L’ex-président de la commission de l’UEMOA, Soumaïla Cissé, est définitivement rentré au bercail. Mais bien avant cela, l’homme s’est offert un « circuit de remerciements » dans tous les États membres qui s’est achevé à Ouagadougou où siège la commission. Une manière subtile de prendre de l’avance sur sa précampagne pour la présidentielle malienne d’avril 2012. Contrairement aux sérénades auxquelles on a assistées, la gestion de Soumi champion à Ouagadougou, n’a pas enregistré que des exploits. Un coup d’œil rétrospectif sur la gestion de l’homme au perchoir de cette institution sous régionale. Concernant son ambition présidentielle, des pièges sont ficelés çà et là pour lui barrer la route de Koulouba envahie de ralentisseurs et de panneaux de stop. Bonne lecture !
Le candidat de l’Union pour la République et la Démocratie (URD) n’a pas moins profité de son poste pour mieux se positionner et promouvoir certains de ses anciens et futurs collaborateurs. Aussi, au moment où il a fait ses bagages, des cadres de la Commission auraient souhaité voir sa gestion des ressources humaines et financières passer au crible d’un certain audit. Mais la plupart d’entre eux semblent se contenter de remâcher leurs frustrations dans le silence. Chose qui ne devrait se faire. Et pourtant, tout le monde gagnerait à voir briser la glace qui entoure la maison de verre du 380 Avenue Joseph-Ki-Zerbo.
Après plus de huit ans passé à la tête de la Commission de l’UEMOA, Soumaïla Cissé peut certainement se satisfaire d’avoir non seulement accompli deux mandats, mais d’avoir bénéficié d’un bonus qu’il n’a pas nécessairement demandé, mais qui lui est tombé dessus du ciel (c’est selon) suite aux cacophonies indues au sein de la conférence des chefs d’Etat axée sur la crise ivoirienne.
Ramassons un escargot au passage pour dire que concernant la crise ivoirienne, l’ex-président de la commission, aujourd’hui candidat aux élections présidentielles maliennes, a montré aux africains soucieux de la libération du continent passant par ses richesses naturelles, qu’il est au service des blancs et non des fils et filles de la sous région encore moins des africains en général.
DU FAVORITISME A CIEL OUVERT !
En effet, c’est en février dernier qu’il aurait dû officiellement passer le témoin à son successeur. Il a pu bénéficier d’une première prolongation jusqu’au 30 mai, date à laquelle les Chefs D’Etat de l’Union ont enfin désigné ou confirmé les membres de la nouvelle commission. Pour la désignation du nouveau président, cela a été un parcours de combattant. Mais, ce jeu de pas bloqués ne saurait dépasser le deadline du 1er septembre 2011 où la cour de justice de l’organisation reçoit la prestation de serment des commissaires entrants. Il faut absolument trouver un successeur à Cissé, dans les meilleurs délais. A moins que les chefs d’Etat n’optent pour un intérimaire en attendant de voir plus clair dans les candidatures nigériennes et sénégalaises déjà en piste. Au siège de la commission à Ouagadougou, on n’est pas moins pressé d’en finir avec le « régime » de Soumaïla Cissé et surtout avec ses « hommes ». Selon les indiscrétions que distillent les murs du siège, l’homme ne se serait pas fait prier pour recruter, à la pelle, ses amis à des postes clés. Et cela n’a pas manqué de faire jaser. On lui reprocherait même d’avoir créé, de toutes pièces, des postes qui n’existeraient pas dans l’organigramme de la commission et de les faire valider par la suite. Ainsi, son directeur de cabinet que des langues trop pendantes traitent de « vice-président », aurait été directement coopté par lui. Progressivement, il lui a donné le plein pouvoir pour « régner » parfois à sa place. Et ce dernier ne s’est apparemment pas privé de jouir de ses pouvoirs, notamment dans le recrutement du personnel destiné à l’appui des commissions, comme les secrétaires.
