A l’issue de leur réunion du 7 juillet 2012 à Ouagadougou, les chefs d’Etat du groupe de contact de la CEDEAO sur la crise malienne ont annoncé une batterie de mesures visant à assurer une gestion efficiente de la situation à Bamako et au nord du Mali.
Les mesures annoncées portent entre autres sur la consolidation de l’ordre constitutionnel ; la gestion de la crise au nord du Mali et sur la recherche de l’apaisement et de la confiance entre acteurs. Sur la consolidation de l’ordre constitutionnel, le groupe de contact a exprimé son soutien à la demande des forces vives relative à la formation d’un gouvernement d’union nationale chargé de la mise en œuvre d’une feuille de route de sortie de crise. Ce gouvernement selon le communiqué final doit être formé avant le 31 juillet 2012 et sur la base de consultations. En outre, les chefs d’Etat membres du groupe de contact exigent du gouvernement malien la lumière sur l’agression physique contre le président de la transition Dioncounda Traoré et des poursuites contre les auteurs de cette agression.
S’agissant de la gestion de la crise au nord du Mali, les chefs d’Etats ont invité le pouvoir de Bamako à établir une coopération dynamique et soutenue avec la CEDEAO, l’Union africaine et l’Organisation des Nations Unies en vue d’une gestion efficace de la crise. Pour ce faire, le président Dioncounda Traoré est exhorté à adresser sans délai une requête à la CEDEAO et à l’ONU en vue du déploiement d’une force de la CEDEAO pour soutenir l’Armée malienne dans sa mission régalienne de défense du territoire national.
En ce qui concerne la recherche de l’apaisement et de la confiance entre acteurs de la crise, des mesures ont également été annoncées. « Le groupe de contact sur le Mali lance un appel pressant à toutes les parties prenantes à la crise malienne pour un arrêt complet des hostilités avant le début du mois de Ramadan. Il appelle les mouvements armés occupant le nord du Mali à mettre fin immédiatement à la destruction des monuments historiques de Tombouctou et invitent la communauté internationale à créer un fonds spécial destiné à la restauration et à la préservation de ces monuments qui sont classés dans le patrimoine mondial des bien culturels. Il demande la libération de toutes les personnes arbitrairement détenues.
Il demande en outre à la Cour pénale internationale (CPI) de procéder aux investigations nécessaires à l’identification des auteurs de crime de guerre et à engager les poursuites nécessaires à leur encontre ». Par ailleurs, le gouvernement malien a été invité à prendre les dispositions utiles pour renforcer sa coopération avec l’ensemble des partenaires techniques et financiers du Mali, afin de préserver le tissu économique du pays et de répondre aux besoins fondamentaux des populations maliennes sans exclusives.
On l’aura compris, le groupe de contact tout étant pour la négociation pour une sortie de crise au Mali n’exclut pas le recours à la force pour restaurer la paix dans le pays. ‘’Les Chefs d’Etat membres du groupe de contact rappellent que tous ceux qui s’opposent au bon déroulement de la transition et aux décisions de la CEDEAO s’exposent à des sanctions individuelles ou collectives’’, mentionne le communiqué final. Le groupe, à l’analyse des mesures prises, ménage la chèvre et le chou.
Selon le médiateur de la CEDEAO, Blaise Compaoré, les résultats de la réunion de Ouagadougou constituent les « fruits d’une synergie d’action » entre les Chefs d’Etat du groupe de contact et les parties prenantes du Mali. Et de saluer l’esprit d’ouverture, de compréhension et de dépassement des vues partisanes, qui a permis de placer les intérêts supérieurs du Mali au dessus de toute autre considération. En effet, la plupart des structures représentées à la rencontre de Ouaga ne voulaient plus, en tout cas à entendre leurs responsables, du gouvernement Cheick Modibo Diarra qui ne ferait plus l’affaire du Mali.
Le gouvernement est accusé de toutes parts de ne rien faire depuis son installation pour sortir le pays de la crise et d’être toujours manipulé par les hommes de l’ex-junte. Dans la logique des tenants de cette thèse, il fallait absolument un nouveau gouvernement. S’ils n’ont été totalement suivis dans leur logique par le groupe de contact, ils ont été quand même écoutés puisque la formation d’un gouvernement d’union nationale est annoncée pour d’ici fin juillet 2012.
