Une récente sortie du Président de la République par intérim, Dioncounda Traoré, a provoqué la colère du Président du Rassemblement pour le Mali (RPM), Ibrahim Boubacar Kéita. Il n’est pas du tout d’accord avec le passage en force que celui-ci veut faire en envoyant la feuille de route du Gouvernement devant l’Assemblée nationale et l’a fait savoir au cours d’une conférence de presse, le jeudi 3 janvier dernier à sa résidence, occasion de partager son analyse sur la situation sociopolitique et sécuritaire de notre pays. Voici l’intégralité de ses propos liminaires.
Le Mali, notre pays, connaît la crise la plus grave depuis son accession à la souveraineté internationale. Il s’agit là d’une crise multidimensionnelle, qui touche tous les segments de notre société. La dimension la plus grave de cette crise, c’est la partition de notre pays, dont les trois régions du Nord se trouvent sous l’occupation de groupes armés terroristes et criminels qui humilient quotidiennement nos concitoyens.
Plus de 400 000 de nos concitoyens ont dû fuir les trois régions du Nord: plus de 250 000 sont réfugiés dans les pays voisins: Algérie, Mauritanie, Burkina Faso, Niger… Le pays connaît une crise économique et financière aiguë, du fait de la suspension de l’aide internationale et de la réduction du niveau de coopération avec les partenaires bilatéraux et internationaux.
La situation actuelle du Mali devrait inciter chacun des acteurs que nous sommes à se hisser à hauteur souhaitable et attendue. Ce temps ne saurait, en aucun cas, être celui des petits jeux et des calculs de positionnement politicien. Dès l’abord, nous avons tâché de privilégier, dans toutes nos prises de position et déclarations, ce qui nous semblait le plus conforme aux seuls intérêts de la Patrie en difficulté.
Jamais nous n’avons essayé de tirer les marrons du feu. Nous avons choisi d’accompagner, de faire confiance, même lorsque nous avions déjà été avertis par le passé le plus proche. Aujourd’hui, hélas, aucun doute n’est plus permis. Il appartient dès lors aux forces réellement patriotiques et de progrès qui ne songent qu’au Mali, de s’unir, de se donner la main, pour faire échec à la tentative grossière de restauration dans tous les domaines, à laquelle, hélas, nous assistons.
Un négationnisme insultant que nous croyions remisé, se fait flamboyant. «Durant deux décennies, le Mali aurait été une démocratie exemplaire». Chacun appréciera. Dès lors, pourquoi la gestion d’un tel pays modèle, envié même par les plus vieilles démocraties, pouvait conduire certains analystes politiques avisés à craindre l’éventualité d’un coup d’Etat? Non, simplement reconnaître la vérité vécue par les Maliens pourrait conduire à des conclusions dangereuses pour beaucoup. Or il demeure que seule la vérité est fondatrice de renouveau. Nul ne peut construire, mettre un terme à une tragédie nationale en se voilant la face. Le Mali sait, les Maliens savent. C’est l’essentiel.
En tant que démocrate sincère, nous avons jugé les événements du 22 mars 2012. Pour autant, il ne saurait être question pour nous de justifier ou taire les errements qui nous y ont conduits et mis une grande partie de notre peuple sous un joug exécrable. Ces populations du Nord, aujourd’hui asservies, ont besoin d’être rapidement libérées. En prend‑on le chemin en se perdant dans des jeux de reconquête sournoise d’un pouvoir, d’une manière de gérer désormais honnis par le Peuple du Mali?
Attention. Encore une fois, ne jouons pas avec la sensibilité d’un peuple déjà meurtri, bafoué. Nul ne peut et ne doit décider en lieu et place du Mali. Oui aux négociations, oui au dialogue, mais sous autorité malienne, sous l’égide de ceux en charge légale aujourd’hui de gérer la transition au Mali, avec l’appui possible de facilitateurs dûment accrédités. Il ne s’agit point d’un souverainisme hors de saison, mais d’une question de principe universel. Le gouvernement du Mali est et demeure le seul qualifié, sous l’égide du Président, à entreprendre toute action au nom de notre République. Les ministres de l’Administration territoriale et de la Défense nationale sont, dans le cas d’espèce, les seuls réellement compétents et à mettre en mission.
