Soumeylou Boubeye Maiga : Des dédales de la “barbouzie” à la lumière de l’Etat

2
Soumeylou Boubèye Maïga (SBM) à Bamako, le 5 janvier 2018. © Emmanue Daou Bakary

Depuis fin décembre 2017, Soumeylou Boubèye Maïga est le Premier ministre du Mali. Une mission de 6 mois où le mot d’ordre n’est autre que la gestion efficiente des défis sécuritaires.

Finalement les rumeurs se sont avérées : SBM atterrit à la Primature. L’ancien secrétaire général de la présidence arrive au-devant de la scène alors que son nom était cité depuis l’avènement du Premier ministre Modibo Kéita à la Cité administrative.

UN SPECIALISTE DE LA SECURITE

Le nom du personnage s’identifie à une chose : la Sécurité d’Etat où les Maliens l’ont découvert il y a plus d’une décennie. Homme de l’ombre, ce baron d’alors de l’Adéma a mis au pas les ennemis d’Etat et dissuadé les mauvaises intentions. Cette étiquette le suivra toute sa vie jusqu’à en faire une personnalité crainte par le peuple et au-delà.

Son come-back sous les projecteurs en tant que ministre de la Défense et des Anciens combattants en 2014 aura surpris plus d’un. Car on le voyait plutôt à la présidence en tant que secrétaire général. Finalement, à la tête de ce département, il sera au cœur des secrets d’Etat et entreprendra la réforme des forces armées.

Ironie de l’histoire, c’est sous son ministère que le scandale des équipements militaires éclatera. Il échappera à toute poursuite, y compris à Assemblée nationale où son Premier ministre connaîtra un autre sort. C’est d’ailleurs avec Moussa Mara que le chemin de Kidal sera effectué, mais Boubèye saura s’éclipser la vieille du drame armé qui fera perdre cette zone au Mali.

Si, par moments, il effectue des conférences à travers le monde sur la question sécuritaire, il a toujours été dans l’ombre du président IBK. A la Primature ou au Perchoir, celui-ci a toujours eu recours à SBM pour se tirer d’affaire. Vu qu’il arrive à un moment où la question sécuritaire est des plus aiguës, on attend de voir s’il pourra relancer la machine grippée.

Son voyage en Algérie est déjà un signal à l’attention de la communauté internationale sur la place de la géopolitique dans son agenda. Et Boubèye le sait, en six mois, il faudra quasiment un miracle pour relancer la machine sécuritaire grippée avec un accord de paix devenu caduc.

CINQUIEME A LA PRIMATURE

A l’heure du bilan de l’ère IBK, on peut être sûr d’une chose : la Primature n’a pas manqué de locataire. C’est bien du 5/5. La Primature est finalement une formalité, car il y était prédestiné depuis 2015 où son nom circulait avec force.

Si le choix de ses prédécesseurs s’est avéré pour la plupart être des erreurs de casting selon les agissements de son employeur, il est clair que Boubèye a plusieurs cartes à jouer. Au cœur de l’Etat depuis plus de 20 ans, il a atteint l’âge de la retraite le 31 décembre 2017. Mais sa connaissance des dossiers brûlants et secrets-défense sont des choses qui plaident fortement pour lui.

Le président de l’Asma est tout sauf un nocive en politique. Sa touche se fait désormais sentir car il a exclu les leaders religieux dans la gestion de certaines missions que son prédécesseur avait mis en place. Comme pour dire que Mahmoud Dicko pourrait bien se retrouver au chômage.

Attendu au Parlement pour sa DPG, il devra faire et défaire certains dossiers laissés en suspens, car tous les PM de l’ère IBK ont toujours prôné la rupture. Boubèye ne compte donc pas faire de la figuration, sachant qu’au conseil des ministres inaugural de son équipe, le chef de l’Etat a donné pour consigne principale la question de la sécurité.

