Souleymane Tiefolo Koné, 1er vice-président des FARE à propos du cabinet du chef de file de l’opposition « Nous n’en faisons pas partie…nous avons beaucoup de réserves par rapport au statut de chef de file de l’opposition »

7

Dans notre parution du vendredi 17 février dernier, nous parlions de la constitution du cabinet du chef de file de l’opposition, le député Soumaila Cissé, président de l’Union pour la République et la Démocratie (URD), principal parti de l’opposition. Il s’agit d’un cabinet composé exclusivement des membres des partis de l’opposition. Après la publication de notre article, nous avons été approchés par le 1er vice-président des FARE Anka Wuli (Forces Alternatives pour le Renouveau et l’Emergence), Souleymane Tiéfolo Koné. Qui nous a accordé une interview à travers laquelle, il donne ses impressions sur ce cabinet. Aussi, il a tenu à préciser que le parti FARE n’est pas membre de ce cabinet.

Le Tjikan : Quelles sont vos impressions sur le cabinet du chef de file de l’opposition ?

Souleymane Tièfolo Koné : Je ne pense pas grand-chose du cabinet du Chef de file de l’opposition. C’était attendu dès lors qu’on a nommé par décret pris en conseil des ministres un chef de file de l’opposition. La loi demande qu’il y ait des assistants. Je pense que ce que vous appelez cabinet en fait, ce sont des assistants du chef de file de l’opposition. C’est prévu par les textes. Il a été constitué, tant mieux.

Avez-vous été démarchés en tant que parti politique de l’opposition?

Vous savez, nous les FARE, par rapport au statut même du chef de file de l’opposition, nous avons beaucoup de réserves. La nouveauté avec la nouvelle loi c’est tout simplement la création d’un chef de file de l’opposition. Or, nous avions pensé que pour une telle réforme, cela aurait dû être une réforme globale de nos institutions tel que prévu pas la commission Daba Diawara à l’époque. L’ensemble des forces politiques et sociales du pays avaient été consultées et avaient donné leur adhésion justement à ces réformes. Prendre à l’intérieur de ces réformes, une réforme particulière revient à vider en fait cette réforme de sa substance. Pour revenir à votre question, nous nous ne sommes pas rentrés dans le cabinet du chef de file de l’opposition. Nous avons été démarchés effectivement. Le chef de file nous a envoyé celui qui apparaît comme son chef de cabinet. En fait, c’est un assistant. Nous lui avons dit la compression que nous faisons du statut de l’opposition. Nous ne pouvons pas figurer dans le cabinet. Plus tard, ils nous ont démarchés à nouveau pour savoir si nous avions évolué par rapport à notre position. Nous avons clairement dit que c’est une position adoptée par les structures du parti et qu’il n’y avait pas d’évolution. En tout cas à notre niveau. C’est pour vous dire clairement que nous ne sommes pas membres du cabinet du chef de file de l’opposition pour des considérations que je viens d’évoquer.

Le pourquoi, c’est vraiment ça. Il faut que dans ce pays, nous respections un certain nombre de valeurs. En vérité, il faut qu’on aille vers des réformes sérieuses et profondes pour notre système politique qui est aujourd’hui dans une situation d’impasse. Il faut que la classe politique en ait conscience et qu’on aille vers des réformes profondes de notre système politique si nous voulons éviter des lendemains douloureux. Des petites réformes, un chef de file de l’opposition par ci, un cabinet du chef de file de l’opposition par là. On attend 500 millions donnés au chef de file de l’opposition. Cela rime à quoi? L’opposition en tant que tel n’est pas une émanation du pouvoir. C’est une volonté politique souveraine des partis politiques qui ont choisi de ne pas soutenir les politiques du gouvernement en place. Dès lors qu’on a opté pour ça pour combattre, éclairer l’opinion, pour aider même s’il le faut le pouvoir à avancer, il faut que cela soit de façon ferme, de façon interne, réfléchie et indépendante de ce pouvoir. Figurez-vous, un cabinet du chef de file de l’opposition nommé par décret pris en conseil des ministres, c’est de la plaisanterie.

