdue. « Au contraire, dira-t-il, les tragédies continuent, les grèves se multiplient, l’éducation des enfants est plus que compromise par l’incapacité notoire du Gouvernement à respecter ses propres engagements vis à vis des syndicats d’enseignants »
Seydou Diamoutené