 DESSOUS DE LA NOMINATION DE SBM

C’est suite à une fronde au sein du RPM que ce stratège, qui a été au cœur du mandat présidentiel, a été propulsé à la Primature. Au départ ce sont des fuites provenant du palais de Koulouba qui ont fait état de la disponibilité de la nouvelle liste gouvernementale. Il en ressortait que le secrétaire général des lieux partait à la Primature. L’homme fort du Quartier du fleuve patron de la Primature ? C’est ce que laissaient entendre les indiscrétions sur l’avenir du gouvernement dirigé par Abdoulaye Idrissa Maïga (AIM).

Les échos de Koulouba spéculaient que la liste de l’équipe remaniée était disponible mais a été reportée au dernier week-end de 2017. Précisément entre vendredi et dimanche donc dans la foulée du nouvel an 2018, dernière ligne droite du mandat présidentiel. C’est bien ce qui s’est passé avec la nomination de SBM, désormais 5e Premier ministre d’IBK en… 5 ans !

Pour l’heure, les spéculations vont bon train sur ce 7e gouvernement avec le président du parti Asma aux commandes. Ce serait le fruit d’une situation née de la crise du RPM (parti présidentiel) qui s’est retrouvé avec deux camps : les pro-AIM et la tendance Tréta.

La seconde, proche de l’actuel président du parti au pouvoir, est en position de force depuis la réconciliation à Sébénikoro entre IBK et son ancien ministre du Développement rural. Ce serait donc cette vague RPM-miste qui aurait demandé le limogeage du camarade Abdoulaye Idrissa Maïga.

Reste que certains barons sont allés jusqu’à évoquer une démission du parti pour faire plier le locataire de Koulouba. Un retour de Bokary Tréta était même évoqué, avec les galons de ministre d’Etat (SVP). Finalement il ne viendra pas mais la confirmation de la rumeur aux allures de vérité fut totale. Ainsi, le confrère Boubèye Maïga sera dans le bain de ce qu’il connait le mieux : les défis sécuritaires.

Le contexte s’y prête, pas besoin de faire un dessin !

La Rédaction

Commentaires via Facebook :

2 COMMENTAIRES

  1. Pour le Mali, SBM est volontaire. Il n’est pas parfait, mais accepterait de se battre pour que le pays retrouve son unite. Il a des opposants farouches tant a l’opposition qu’au RPM, mais ses qualites d’homme d’Etat feront qu’il mettra en avant le Mali d’abord . Je ne doute pas de sa disponibilite a remplir sa mission avec souhait. Aussi, nous aurons avec lui, l’avantage que certains partenaires comme la France, l’Algerie et les bailleurs de fonds prennent le Mali au serieux. Le Mali doit exploiter cette opportunite .

  2. M. SBM est l’homme de la situation , malheureusement il serait venu plus tôt , le Mali allait se tirer d’affaire . Certes, son arrivee comme PM était annoncee depuis le depart de Modibo KEITA , le RPM s’était opposé . Maintenant qu’ils sont divisés , forcément SBM a été nommé comme PM par IBK. C’est vrai qu’entre les deux hommes (IBK et SBM), il y’a une méfiance , mais le premier n’a nullement le choix de travailler avec le second, ne serait que pour se sauver . Difficilement , SBM parviendra à relever les défis : sécuritaire , élections etc….. Le temps est compté (06) mois. Je ne suis pas convaincu ni pour l’un ni pour l’autre. Le respect du calendrier électoral ne sera pas respecté, sauf que pour la quiétude du pays, si on permettait à SBM de former un gouvernement d’union nationale pour un an encore en mettant IBK hors jeu s’il doit être candidat à l’élection présidentielle . Avec l’implication de la communauté internationale, le pays à cette condition pourrait se relever. Mais ! Mettons nous d’accord, IBK est disqualifié , il doit partir et il ira contre vents et marrées .

Comments are closed.