Quant à la question de l’opportunité d’une offensive, elle doit revenir entièrement aux autorités en charge de la Défense, sans oublier que nous avons décidé de nous faire accompagner par la communauté internationale, dont l’appui logistique, aérien et politique reste indispensable.
En ce qui concerne la question des élections, chacun voit bien que certains sont plus préoccupés d’eux‑mêmes que de trouver les voies réelles et consensuelles de sortie de crise. Pourquoi, dès l’abord, certains, rejoints depuis par beaucoup, ont estimé que c’était là presque une question préalable: la fiabilité et la solidité de la conduite d’une transition de toutes façons inévitable.
Les récents comportements et décisions nous font craindre de nouveau le pire. Qu’à Dieu ne plaise!
La CEDEAO qui nous a jusqu’ici pilotés, a fixé à un an la durée de la Transition. Pour tous nos partenaires, bilatéraux et multilatéraux, Avril ‑ Mai 2013 doit consacrer la fin de la Transition, après la tenue d’élections, notamment, présidentielle. En prend‑on le chemin? Est‑ce possible techniquement? Quoi après cette échéance? Va‑t‑on vers encore vers une nouvelle polémique et les convulsions inhérentes? Autant de questions que l’on est en droit de se poser.
Aujourd’hui, comme hier, nous estimons, conformément à l’Accord‑cadre, qu’il est nécessaire et incontournable de réunir les forces vives de la Nation, sous l’égide de ceux en charge de la Transition, notamment, le Président. Aujourd’hui, des malices et des jeux qui se veulent subtils voudraient une fois encore nous conduire vers l’indéfendable. Nous tirons la sonnette d’alarme.
Maintenons les engagements initiaux! C’est l’intérêt de chacun, de tous, et surtout du Mali. Tenir les engagements n’est pas et ne saurait être une question d’orgueil. C’est avant tout une question d’honneur et de crédit.
Chers amis de la Presse, voilà, brièvement les points de vue du RPM que je souhaitais livrer à votre sagacité. Seul le Mali a compté et comptera toujours pour nous. Je souhaite à notre Pays, à chacune de vos rédactions et à vous‑mêmes une bonne et heureuse année. Une année qui soit celui d’un Mali réconcilié avec lui-même, au seul bénéfice de tous ses enfants.
Pour nos parents vivant dans le Nord, et dont la vie et devenue un enfer quotidien, je voudrais leur renouveler toute ma sympathie et toute ma solidarité, en les assurant que nous ne baisserons jamais les bras devant le sort injuste et cruel qui leur est fait.
Quelles que soient les embûches, nous ne reculerons pas pour qu’ils restent le souci primordial et leur libération la tâche la plus pressante et la plus noble. Qu’Allah sauve le Mali! Vive le Mali éternel! Bonne et heureuse année de reconquête de notre bonheur collectif.
IBK ça suffit, arrêtez de nous prendre la tête. Y’en à marre. Vous avez assez manœuvré pour revenir sur le devant de la transition, ça ne marche pas. À trop faire, vous vous enlevez tout crédit.
“La CEDEAO qui nous a jusqu’ici pilotés, a fixé à un an la durée de la Transition. Pour tous nos partenaires, bilatéraux et multilatéraux, Avril ‑ Mai 2013 doit consacrer la fin de la Transition, après la tenue d’élections, notamment, présidentielle. En prend‑on le chemin? Est‑ce possible techniquement? Quoi après cette échéance? Va‑t‑on vers encore vers une nouvelle polémique et les convulsions inhérentes? Autant de questions que l’on est en droit de se poser.
……Aujourd’hui, comme hier, nous estimons, conformément à l’Accord‑cadre, qu’il est nécessaire et incontournable de réunir les forces vives de la Nation, sous l’égide de ceux en charge de la Transition, notamment, le Président. Aujourd’hui, des malices et des jeux qui se veulent subtils voudraient une fois encore nous conduire vers l’indéfendable. Nous tirons la sonnette d’alarme”
Eh!que voilà. Au moment que les islamistes progressent vers Bamako via Mopti les vautours se préoccupent déjà de la succession de Dioncounda.
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