Situation socio-politique au Mali : Le gouvernement Mara joue son va-tout !

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Gouvernement Mara - innovationLe moins que l’on puisse dire, c’est  que les Maliens sont loin de voir le bout du tunnel. L’espoir suscité par l’élection d’IBK est en train de faire place au désespoir. Pour preuve, les revendications tues par les centrales syndicales depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012 à ce jour sortent des placards, ne trouvent pas preneur. Le gouvernement se cache derrière la situation au nord du pays pour esquiver les doléances présentées par l’UNTM. A celles-ci s’ajoutent la récente révolte des importateurs qui rechignent à s’acquitter normalement de leurs devoirs fiscaux à payer à la porte. La liste du malaise n’est pas exhaustive. Et  les Maliens peinent à voir leurs conditions de vie changer. Le gouvernement dirigé par Moussa Mara, qui est appelé à répondre à la double crise économique et sociale et de confiance, a-t-il le ressort nécessaire pour amortir le choc social en attente ? Ou donnera t-il raison à l’opposition, qui ne rate pas d’occasion pour tirer à  boulet rouge sur son gouvernement, dont  certains membres ont déjà montré leurs limites ?

Où va le Mali ? Se demandent certains, estimant que depuis l’arrivée d’IBK au pouvoir, chaque jour apporte son lot de frustrations à tel point que les Maliens ne savent plus où mettre la tête.

Même les plus optimistes commencent à perdre le contrôle de leur nerf faute de lisibilité dans les actions du gouvernement. Le jeune Premier ministre, Moussa Mara, qui a foi à son intelligence et son énergie pour conduire avec brio le programme gouvernemental au gré des intérêts collectifs est confronté à des ambitions individuelles freinant la cohésion au sein de l’équipe, une recette nécessaire à l’atteinte des objectifs fixés.  Il faut reconnaître que depuis son installation, le 04 septembre 2013, le régime  d’IBK peine encore à trouver ses marques.

Depuis un an, il est sous les projecteurs des affaires à scandales : Affaire de marché de gré à gré à la présidence, main mise de la famille présidentielle sur les affaires publiques, achat de l’avion présidentiel dans des conditions opaques, la signature d’un contrat de fourniture de matériels aux FAMa, portant sur  environ 70 milliards de francs CFA dans des conditions obscures, etc.  Cette série de scandales a suscité le courroux des partenaires techniques et financiers (La Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International) déterminés à tirer ces ténébreuses affaires au clair. Faute d’explications convaincantes ces deux institutions financières ont décidé d’infliger une punition qui ne dit pas son nom à notre pays. L’asphyxie financière a entraîné une récession de l’économie.

Ainsi, depuis quelques mois, le Mali ne compte que sur ses services des assiettes pour faire tourner son économie. La bonne volonté et les nombreux va-et-vient de la ministre de l’Economie et des Finances, Mme Bouaré Fily Sissoko, n’a rien changé à la donne.

Le front social en ébullition 

Longtemps restées dans un silence qui ne leur est pas habituel à cause de la situation sociopolitique que traversait le pays (crise du nord, coup d’Etat du 22 mars, transition…), les syndicats commencent à sortir de leurs gonds.

Le bal a été ouvert par l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) qui avait  mis sur la table un préavis de grève de 48 heures concernant 17 points de revendications.

Il s’agit entre autres du relèvement significatif du taux de la valeur du point d’indice, la diminution du taux d’indices de l’impôt sur les traitements  et salaires(ITS), le relèvement du Salaire Minimum inter-entreprise garanti (SMIG), l’augmentation du taux des allocations familiales. Sans oublier, la modernisation et la sécurisation de l’administration générale, la lecture de la convention des chauffeurs routiers, la révision à la hausse du salaire au niveau des EPA et EPIC, la baisse des loyers des maisons à usage d’habitation, la baisse des tarifs d’eau et d’électricité, le maintien et le renforcement de l’Usine Malienne de Produits Pharmaceutiques (UMPP), la maitrise des prix des produits de première nécessité…

La grève qui était évitable n’a pu l’être car les deux parties ne se sont pas entendues sur les points cruciaux qui se résument à 5 points. Selon le secrétaire général adjoint de la centrale, Mahamoud Ben Kattra, lors du débat contradictoire avec le ministre du Travail, de la Fonction publique et des Relations avec les institutions, Bocar Moussa Diarra, sur les écrans de l’ORTM, les 12 points convenus sont plutôt d’ordre politique que pécuniaire. Or, ce qui intéressait l’UNTM, c’est plutôt les discussions sur les points cités dessus.

Et au lieu de poser le vrai débat pour trouver la solution, le ministre s’est retranché derrière la situation au nord du Mali, comme s’il veut prendre les Maliens comme des bambins. Selon lui, le préavis de grève intervient à un moment où le pays sort d’une crise profonde et multiforme qui a menacé les fondements mêmes de son existence. Et que le gouvernement est occupé à mettre en œuvre les 16 points d’accord du procès-verbal de conciliation du 2 octobre 2011 dont l’incidence financière a entraîné une dépense supplémentaire estimée à environ 17 milliards FCFA prise en charge par le budget national, exercice 2014. Il a ainsi renvoyé la balle dans le camp de la centrale syndicale et ses dirigeants qu’il traite d’avoir montré leur mauvaise foi lors des négociations.

Contrairement à lui, un leader syndical rencontré à la bourse du Travail témoigne : « nous avons, durant plus de deux ans tu nos revendications à cause de la situation que traversait  le pays. Vu tout ce qui se passe au sommet de l’Etat en termes de dépenses, nous avons estimé qu’il est temps que nous fassions nos revendications qui ne sont d’ailleurs pas irréalistes car le pays a les moyens de les réaliser. ».

Un  autre syndicaliste d’ajouter : « Ce qui a surtout irrité nos militants, ce sont les dépenses extrabudgétaires  que le pouvoir en place fait sur le dos des populations comme l’achat de l’avion présidentiel».

Cette grève qui a tenu toutes ses promesses car très bien suivie par les travailleurs, est un signal fort de la profonde déception des travailleurs en particuliers et des populations en général. Car, la totalité des points de revendications sont jugés légitimes par l’opinion nationale en comparaison avec d’autres pays de sous-région.

Après le succès franc de  cette première grève de 48heures de l’UNTM (les 21 et 22 aout dernier), la centrale projette de récidiver au cas, elle n’aura pas satisfaction. En outre les commerçants détaillants projetaient d’emboîter le pas aux travailleurs. Mais un compromis a été trouvé de justesse entre le gouvernement et la Chambre de Commence et d’Industrie du Mali (CCIM).  Le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, s’est lui aussi investi personnellement dans la recherche de solutions. C’est dans ce cadre, qu’il a rencontré les différentes centrales durant la semaine. Une initiative pour contribuer à désamorcer la bombe sociale. Une bouffée d’oxygène pour le gouvernement qui a semblé été dépassé par les évènements.

Moussa Mara qui joue son va-tout se doit d’apaiser le front social et ramener la confiance chez les Maliens qui commencent à perdre espoir de voir le changement tant promis se réaliser.

Georges Diarra

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