Soumaïla Cissé à propos de la présidentielle : « Personne n’a intérêt à se mettre le président sortant à dos »

0

Soumaïla Cissé est officiellement candidat pour succéder à ATT. Mais l’homme n’est pas peu fier de son bilan à la tête de la Commission de l’UEMOA. Dans un entretien accordé à nos confrères du Pays, il explique pourquoi il lorgne le palais de Koulouba. Morceaux choisis.

 L’après-UEMOA pour vous, c’est la candidature à la présidence du Mali ; c’est un challenge qui ne vous fait pas peur ?

Non, j’ai eu à m’engager dans la course en 2002. 8 ans après, je pense avoir mûri. J’ai beaucoup appris à l’international, au contact des populations autour du Mali et auprès des différents chefs d’Etat. Pour gérer un pays, il y a trois choses importantes : le connaître de l’intérieur d’abord et connaître le quotidien des populations. J’ai fait cette expérience en tant que responsable de la société cotonnière du Mali. J’ai donc côtoyé les paysans au quotidien. La deuxième chose, c’est de gérer les affaires de l’Etat. J’ai été ministre des finances pendant 7 ans, ministre de l’équipement, de l’aménagement du territoire, de l’environnement et de l’urbanisme. J’ai eu la chance d’être secrétaire général de la présidence et je pense connaître les rouages du fonctionnement d’un Etat. La troisième chose est de savoir gérer l’international, c’est-à-dire connaître les problèmes de mon pays puis des pays voisins, voir avec les partenaires comment ils appréhendent nos pays et la région. Ces trois éléments me mûrissent et m’aident à envisager cette campagne pour la présidence.

 Huit ans, loin de sa base, l’effet d’éloignement n’est-il pas un handicap à votre candidature ?

 Je suis au quotidien avec le Mali et les Maliens puisqu’ils font partie de l’UEMOA. A partir de Ouaga, je suis plus proche des trois quarts du Mali que de Bamako par l’ouest du Burkina. Dans les pays de l’UEMOA où je me rends régulièrement, il y a de fortes colonies du Mali. Contrairement à ce que l’on croit, les plus fortes colonies maliennes sont au sein de l’UEMOA qu’en France ou ailleurs. Donc, je ne me suis jamais senti coupé de mes compatriotes. J’appartiens à un parti politique qui est dynamique, qui a des députés, des ministres et qui est bien positionné sur l’échiquier national. Aujourd’hui, avec l’internet et les nouvelles technologies, on n’est jamais isolé.

 La bataille semble très ouverte entre les prétendants et on dit que chacun cherche le soutien d’ATT. Est-ce votre cas ?

 Aucune bataille politique n’est facile et il ne faut jamais sous-estimer un adversaire. Les appuis que vous avez, d’autres les ont. Donc il faut faire très attention à ce niveau. Seule une conjonction de facteurs peuvent faire que vous soyez élu ou pas. Un président sortant est toujours un facteur extrêmement important pour les autres candidats. Personne n’a intérêt à se le mettre à dos. S’il a été président, c’est que des gens ont cru en lui, des gens qu’il peut faire voter ou pas. Quelque part, c’est un grand électeur. Donc ce soutien est à rechercher s’il le faut au palais de Koulouba.

 Vous allez tenter de succéder à ATT, un président charismatique. Avant lui, il y a avait Alpha Omar Konaré. N’avez-vous pas peur ?

Je n’ai pas peur. Il n’y a pas lieu d’avoir peur. J’ai pris dix ans de galons. Je pense être prêt. Il faut savoir ce que l’on veut pour son pays. Je pense avoir les atouts pour le faire. J’ai eu la chance de connaître ces deux hommes et j’ai travaillé avec chacun d’eux. Je pense avoir appris beaucoup de choses avec eux. ATT, je le connais depuis ma tendre enfance, dans les années 1962. Je connais leur charisme et leur succès. C’est ce qui me pousse à m’engager et à vouloir faire autant sinon plus. Je m’inscris dans leur sillage. C’est un héritage commun qu’il faut faire fructifier dans la mesure où j’ai eu à servir dans leurs gouvernements respectifs. Evidemment, personne ne peut faire exactement comme l’autre. Il s’agit de bien faire ce que nous aurons à faire et de prolonger ainsi les actions qu’ils ont commencées.

 Quand vous avez annoncé votre candidature, quelle a été la réaction d’ATT ?

 Je ne le lui ai pas demandé. Je l’ai juste informé de ma candidature par courtoisie. Il est donc au courant et je n’ai pas senti d’hostilité particulière.

 Votre investiture à l’américaine annonce- t- elle une campagne dans le même sillage ?

 On essaye de faire les choses à la dimension souhaitée. Nous avons annoncé cette investiture comme il faut, nous ne sommes pas allés chercher les gens pour venir assister. Les gens sont sortis très nombreux et nous allons essayer de garder cette mobilisation pour la suite. Nous allons faire une campagne de proximité pour que chaque sympathisant et militant se batte là où il est pour faire voter une, deux, trois personnes. C’est ainsi que nous allons y arriver. Nous allons être honnêtes avec les gens. Dire ce que nous allons faire et surtout le faire.

Source  Le Pays (BF)


Commentaires via Facebook :