Le sommet extraordinaire de la Communauté Sahélo Saharienne (CEN SAD) tenu le weekend dernier à N’Ndjamena au Tchad, a abouti à l’adoption d’une nouvelle charte pour corriger les lacunes de l’organisation. La guerre contre le terrorisme au nord du Mali a aussi occupé une large place dans les débats.
La nouvelle charte de la CEN SAD est articulée autour de deux missions principales. À savoir : mettre en place un conseil permanent de paix et de sécurité et d’un conseil permanent de développement durable. Beaucoup de discussions ont été faites sur le volet sécurité qui préoccupe en ce moment les 28 pays membres de l’organisation. Son but est de préserver la région contre les terroristes et autres menaces.
Dans son discours, le président en exercice de la CEN SAD a reconnu que le bilan est négatif après 12 ans d’existence et qu’une refondation est nécessaire. Faisant allusion à ce qui se passe au nord du Mali, il a dit que les Etats du sahel doivent se doter de moyens pour assurer leur propre sécurité. Selon lui, le terrorisme est en train de s’installer dans leur zone comme un cancer qui se gangrène au quotidien. Il a demandé une activation rapide de la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA) affirmant que le Tchad a joué son rôle en fournissant le plus grand nombre de contingents. Il a également félicité le président français François Hollande pour son appui à l’opération Serval.
Par ailleurs, la CEN SAD a décidé de débloquer 500 millions de dollars pour la MISMA. En ce qui concerne le volet développement durable, il consiste à apporter de l’aide aux différents pays membres de l’organisation en matière de lutte contre la sécheresse, la désertification, la pauvreté, les drames naturels etc. Précisant qu’il est temps que la CEN SAD se relève de son long sommeil pour faire face aux défis. La bande Sahélo Saharienne a toujours été un passage ou un refuge pour des rebelles, trafiquants de tous genres et terroristes. Depuis l’indépendance, les Etats africains de cette bande s’étendant de la frontière soudano-tchadienne au nord du Mali, connaissent des remous.
On n’arrive pas à trouver des moyens nécessaires pour la sécuriser. Seule l’influence de feu Mouammar Kadhafi créait un semblant de stabilité. Ainsi en 2010, l’ancien président malien Amadou Toumani Touré (ATT) avait demandé une synergie pour contrer l’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) qui s’enracinait entre le Mali et l’Algérie. Malheureusement après quelques réunions boudées par certains chefs d’Etat de la bande Sahélo Saharien, ce projet a été foulé aux pieds. Mais lorsque l’ancien président français Nicolas Sarkozy a promis de financer des formations pour lutter contre le terrorisme, les chefs d’Etat ont commencé à s’y intéresser de façon timide.
Les fonds ont-ils été donnés? Comment ont-ils été utilisés? Les différentes formations ont-elles été à hauteur des prévisions? En tout cas, il n’y a pas eu de résultat sur le terrain. Car ces derniers mois, les jihadistes ont fait une démonstration de force dans le sahel en commençant par le Mali. Seule l’intervention militaire rapide de la France a pu les freiner. Il est plus que jamais nécessaire pour les Etats membres de la CEN SAD de renforcer la cohésion et de travailler ensemble pour relever les défis.
Issa Santara