L’espoir, né à la chute du général Moussa Traoré en mars 1991, est loin de combler les attentes. En effet, les pseudo- démocrates, élus au nom du peuple, n’ont pas tardé à afficher leur vrai visage : celui de prédateur. Le premier président dit démocratiquement élu s’est montré un pire voleur des ressources de l’Etat, son successeur a cassé les ressorts de l’Etat de droit pour asseoir son omniprésence, un véritable culte de la personnalité. Ainsi va le Mali, vingt ans après la conquête de la liberté.
En un laps de temps, les gens qui critiquaient les pratiques d’enrichissement illicite du parti unique se sont vite montrés dangereux pour la cohésion de notre société et la stabilité de notre pays, le tout tourné vers la course effrénée d’accaparement des fonds de l’Etat.
Pour arriver à leur fin, de nouveaux textes ont vu le jour et certains anciens ont été modifiés dans le seul souci de piller en bandes organisées les ressources de l’Etat par l’attribution de marchés publics par gré à gré et surtout par une distribution incontrôlée des exonérations.
Ces nouvelles méthodes ont permis à Alpha Oumar Konaré, président du Mali de 1992 à 2002, de faciliter l’émergence d’un groupe de 21 milliardaires dont plusieurs fonctionnaires, foulant ainsi au pied tout l’esprit de la Révolution de mars 1991. Ce retour à l’ordre ancien n’a pas surpris certains observateurs avertis qui considèrent Alpha comme un pur produit du système Moussa Traoré, renforcé par l’influence exercée par le «clan CMDT». On se rappelle qu’il fut l’une des éminences grises de l’élaboration des textes de l’UDPM.
C’est dans ces conditions de corruption généralisée, de malversation et de gabegie que le général Amadou Toumani Touré (ATT) succéda à Alpha en 2002.
Elu indépendant, il suscitait un autre espoir, malgré son passage peu glorieux à la tête de l’Etat entre 1991- 1992. Mais très vite, l’enthousiasme qui avait accompagné son arrivée au pouvoir s’est envolé comme une bulle de savon.
Les fondements des institutions, piliers de l’Etat de droit sur lesquels il pouvait s’appuyer pour bâtir une vraie démocratie, ont été les premiers à s’effriter. Pour arriver à ses fins, il conduira toute la classe politique dans une logique de compromission avec comme conséquence une asphyxie économique.
La corruption prendra une ampleur jamais égalée, l’insécurité dans les villes et campagnes, la cherté de la vie, le chômage, la spéculation foncière, l’endettement, l’état peu reluisant de l’école sont entre autres maux qui sans nul doute se sont accentués.
A l’opposée, certains retiendront la réalisation d’infrastructures entre autres ponts, routes, écoles, échangeur multiple, hôpitaux, etc. Mais, il faut rappeler à ces gens que derrière ces réalisations, se cache la grande corruption dans la mesure où aucune règle de transparence n’a accompagné l’attribution des différents marchés.
Ainsi, ATT aussi va laisser à son successeur un pays économiquement affaibli et très endetté, un peuple déconcerté, une jeunesse désabusée n’ayant plus le goût de l’effort et une administration gangrenée par la corruption.
Yoro SOW