Soumana Sacko : L’anti-modèle

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Dans ses grands moments de lucidité, Soumana Sacko ne se fait guère d’illusions sur ses propres chances à l’élection présidentielle de 2012. Mais si le pari s’avère quelque peu difficile, il n’est pourtant pas impossible, clament haut et fort ses milliers de partisans éparpillés à travers le pays réel.

Plus que jamais habité par lui-même, convaincu d’être l’un des meilleurs (tout au moins sur le plan de l’intégrité morale), ses " petites phrases " distillées  dans la presse en disent long sur sa volonté et son désir sincère à affronter le suffrage des urnes.  

 

Dans le langage des puristes, c’est un "Monsieur propre", mais dans un pays où la corruption tient lieu désormais de sport national, où le travail n’est plus considéré comme une saine vertu, où les militants sont tous devenus des "mutants", et où pour une certaine jeunesse tout ce qui brille est de l’or, la tâche ne s’annonce guère facile pour l’ex-Premier ministre, naguère adulé par tous les "patriotes " pour ses énormes capacités de rigueur et de gestion. Dans un pays où la corruption garde désormais ses lettres de noblesse, Soumana Sacko n’est-il pas plutôt  un " anti-modèle " pour une jeunesse dorée  rêvant surtout de paillettes et de facilités ?

 

Si sa candidature venait d’être validée, un indispensable sursaut populaire sera-t-il possible pour le propulser sur les marches du podium? " La réponse appartient à Dieu et à Dieu tout seul ", nous dit pieusement Soumana Sacko. Mais loin de tout fanatisme de bon aloi, le pouvoir n’est-il pas d’abord et avant tout d’essence populaire ? Car, c’est le peuple à travers un parti crédible, enraciné et assez représentatif à l’échelle nationale qui donne cette onction indispensable à chaque candidat pour qu’il sollicite ensuite le suffrage des urnes.

 

Ah ! Si le peuple pouvait……!

Dans le " cas " de Sacko, rien de tout cela, mais son passé fort glorieux plaide cependant pour sa candidature qui sera surtout portée par ces hommes et femmes qui pensent véritablement en leur fort intérieur qu’un " autre Mali est possible ", que la misère noire qui constitue désormais le lot quotidien des milliers de Maliens pourrait devenir un vilain souvenir, si l’on acceptait de confier le pouvoir à cet homme incorruptible, honnête, et doté surtout d’un sens aigu, presque inégalé de la responsabilité publique.

 

Les fidèles partisans de Soumana Sacko se donneront-ils les moyens matériels, financiers et humains pour expliquer à l’intérieur du Mali, les immenses qualités de ce brillant technocrate, qui n’a jamais été mêlé ni de près ni de loin à un scandale d’Etat et qui garde encore intactes ses convictions profondes, inaltérables sur un meilleur avenir de notre pays ?

En effet, de nombreuses personnes se souviennent encore de la " chasse aux sorcières ", qu’il déclencha en permanence contre les cadres véreux, les cercles d’affaires louches et interlopes, même dans les plus hautes sphères de l’Etat. L’intention de "Zou" était fort louable mais sa démarche, ayant montré au départ des résultats forts probants, se révéla très vite inefficace et impopulaire. C’est pourquoi, avec un peu de recul, certains analystes pensent, à tort ou à raison, que cette politique assez volontariste de l’ex-Premier ministre, sa détermination et son engagement combien sincères à faire rentrer notre pays dans le concert des nations les plus respectées, ne sera, du coup, possible et réalisable, que lorsque tous les vrais patriotes accepteraient de lui confier les rênes du pouvoir suprême. Un pari un peu difficile, mais pas impossible. Ah ! Si le peuple pouvait…

 

L’avenir politique d’un illustre inconnu

Revenu au pays après un " exil doré " de quelques années, les bonnes âmes se posent à nouveau des questions sur " l’avenir politique " de cet homme brillant, gardant  toujours la tête d’un premier de la classe, mais qui manque cruellement d’un puissant appareil politique digne de ses  ambitions. Pour réaliser un tel dessein, tout le monde sait que les petits partis fantômes qui peuplent notre paysage politique ne seront jamais d’un grand secours pour lui. S’il est vrai en effet que l’Adema n’héberge encore que des destins virtuels, —–en l’absence bien évidemment d’un candidat naturel—–, on voit mal cependant comment ce parti, qui rêve encore et très ardemment d’un second sacre en 2012, pourrait laisser cette aubaine—-qui est largement à sa portée—- au profit d’un " illustre inconnu " selon  quelques " apparatchiks " de cette formation. Ce n’est point un hasard si la très probable candidature de Modibo Sidibé suscite déjà de la part de certains militants et via une certaine presse, des cris d’orfraie.

 

Qui sera le futur locataire de Koulouba ? A côté de quelques candidatures farfelues, il y’a encore quelques têtes d’affiche, dont celles de Ibrahim Boubacar Kéita et de Soumaïla Cissé.  Mais de nombreux observateurs politiques sont formels : le prochain président de notre pays sera celui que le président ATT et Alpha vont choisir, histoire de se mettre définitivement à l’abri d’éventuelles poursuites judiciaires. Certains esprits malins seront bien tentés de connaître si Alpha, du fond de sa retraite dorée, dispose encore d’un réel ascendant sur le directoire politique de l’Adema. Très prudent, ATT n’entend plus se contenter de la " générosité " d’une formation qui ne cache pas ses ambitions de lui succéder à la tête de la magistrature suprême. D’où la mise en orbite d’une nouvelle formation portant la signature particulière de son bilan. Une chose est sûre : aucune des deux personnalités – même si le ciel leur tombait sur la tête – ne prendrait le risque " suicidaire " pour leurs familles et leurs proches de confier la gestion du pays à "ce rédempteur” devant l’éternel qui, une fois élu, pourrait aussitôt  les faire passer de vie à trépas.

Bacary Camara

 

 

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