Le règne sans partage exercé par les forces politiques du bloc de l’Ensemble pour le Mali (EPM), depuis l’arrivée au pouvoir d’IBK, tire inexorablement à sa fin. Les conflits de leadership, de frustrations entre barons de ce regroupement s’apparentent à un cyclone emportant tout sur son passage.
Ce vent annonce sans coup férir un remodelage de la scène politique. Il constitue surtout une brèche ouverte pour une opposition, qui a longtemps aspiré à une alternance au pouvoir. Les différents scrutins organisés depuis 1993 ont été tous remportés par le Rassemblement pour le Mali (RPM) et ses alliés de la majorité que sont l’Adema/PASJ, l’Asma, la Codem et bien d’autres, des partis qui constituent la majorité écrasante au sein de l’Assemblée nationale, réduisant les partis d’opposition à une portion congrue, voire symbolique au sein de ce cette chambre.
Les premiers coups de semonce qui annonçaient en fait leur descente aux enfers ont retenti depuis le début du mois de mai avec la formation du gouvernement du Dr Boubou Cissé. Un gouvernement au sein duquel beaucoup de leaders de la majorité présidentielle, espéraient avoir un portefeuille pour se donner une santé financière. Sans oublier que le président du RPM, qui convoitait depuis un bon moment les clés de la Primature, a été une fois encore écarté. Commence alors une dissension interne au sein du bloc EPM, juste pour saper les efforts de l’actuel gouvernement.
Des déclarations aussi fracassantes qu’incendiaires donneront la preuve qu’une guerre sans merci est désormais déclarée. Le coup de grâce sera porté par la création tout azimut d’un nouveau pôle politique, Action républicaine pour le progrès (ARP) de Tiéman Hubert Coulibaly et les rencontres interminables entre les leaders politiques.
Ainsi, l’alliance présidentielle, qui faisait feu de tout bois, est en train d sombrer dans le chaos. Signe que la fin d’une époque et l’avènement d’une autre où les partis d’opposition ont longtemps vécu en marge des grandes décisions qui ont engagé l’avenir du pays, est en train de se dessiner. Tout comme ils n’ont pu peser ni sur les orientations politiques et économiques engagées par un système dont le mode de gouvernance a mené le pays vers une crise financière dévastatrice et une impasse politique inédite provoquée par les tueries en cascade surtout dans le centre du pays.
Une opportunité qui, paradoxalement, s’offre à ces formations politiques marginalisées de redoubler d’imagination pour sortir de cet imbroglio, faire des propositions de sortie de crise qui permettraient au pays de demeurer debout sans en payer le prix fort. Des initiatives qui doivent dessiner les contours du Mali de demain où les compétitions électorales se tiendront dans un environnement sain et démocratique. La conjoncture y est propice et historique. L’opposition la saisira-t-elle ? La question est posée. Ce qui est certain c’est que les conditions sont réunies pour qu’elle sorte de sa léthargie…
Paul N’GUESSAN