Sortie de crise au Mali : IBK face aux urgences !

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Le président IBK n’a pas que prouvé une inaptitude profonde dans l’exercice de sa fonction. Il a aussi réussi la prouesse d’enlever à l’action politique une bonne part de sa dignité. La chronologie de la gestion de la grave crise que nous traversons est à enseigner dans les écoles de Sciences politiques.

Au commencement, celui qui porte le titre de président de la République du Mali s’assoit et regarde Manassa détricoter le vote des Maliens pour fabriquer une Assemblée nationale sur mesure. Le peuple se révolte dans les localités où s’est produit le brigandage électoral. Sikasso, en pointe dans cette lutte, dénombre des morts sur le pavé. A Sébénikoro, le Marquis est servi comme à l’accoutumée et son sommeil n’est pas troublé.

La coupe de l’indignation populaire commence à déborder, sommant les forces politiques et autorités morales à se faire écho de la colère des Maliens spoliés de leur vote. Cette initiative donne la manifestation gigantesque du 05 juin et la naissance du Mouvement éponyme qui devient le point de ralliement de celles et ceux qui ne supportent plus cette gestion chaotique de notre pays.

La clameur populaire a du mal à atteindre IBK dans son château ! Entre-temps, d’une main tremblante, il a signé le décret de reconduction de son Premier ministre, Boubou Cissé.

Du côté du M5-RFP, on rebelote deux semaines plus tard, le 19 juin, avec encore plus de Maliens dans la rue. Le cri de ralliement n’a pas varié : démission du régime et de son chef ! L’imam Dicko obtient de justesse la dispersion de la foule dans le calme. Malgré tout, les plus jeunes des quartiers populaires du centre-ville se frotteront aux forces de sécurité une bonne partie de la nuit.

IBK consent enfin le 21 juin, après de longues semaines, à parler aux Maliens. Par une première adresse à la Nation d’une affligeante banalité, où il donne l’impression d’être arrivé de la planète Mars pour découvrir les problèmes du pays, il promet de leur trouver des solutions. Le fiasco est tel qu’il reprend la parole le mardi 23 juin, devant un panel assemblé à la hâte, pour donner des nouvelles de son jeune frère Soumaïla Cissé ; annoncer un gouvernement d’union nationale et l’application de l’article 39 de la loi portant statut du personnel enseignant. Aucune de ses concessions ne lui avait traversé la tête deux jours plus tôt. Après ses deux sorties, IBK entre à nouveau en hibernation dans un pays en ébullition.

Le mardi 30 juin, il se rend à Nouakchott pour le sommet du G5 Sahel, élargi à Emmanuel Macron et au Premier ministre espagnol. A la lecture du communiqué final de la réunion, les esprits avisés sont frappés par le ton sec de la demande de solutions politiques rapides à la crise qui fragilise l’action commune de lutte contre le terrorisme et l’insécurité.

Il a fallu attendre la dernière édition du Journal du Dimanche, publiée en France, pour comprendre le sort peu enviable fait à notre cher président, quand son homologue français, et plus grave, ses frères africains ont usé de mots peu diplomatiques pour souligner les mille et un soucis que le Mali et sa gouvernance erratique leur causent. Sur un ton comminatoire, il a été demandé à IBK de rentrer éteindre le feu au pays.

On comprend mieux pourquoi le même soir de son retour, il fait appeler l’imam Dicko pour une rencontre le même soir, pour lui proposer des portefeuilles ministériels. Une façon de prouver à Macron et aux autres qu’il a bien compris leurs injonctions. On connaît la réponse de l’imam à cette offre biaisée à une crise politique globale, mais qui résume bien l’esprit de la gestion IBK : jamais de solutions aux problèmes, mais de l’argent et des privilèges pour acheter la quiétude.

Le président a-t-il à peine fini d’essuyer le refus de Mahmoud Dicko que sa case menace de prendre feu quand le scandale des vidéos de « la brève apparition » aux Îles Baléares du président de la commission défense de l’Assemblée nationale, qui se trouve être son fils, enflamme les réseaux sociaux.

Le regain de dynamisme subite (après un long sommeil) pour rencontrer une deuxième fois Mahmoud Dicko, puis les familles fondatrices, la majorité présidentielle et enfin le Mouvement du 05 juin, ne vise-t-il pas aussi, par-delà son caractère important, à focaliser les regards et le débat public sur la sortie de crise et reléguer au second plan le choc des images des vacances à zéro centime pour le contribuable malien ?

Comme le dit bien à propos l’adage : « Qu’importe le flacon, pourvu qu’il y ait l’ivresse ! ». A coup sûr, l’avenir de notre pays est la chose la plus essentielle, mais il sera d’autant plus radieux s’il s’accompagne de vertus à tous les niveaux.

Bakary Diarra

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