De véritables « prédateurs » qui tournent dans les girons du pouvoir. Un beau parleur le matin et monteur sur Koulouba la nuit. En faisant le bilan de la société civile à travers notre démocratie qui n’a que 20 ans, nous sommes en mesure de nous poser des questions comme la présence à la tête de la CENI d’un homme de la société civile. C’est une loi de la jungle: tout change, tout bouge, rien n’est fixe.
La démocratie et la séparation des pouvoirs. Quelle belle symphonie serait la démocratie si chaque institution, à sa place, jouait sa partition! Mais la collusion des intérêts, la collision des ambitions favorisent des interférences, provoquent des conflits, confondent les espaces des différents pouvoirs. Cela avilit assez la démocratie pour la réduire, à la fin, à un système maffieux dans lequel les représentants du peuple n’ont de cesse de comploter contre le peuple. La réalité est tout autre avec cette société civile qui n’a de flair que pour de l’argent. En vingt ans de démocratie, la politique n’a pu se figer dans une raideur cadavérique, tant dans les mentalités, le mouvement des idées que dans les pratiques des acteurs.
Personne ne peut soutenir que la politique, au Mali, n’a pas bougé d’un iota. L’homme de la société civile doit se mettre à l’écart de ses hommes politiciens mais tout en ayant un droit de regard. Un peu comme l’arbre qui cache la forêt. On garde les yeux rivés sur cet arbre et on oublie la forêt grouillante, foisonnante de signes avant-coureurs des changements en cours et à venir. C’est d’abord la conception selon laquelle la politique est une mangeoire. On s’y engage pour se servir, prendre sa part du gâteau, échapper aux rigueurs de la vie, se mettre à l’abri du besoin et de la pénurie.
Dans un environnement relativement pauvre, la politique est ainsi vue comme une planche de salut, la main secourable et magique du destin. C’est la clé qui donne accès à l’argent public. On sert alors à volonté et à la louche. Il y a l’émergence de nouvelles forces sociales dont l’action est déterminante pour l’avenir. Par rapport à quoi une société civile dynamique et organisée est et reste, dans une société comme la nôtre, un accélérateur de changement, un levier de progrès. Pour peu que ses membres restent sincères, aient de la suite dans les idées, tiennent le cap.
Destin GNIMADI