Invité à une conférence de l’Union européenne sur le thème: «la crise malienne: quel processus politique, et quelle réconciliation nationale? », Soumaïla Cissé a été clair dans ses propos en soutenant l’indispensable dialogue inclusif entre tous les Maliens, mais dans le respect strict de la constitution malienne.
Pour mieux s’inspirer de son expérience, l’Union européenne a invité Soumaïla Cissé, candidat de l’Urd à la présidentielle, non moins ressortissant du nord du Mali, à faire des propositions de sortie de crise. A la tribune, ce jour du 1er mars 2013, Soumaïla Cissé, l’enfant de Niafounké, a tenu en haleine la crème de l’Europe lors la présentation de son projet de sortie de crise. Après avoir déploré les actions barbares des terroristes dans le septentrion du Mali, Soumi a laissé entendre qu’en tant que fils du nord et responsable politique du Mali, il est doublement concerné par la période que traverse le pays.
Pour lui, en vue de consolider les acquis du recouvrement progressif de notre territoire, le Mali doit mettre l’accent sur la résolution de la crise institutionnelle et politique et une réconciliation nationale pour apporter une réponse rapide et durable à la crise de développement et de gouvernance qui sont les causes profondes de cette crise.
Pour ce faire, au plan politique, Soumaïla Cissé propose un dialogue politique inclusif sur l’avenir des régions du nord. Il estime qu’il faut une rupture dans la manière de gérer l’ensemble du Mali en général et les régions du Nord en particulier. Pour la circonstance, il urge de mettre en place un dialogue politique inclusif afin d’écouter les différentes composantes des régions du Nord sur leur vision et leur conception de l’avenir, et du vivre ensemble. «C’est aux habitants de ces zones qu’il revient d’abord d’analyser objectivement leurs préoccupations et les solutions préconisées, afin d’y apporter des réponses à la hauteur des enjeux, compatibles avec les exigences d’un Etat où continue de prévaloir la riche diversité ethnique, culturelle et religieuse » a indiqué M. Cissé. Selon lui, il faut amener les gens à s’élever au-dessus de la mêlée pour garantir la paix et éviter des situations de règlement de compte.
Avec qui négocier et à quelles conditions ?
Le mentor de l’Urd dira que par définition, un processus politique inclusif ne doit exclure personne a priori. Ainsi, poursuivra-t-il, les groupes ethnoculturels de résistance, les associations de la société civile, les élus, les leaders religieux et coutumiers des régions du Nord et ceux des autres régions du Mali doivent tous prendre part au dialogue inter-malien. Ce dialogue doit permettre de prendre en compte des intérêts de toutes les populations maliennes sans distinction d’ethnie et de religion dans la refondation d’un Etat malien républicain et laïc, dans la restauration de la nation sur le socle de la justice et de la démocratie. «C’est cela le fondement du vivre et du construire ensemble car il n’y a pas d’autre choix, ce pays appartient à tous, il nous est prêté par nos petits-enfants, nous devons le leur léguer, plus prospère, plus intégré et plus solidaire. C’est le minimum des devoirs pour les descendants des bâtisseurs d’Empire ». Il a rappelé que ce dialogue doit se faire dans le respect sans équivoque de la Constitution du Mali dans son essence, en particulier dans ses dispositions relatives à l’intégrité du territoire, à son indivisibilité, à la laïcité et au caractère républicain de notre Etat. Soumaïla a aussi souligné que ce dialogue ne saurait promouvoir l’impunité. Toutes les personnes sur lesquelles pèsent de sérieuses présomptions de crimes à l’occasion du conflit doivent répondre de leurs actes devant les juridictions compétentes.
Avec les divergences sur l’analyse de l’avenir institutionnel de ces régions, et la crispation due aux évènements actuels, il est difficile d’avoir des discussions productives et apaisées dans le contexte actuel. «Dans ces conditions, argumente Soumaïla, toute idée d’autonomie, a fortiori de fédéralisme, ne manquerait pas d’exacerber les tensions communautaires au Nord d’une part, et entre le Nord et le Sud d’autre part».
Dans son analyse, il estime que la décentralisation en vigueur au Mali n’a pas été exploitée à fond. Cette crise nous offre donc l’opportunité de donner un nouvel élan à la décentralisation. Ensuite, Soumaïla Cissé a préconisé un dialogue en deux étapes: une concertation entre les populations et acteurs des régions du Nord, et une validation avec l’ensemble des autres composantes de la nation malienne dans le cadre d’un forum national sur le Nord.
Oumar KONATE