Vous voulez donc dire que ce cabinet n’est pas indépendant ?

De la façon dont on voit les choses, il y’a des risques que le pouvoir se croit autorisé à le contrôler du point de vue de la nomination. A la limite, on peut comprendre que le chef de file de l’opposition soit nommé par décret pris en conseil des ministres. Son cabinet quand même relève de l’autonomie de l’opposition. Pour tout dire, nous ne sommes pas membre du cabinet du chef de file de l’opposition. Nous ne sommes pas concernés par la gestion des 500.000.000 FCFA qui sont supposés être versés au chef de file de l’opposition. Nous n’en savons rien. Nous ne savons pas la couleur ou à quelles modalités ou pratiques auxquelles cela obéit. Donc pour ne pas nous mener dans tout ça, on a préféré de façon autonome, ne pas faire partir de ce cabinet.

Vous pensez donc que ce cabinet ne pourra pas pleinement jouer son rôle dans l’opposition?

Je n’en sais rien. On verra dans la pratique. Mais, nous ne faisons pas partie. Je viens de donner les raisons pour lesquelles nous nous sommes réservés de faire partie de ce cabinet. Parce que nous n’avons pas confiance en la procédure mise en place.

Propos recueillis par Modibo Dolo

 

 

Commentaires via Facebook :

7 COMMENTAIRES

  1. Soumaïla n’aurait jamais du accepter ce poste de Chef de fil de l’opposition, il aurait du se mettre en réserve. L’opposition ne sera jamais uni autour des 500.000.000 FCFA. Les suspicions vont commencer et je suis curieux de savoir comment Soumaïla va se sortir de tout ça pour se présenter comme un candidat crédible

    • Décision responsable des FARE Anka Wuli (Forces Alternatives pour le Renouveau et l’Emergence).
      Voici un parti politique qui montre au Mali qu’il ne s’est pas constitué pour aller au partage du gâteau.
      Bravo !
      Aux FARE, nous avons vu le départ des éléments qui œuvraient pour ce partage de gâteau. A ce titre nous pouvons citer Zoumana Mory, les cinq députés FARE qui ont fait défection pour rejoindre le RPM, etc. Il y a lieu de tirer le chapeau en passant pour Bakary Wôyô DOUMBIA, député FARE élu à Bougouni qui a gardé toute sa dignité contrairement aux cinq précédemment cités.
      Les vrais militants intègres et honnêtes sont restés aux FARE, voilà ce qui explique les décisions sérieuses des FARE qui étonnent favorablement les maliens.

  2. Je crois que mes amis des FARE ont plus un probleme d’ego. Modibo n’arrive pas a comprendre qu’un autre que lui (c a d Soumaila) en est le leader mais c’est ainsi car les urnes ont parlees et a plusieurs occasions .

    • Le problème des FARE est un problème d’ego or les urnes ont parlé. C’est Soumaila qui est arrivé 2ème loin devant tous les autres. Il a décidé d’aller dans l’opposition. C’est clair et net.

  3. Le pouvoir actuel a finalisé ce projet de création du statut de l’opposition qui avait pour objectif de donner à l’opposition républicaine un statut lui permettant de jouer un rôle responsable et en toute indépendance pour l’intérêt supérieur du Pays, ses citoyens et sa démocratie.

    Mais le pouvoir l’a dénaturé, à travers la procédure et les moyens, pour mieux garder l’opposition sous son influence.
    Nomination du chef de file en conseil des ministres, statut d’un simple ministre, dépendance dans la gestion et le fonctionnement …

    Ceci dit, connaissant le chef de file désigné, nous pouvons faire un peu confiance et attendre son travail.
    Il faut un 1er pas d’abord avant de découvrir les erreurs à corriger, les lacunes pour améliorer une chose.

    La collaboration de toute l’opposition est nécessaire pour tendre vers les objectifs mais au delà de la simple désapprobation de principe du FARE, on sent une certaine division qui risquera d’être exploitée par le pouvoir pour récupérer ce parti car l’opposition n’est pas facile à vivre au Mali et la tentation vers l’alimentaire est grande.

    Bon vent au chef de file et à son cabinet.

Comments are closed.