Suite aux critiques qui fusaient ça et là, le président a fini par trouver un poste plus conventionnel à son « protégé », celui non moins stratégique de directeur de cabinet du Commissaire chargé du département des services administratifs et financiers. Un autre « homme de main » a été positionné, dans un premier temps comme « conseiller spécial ». Progressivement, celui-ci a été métamorphosé en directeur de la communication et des archives, suite à une décision discrétionnaire de son mentor. La chose serait peut-être passée inaperçue si une autre jeune communicatrice, débarquée de Bamako, n’avait pas également atterri dans le même service de communication, au grand dam des procédures de recrutement habituelles. Curieusement, ces parachutages se sont passés au nez et à la barbe des commissaires et des hauts cadres de la Commission qui préfèrent garder le cadenas sur la langue pour ne pas courroucer le patron et ses lieutenants. Une situation qui aurait poussé les partisans du « Mange et tais-toi » à pousser le bouchon jusqu’à offrir une « enveloppe d’un million » au nom de la Commission de l’UEMOA au fils du grand boss dont nous taisons volontairement le nom (du moins pour le moment) à l’occasion de son mariage à Bamako. Un véritable mélange de genres qui frise le gaspillage dans une institution sous-régionale supposée donner l’exemple de la bonne gouvernance. Pire, on ne compterait pas le nombre de fois où des véhicules immatriculés sous le sceau de l’institution auraient été aperçues parfois lors des meetings politiques au Mali. Et pourtant, un consultant, venu également du Mali, avait été commis pour un « audit des activités financières de la Commission ». Mais les résultats de ce boulot qui aurait été payé à coups de millions, n’auraient servi à rien d’autre qu’à meubler les tiroirs de cette institution qui apparaît comme une ruche à gros salaires. En la matière, d’autres exemples sont légion, même si les langues ont encore du mal à se délier. Soumaïla Cissé avait probablement un peu trop la tête dans la campagne présidentielle qui l’attendait au Mali pour se préoccuper de son bilan à la tête de la Commission de l’UEMOA. Mais en permettant au président d’une institution sous-régionale aussi stratégique de continuer à faire la politique dans son pays, au cours de son mandat, n’ouvre-t-on pas la porte à toutes les dérives ? Telle est la question. Certes l’homme a révolutionné l’institution et fait de l’intégration son bâton de pèlerin au cours de ses mandats, mais un audit de sa gestion permettra de mieux éclairer l’opinion des citoyens des huit pays de l’union, car malgré la performance de l’UEMOA, des sommes d’argent colossales se sont volatilisées et l’on aimerait savoir où ses sous sont cachés.
UNE CANDIDATURE A PROBLEMES !
Aujourd’hui définitivement au bercail pour des ambitions présidentielles, le peuple malien doit tirer des leçons sur son passage à la tête de l’UEMOA pour se faire une idée claire de sa personne, car la situation actuelle du pays impose aux fils et filles le choix d’un homme qui a le sens élevé de l’Etat, honnête et libre qui sait préserver la chose publique. Le problème des forages sur papier révélé par le Quotidien du Sénégal, reste entier et les enquêtes continuent pour cette fois –ci, amener les fautifs sur le banc des accusés. Il y’a quelques mois Soumaïla Cissé apparaissait comme un candidat de taille, aujourd’hui c’est le contraire, même au sein de son parti. Des cadres de haut rang cherchent à se nicher ailleurs, ou travaillent discrètement avec d’autres candidats. A Bamako et à Sikasso, l’homme est très mal positionné pour des raisons obscures. En quête d’audience dans ses deux localités, le champion des uns sera-t-il le dernier des autres ? En tout cas rien n’est encore sûr pour ceux qui pensent que le chemin de Koulouba est bitumé pour leur candidat. Des milliers de feux rouges inondent la route.
Pourquoi Soumi est loin de faire l’unanimité au sein de l’URD, malgré le soutien apparent dont il bénéficie ? Quels sont ses points faibles que ses faux amis et camarades veulent brandir sous le manteau pour l’abattre politiquement ? Quelles sont ses frasques, aujourd’hui murmurées, au sein de l’UEMOA ?
A Suivre… !
Le Shérif et Serge Olivier