L’actuel Premier ministre malien sera-t-il mis en touche dans ce futur gouvernement ? Sur la question, le médiateur Compaoré a préféré botter en touche, indiquant que c’est aux acteurs maliens de décider du contour du futur exécutif. En attendant d’être situé là-dessus, l’on remarque à travers les mesures annoncées que le président de la transition est remis au centre du jeu du pouvoir tout étant fait pour qu’il recouvre la plénitude de ses attributs de Chef de l’Etat au détriment du Premier ministre Diarra à qui ces attributs de président avaient été conférés au lendemain de l’agression du président Dioncounda. Bref, quelle qu’en soit la configuration que prendra le prochain exécutif, pour leur part les représentants des forces vives maliennes à la rencontre de Ouaga ne cachaient pas leur optimisme quant à la suite heureuse du processus de sortie de crise dans leur pays et se disent disposés à jouer leur partition.
« Nous y croyons, raison pour laquelle nous sommes ici. Sinon, on ne serait pas venu », confie Ibrahima N’Diagne, premier vice-président de l’Alliance pour la démocratie au Mali, Parti africain pour la solidarité et la justice (DEMA/PASJ). « Nous avons espoir », a renchéri pour sa part Nana Sissoko Traoré de l’Alliance des femmes pour un Mali uni. Reste maintenant à savoir les réactions des forces vives restées à Bamako et celles des acteurs du Nord du Mali qui n’ont pas été de la réunion de Ouagadougou.
Grégoire B. BAZIE
Lefaso.net – lundi 9 juillet 2012
Les à-côtés du Sommet
Deux élus du nord Mali persona non grata
Mohamed Ould Mataly et Azaz Ag Loudag Dag, 4e vice-président du Haut Conseil des Collectivités territoriales (HCCT) sont deux élus de la région de Gao, au Nord du Mali. Ayant appris la tenue de la réunion des Chefs d’Etat du groupe de contact de la CEDEAO sur la crise malienne, ils ont fait le déplacement de Ouagadougou pour y prendre part en tant qu’acteurs de la société civile. Ils étaient mêmes dans la salle de conférences de Ouaga 2000 avant le début des travaux. Mais, le problème c’est que la rencontre n’était pas ouverte selon les forces vives maliennes aux rebelles du nord. Pour cette raison, les noms des deux élus de Gao ne faisaient pas partie de la liste des membres des forces vives maliennes invitées.
Aussi ces deux élus étaient-ils considérés comme persona non grata et ont été poliment priés de se retirer avant le début des travaux de la réunion. Ne voulant pas créer un scandale, ils se sont exécutés mais leur réaction n’allait pas attendre. Ils convoquèrent une conférence de presse à l’hôtel Laico pour exprimer leur mécontentement et leur frustration. Ils n’en voulaient pas aux autorités Burkinabè, ni aux structures maliennes de la société civile, mais à des individus qui seraient à l’origine de leur expulsion de la salle. Ils disaient ne pas comprendre leur mise à l’écart parce qu’ils sont légalistes et travaillent pour la République au Nord. Ils disaient aussi ne pas être des islamistes. En outre ils se disaient toujours prêts à apporter leurs contributions à la sortie de crise.
Des Nigériens mécontents
Des membres de la délégation nigérienne ne sont pas passés par quatre Chemins pour exprimer leur mécontentement à la lecture de la première version de la motion de remerciement des forces vives maliennes. Cette première version de la motion de remerciement citait seulement les noms de quatre chefs d’Etat sur six présents à savoir ceux de Yaya Boni du Bénin, de Alassane Dramane Ouattara de la Côte D’Ivoire, de Blaise Compaoré du Burkina Faso et de Jonathan Goodluck du Nigéria. Le nom du président Mahamadou Issoufou du Niger ne figurait pas dans la motion. Il n’en fallait pas plus pour que mes voisins se mettent en colère. « Ce n’est pas normal. Il faut qu’on reconnaisse au moins ce que le Niger fait pour aider le Mali. Nous avons par exemple accueilli 60 000 refugiés maliens dont 500 militaires. Ce n’est quand même pas rien » explique l’un deux.
Finalement dans la lecture de la motion de remerciement, aucun Chef d’Etat n’a été cité. En revanche, dans le communiqué final, le nom du président nigérien a été cité en quatrième position, juste avant celui de son homologue nigérian.
Par GBB
Lefaso.net – lundi 9 juillet 2012
Toutes nos excuses à nos très chères frères Nigériens. Le moments nous est difficile à tel point que les erreurs les plus grossières nous sont probables. Une fois de plus toutes nos excuses.
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